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Brève

Les Pastor : une dynastie immobilière

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Assassinée le 6 mai 2014, Hélène Pastor était issue d’une famille arrivée à Monaco à la fin du XIXe siècle et devenue, en trois générations, l’une des plus en vue de la principauté.

Face aux jurés de la cour d’Assises d’Aix en Provence, ils sont dix à comparaître dans l’affaire de l’assassinat d’Hélène Pastor et de son chauffeur, Mohamed Darwich. Le tribunal examine les responsabilités des uns et des autres dans ce double meurtre perpétré le 6 mai 2014, à la sortie d’un hôpital niçois. Le présumé commanditaire de ce crime sordide est le propre gendre de la milliardaire, l’homme d’affaires Wojciech Janowski. Selon l’accusation, la perspective de voir le vertigineux héritage lui échapper aurait conduit cet homme éminent, actionnaires de sociétés prestigieuses et ancien consul général de Pologne, à commettre cet acte insensé.

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En trois générations, les Pastor ont en effet bâti une fortune colossale dans l’immobilier à Monaco. Si un certain flou demeure sur le montant exact de ce patrimoine, divisé aujourd’hui en trois branches familiales, des chiffres de plusieurs dizaines de milliards d’euros sont généralement évoqués. La famille posséderait toujours entre 3000 et 4000 logements sur le Rocher. Soit, 15% du parc immobilier de ce territoire de 2 km2.

Le fondateur : Jean-Baptiste Pastor

Hélène Pastor était la petite-fille du fondateur de cette dynastie immobilière. Originaire de Ligurie, Jean-Baptiste Pastor est arrivé en 1880 à Monaco. Orphelin de père, il travaille dès l’âge de 13 ans, comme tailleur de pierre, sur les chantiers de la principauté. En 1926, il se lance à son propre compte et créer l’entreprise J.B Pastor & Fils en associant son fils, Gildo. Sa carrière d’entrepreneur en travaux publics est un succès.  En 1936, le prince Louis II le charge de réaliser le premier stade de principauté. Pendant la guerre, la société J.B Pastor & Fils sera également mandatée pour la construction de plusieurs infrastructures publiques.

Mais c’est après la Seconde guerre mondiale que la fortune des Pastor s’envole véritablement. Le fils unique de Jean-Baptiste, Gildo, a repris les rênes de l’entreprise familiale. Profitant du marché d’enfouissement de la voie ferrée qui traverse Monaco, il achète à bas prix l’essentiel des terrains du front de mer, avenue princesse de Grace, dans le futur quartier du Larvotto. Rainier III, le « prince bâtisseur », l’encourage dans son projet d’y implanter des immeubles résidentiels. C’est la poule aux œufs d’or : la fortune familiale explose grâce aux revenus locatifs de ces logements, de plus en plus prisés, avec vue sur le port de Monte-Carlo.

Gildo Pastor établi la position familiale

Quand il meurt en 1990, Gildo a définitivement établi la position de son clan parmi les familles les plus en vue de la principauté. Voire mieux encore, puisqu’elle est parfois surnommée « l’autre famille princière de Monaco »… Ses trois enfants, Victor (1936-2002), Hélène (1937-2014) et Michel (1943-2014) se partagent l’héritage : 500 000 mètres carrés d’appartements, d’une valeur d’environ dix-neuf milliards d’euros. Surtout, ils n’oublient pas le commandement paternel, qui est devenu une sorte de devise familiale : ne jamais vendre… Et user de loyers, devenus faramineux, pour continuer à investir.

Parmi les enfants de Gildo, Michel est celui qui fera le plus parler de lui. A ses activités, héritées, de promoteur immobilier, qu’il étend à toute la Côte d’Azur, il ajoute l’édition, avec la société Edimo. Il rachète également les épiceries de luxe Hédiard. Président de l’AS Monaco pendant quatre ans, il fut aussi un grand collectionneur d’art et pris des parts dans la société de ventes aux enchères Artcurial. A sa mort, à l’âge de 70 ans, il lègue une fortune estimée à 30 milliards d’euros à ses cinq enfants. L’une de ses filles, Alexandra, épouse le chanteur David Hallyday, en 2005.

Sylvia Ratkowski-Pastor, héritière trahie

Plus discrète que son frère, Hélène a hérité d’un parc d’immeubles de grand standing dont la plupart se situent sur l’avenue Princesse-Grace, avec vue sur la mer. Jusqu’à son assassinat, en 2014, elle n’a jamais cessé de le gérer par l’intermédiaire de sa société, Hélène Pastor-Pallanca, du nom de son deuxième mari, Claude Pallanca. Sa fortune, évaluée à plus de 12 milliards d’euros, a été léguée à ses deux enfants, Gildo et Sylvia.

Le premier a fait carrière dans l’automobile et dirige notamment Venturi Automobile, un constructeur français spécialisé dans les voitures électriques. La seconde participait avec sa mère à la gestion de la société immobilière familiale.

Tôt accusé du meurtre, Wojciech Janowski, son compagnon, père d’une de ses deux filles, reconnaît d’abord les faits avant de se rétracter. Mais le procès d’Aix-en-Provence dévoile la face sombre d’un homme qui aurait manipulé sa compagne à plusieurs reprises, lui soutirant en particulier une partie de la pension de 500 000 euros qu’Hèlene lui versait chaque mois. Selon l’accusation, il a conçu dans les moindres détails, financé et commandité l’assassinat de sa belle-mère. Devant la cour, l’héritière trahie a témoigné : « J’ai perdu ma mère, j’ai perdu l’homme de ma vie, j’attends la vérité »