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Récit

Il enregistre sa collègue à son insu, le tribunal de Monaco le poursuit pour atteinte à la vie privée

Le prévenu, un Beausoleillois d'une quarantaine d'années, a écopé d'un mois de prison avec sursis - © Monaco Tribune

Les faits se sont produits en octobre 2021 au sein des Thermes Marins, centre de bien-être de luxe de la Société des Bains de Mer.

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Quelle ne fut pas la stupéfaction pour cette employée lorsqu’elle découvrit un matin qu’un enregistrement compromettant dans lequel sa voix est identifiable circulait sur son lieu de travail. Lors de la conversation captée illégalement, elle dévoile librement son avis sur son supérieur hiérarchique. « Ce dernier prendra d’ailleurs connaissance de cet audio », précise le président du tribunal correctionnel, au cours de l’audience de ce jour, mardi 9 mai 2023.

La première personne soupçonnée est un certain Adel*, chef d’équipe au sein de l’établissement, avec qui la victime discutait lors de la prise de son. Si ce dernier va dans un premier temps nier sa culpabilité, accusant un autre employé, ses propos seront contredits par la victime, qui assurera aux enquêteurs avoir conversé seule avec lui dans la salle de repos. Elle a également déclaré, selon les informations à disposition du juge, qu’elle subissait des menaces de sa part depuis la révélation de l’affaire au grand jour.

5 000 euros de dommages et intérêts réclamés

Absents à la barre du Palais de justice, les deux intéressés étaient cependant représentés par leurs avocats. Selon le conseil du Beausoleillois : « mon client a des difficultés à s’exprimer en français, c’est sans doute pour cela qu’à la première lecture du dossier, on ne comprend pas immédiatement sa position. Ce qu’il a expliqué, poursuit Me Campana, c’est qu’il faisait parler cette femme pendant que la tierce personne, cachée, enregistrait l’échange avec son téléphone. »

Pour la partie civile, il s’agit d’un embrouillamini insupportable. « Le prévenu, qui n’en est pas à son coup d’essai, conteste les faits, les reconnaît, puis les conteste à nouveau. Heureusement, ma cliente n’a pas subi les foudres de son employeur et a conservé son travail. Mais aujourd’hui, comme le tribunal l’a justement fait remarquer, elle est harcelée », a indiqué Me Lajoux, avant de demander 5 000 euros en réparation du préjudice moral.

De la prison avec sursis

« Ce qui me dérange, c’est qu’on a piégé la victime, s’irrite le procureur. On l’invite à prendre un café, on l’emmène en salle de pause, on l’enregistre à son insu et on divulgue l’enregistrement à d’autres collègues de travail. Si madame n’a pas été licenciée, son supérieur a tout de même confié qu’il n’avait pas apprécié ce qu’il avait entendu. Je pense que la peine doit être suffisamment importante pour que monsieur ne recommence plus, c’est pourquoi je demande deux mois de prison avec sursis.»

Des réquisitions jugées « extrêmement sévères » du côté de la défense, qui est revenue également sur le préjudice subi. « Les conséquences de l’incident sont plutôt légères, et aucun certificat médical ne vient prouver la détresse psychologique résultant de cet épisode. Je vous demande de ramener la peine à de plus justes proportions ». Une sollicitation qui semble avoir été entendue par le tribunal qui condamnera l’homme à une peine d’un mois de prison avec sursis et ramènera les dommages et interêts à la somme de 1 000 euros.

*Le prénom a été modifié afin de préserver l’anonymat du prévenu