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Récit

Un Monégasque avec une grosse consommation de cannabis, condamné à 10 mois de prison avec sursis

cannabis
© Pixabay

Dans un premier temps, la justice soupçonnait l’homme de trafic, tant la quantité de stupéfiants détenue était importante.

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Bien loin des clichés du dealer des cités, le prévenu qui se présente à la barre du Tribunal correctionnel est Monégasque, réside en Principauté et perçoit des revenus confortables grâce à son activité dans l’immobilier et à l’aide de ses parents. Pourtant, la justice le soupçonne d’usage et de trafic de stupéfiants.

Malgré sa discrétion, l’odeur âcre qui émanait de chez lui était reconnaissable entre toutes. Un voisin alerte la police. Le 17 janvier dernier, les agents sonnent à sa porte. Avec avis du Parquet, ils pénètrent dans l’appartement situé au troisième étage d’un immeuble de la rue de la Turbie à Monaco.

Une quantité impressionnante de drogue y est présente (90 grammes), ainsi qu’une balance, des ustensiles, des espèces, plusieurs téléphones et plusieurs Rolex, ce qui mettra immédiatement les enquêteurs sur la piste du trafic.

« Je ne fréquente pas les dealers dans la rue »

Le jeune homme au visage rond et angélique, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, est placé en garde à vue, tout comme son ami présent lors de la perquisition. « Je me suis fait escroquer une montre et des bijoux d’une valeur de 180 000 euros il y a quelques années. À la suite de cet événement, j’ai fait une dépression et j’ai commencé à consommer, ça m’a aidé à aller mieux. » Aux policiers, le jeune homme avoue en effet fumer environ quatre joints par jour. Les 90 grammes retrouvés chez lui pourraient donc correspondre à sa (grosse) consommation mensuelle.

À la barre, il en dévoile un peu plus sur son mode d’approvisionnement : « Je ne fréquente pas les dealers dans la rue. Je me rends sur des sites étrangers au Canada et en Espagne notamment, sur lesquels je paye en crypto-monnaie car c’est le seul moyen de paiement accepté par les vendeurs, et je me fais livrer la marchandise dans ma boîte aux lettres. »

Perplexe, le Président interroge alors le Monégasque sur la personne qui était chez lui le jour où la police est intervenue. « C’est un ami, il est consommateur lui aussi et on aime se retrouver pour jouer à la playstation, passer du temps ensemble. Vous savez, je ne suis pas quelqu’un qui se fait remarquer, je ne fume pas dans la rue, je n’ai jamais eu de problèmes dans le passé », explique le trentenaire, actuellement suivi pour son addiction et abstinent depuis sa garde à vue il y a un mois.

Des produits extrêmement dosés

Ce qui interpelle le Procureur, c’est la dose de THC présente dans les produits du jeune homme. « 90% de THC, alors qu’à Nice dans les quartiers, on trouve des produits dosés à 10% voire 5%. Il se grille le cerveau avec ce qu’il consomme. Il va falloir poursuivre les soins, car il a réellement un problème avec les stupéfiants. » Le Parquet requiert ainsi dix mois de prison avec sursis assortis d’une liberté d’épreuve pendant deux ans, ainsi que la confiscation des scellés, en particulier de la drogue trouvée à son domicile.

« Vous n’avez pas devant vous un criminel mais un malade, plaide son avocat. Son interpellation a été pour lui un électrochoc, qui est déjà favorable à sa guérison. Oui, sa consommation est importante et c’est un drame pour lui, mais cette affaire a complètement déraillé ! Je vous demande de le relaxer pour le trafic. Mon client se fournit auprès des mêmes fournisseurs que les pharmacies, les médecins, les hôpitaux. Ne vaut-il pas mieux cela plutôt que d’enrichir la délinquance ? Dans ces conditions, l’importation n’est pas punissable. »

Une appréciation qui a trouvé un écho favorable auprès du Tribunal, qui, après en voir délibéré, relaxe l’homme pour les faits d’acquisition, détention, transport, importation et cession, mais le condamne uniquement pour l’usage de stupéfiants à dix mois de prison avec sursis, avec obligation de soins et de travail. Il ordonne également la confiscation de certains scellés, comme les stupéfiants et la balance.