Accord trouvé sur le budget rectificatif : le Gouvernement retire les 20 millions du CTVD

Après la conférence de presse du Conseil National de Monaco, le Ministre d’État Christophe Mirmand a annoncé dans la soirée le retrait du projet controversé et le dépôt d’un nouveau budget rectificatif la semaine prochaine.
Un dialogue institutionnel restauré
L’impasse budgétaire qui menaçait depuis le matin du 19 septembre a trouvé son dénouement dans la soirée. Suite à la conférence de presse du Conseil National où les élus avaient menacé de rejeter le budget rectificatif 2025, le Ministre d’État Christophe Mirmand a informé l’Assemblée qu’il procéderait au retrait du projet de loi controversé.
Le Gouvernement Princier s’est engagé à déposer un nouveau projet de budget rectificatif en début de semaine prochaine, avec la promesse ferme d’affecter les 20 millions d’euros litigieux sur une autre ligne budgétaire que celle du Centre de Traitement et de Valorisation des Déchets (CTVD).
Retour sur une journée de tensions
Pour comprendre ce revirement, il faut revenir sur la matinée mouvementée. Lors de sa conférence de presse de rentrée, le président Thomas Brezzo, entouré de nombreux élus, avait exprimé un mécontentement sans équivoque concernant la gestion du dossier CTVD.
Le point de friction concernait l’inscription d’une somme de 20 millions d’euros sur la ligne des dépenses liées au CTVD dans le deuxième budget rectificatif, déposé début septembre. Cette décision était d’autant plus mal perçue que 180 millions d’euros avaient déjà été provisionnés pour ce projet, et que le projet Symbiose avait été officiellement abandonné après avoir englouti près de 100 millions d’euros.
Les élus avaient dénoncé ce qu’ils percevaient comme une « provocation », d’autant plus que le Conseil national avait alerté dès juin 2025 sur la nécessité d’être pleinement informé sur ce dossier d’envergure et d’explorer toutes les solutions envisageables.
Un historique complexe
Le dossier du CTVD traîne depuis des années une réputation sulfureuse. Le projet Symbiose, censé moderniser le traitement des déchets monégasques, a vu ses coûts exploser avant d’être finalement abandonné. La décision de reconstruire l’usine in situ sur le site actuel soulève de nombreuses questions, notamment sur la gestion des 34 000 tonnes de déchets ménagers pendant les cinq années de travaux prévues.
Les élus regrettaient particulièrement « l’absence d’information claire et transparente sur les pistes alternatives », notamment la possibilité d’externaliser le traitement des déchets vers la France, option que le Gouvernement affirmait impossible sans fournir de documentation convaincante.
La satisfaction du Conseil national
Suite à l’annonce du Ministre d’État, Thomas Brezzo a salué cette décision dans un communiqué : « Je salue la réponse de Christophe Mirmand qui correspond aux demandes des élus et démontre son intention d’instaurer un dialogue institutionnel constructif entre le Gouvernement et le Conseil National. Cette décision va dans le sens de l’intérêt général et de la bonne gestion des finances publiques. »
Le président du Conseil National a également réaffirmé la volonté de collaboration de l’Assemblée : « Pour ma part, je confirme la volonté des élus de travailler de manière responsable avec le Gouvernement. Ainsi, tel que le prévoit la Constitution, l’Assemblée restera toujours ouverte au dialogue, mais exercera pleinement ses prérogatives budgétaires lorsque l’État ne sera pas préservé. »
Cette résolution rapide de la crise témoigne d’une volonté partagée de maintenir un dialogue constructif entre les institutions, dans un contexte où les enjeux budgétaires restent considérables avec un budget approchant les 2,5 milliards d’euros et de nombreux projets structurants en cours pour la Principauté.