De la prison ferme pour deux jeunes venus voler à Monaco
Ils ont été aperçus lundi 9 octobre dernier, en train de voler une trottinette électrique au niveau du square Beaumarchais, en face de la boutique de prêt à porter Zara.
Comme l’a justement fait remarquer le Président le jour de l’audience correctionnelle, le square Beaumarchais est un lieu prisé des voleurs, à l’instar de ces deux amis présents dans le box, arrivés menottés et escortés de plusieurs policiers. En effet, pas plus tard que le 13 septembre dernier, deux hommes avaient été surpris en train de voler des trottinettes électriques, au même endroit.
Concernant ces deux protagonistes, dont le dossier a été traité mardi 10 octobre dernier, ils ont passé la nuit en détention, après avoir été pris en flagrant délit la veille. Pour la petite anecdote, c’est grâce à la perspicacité d’un chauffeur de taxi de la Principauté qu’ils ont été arrêtés, ce dernier les ayant repérés pendant une course, avant d’en aviser la police.
Sur place, les forces de l’ordre mettent la main sur deux jeunes, équipés d’une pince coupante, et occupés à couper l’antivol d’une trottinette électrique. Si le premier, un Franco-algérien de 18 ans habitant La Frayère décline son identité sans difficulté, l’autre préfèrera le mensonge à l’honnêteté et ne présentera pas de papiers d’identité.
Comme le veut la procédure, les fonctionnaires de police ont amené le jeune au CHPG pour un contrôle osseux. Cet examen démontrera que le patient est majeur, contrairement à ce que ce dernier affirmait, et les recherches par la suite permettront d’affiner un peu plus le profil : il s’agit d’un Algérien de 22 ans, résidant à Cannes.
Une valeur totale de 5 000 euros
Sans mettre de côté l’hypothèse que les deux prévenus appartiennent à un réseau plus large, le Président les questionne sur les raisons de leur venue à Monaco. « Nous ne sommes pas venus dans l’intention de voler, s’accordent-ils à dire. Nous nous sommes promenés et nous avons été tentés. » Et quand les magistrats demandent ce qu’ils auraient fait de la trottinette s’ils n’avaient pas été interpelés, ils avouent qu’ils l’auraient sans doute vendue « pour une centaine d’euros ».
Sur le terrain, les autorités monégasques n’ont pas tardé à faire le lien avec d’autres vols en Principauté, ceux du 18 et du 31 août derniers, que les auteurs ont fini par reconnaitre. Ils avaient volé respectivement, ces jours-là, deux trottinettes et un vélo. Ayant fait le déplacement au Palais de Justice, le propriétaire du vélo a réclamé 3 000 euros de dommages-interêts, et ceux des trottinettes 700 euros et 1 000 euros. Des sommes qui seront accordées aux victimes par le tribunal.
3 mois de prison ferme
Particulièrement remonté, le Procureur ne mâche pas ses mots : « si ces messieurs n’avaient pas été arrêtés, ils auraient continué. Je me demande, s’il leur arrivait la même chose, ce qu’ils en penseraient. Les faits sont graves, et malheureusement pas isolés. C’est la quatrième fois pour ces deux-là. Ils ont développé un mode opératoire qu’ils maitrisent bien désormais, et se baladent ainsi dans toute la région. Si leurs casiers sont vierges, il n’en reste pas moins qu’ils sont favorablement connus des services de police et judiciaires, et notamment pour des vols. Monaco est un havre de paix et de sécurité et cela doit perdurer. Pour marquer un coup d’arrêt et pour que ces personnes se mettent à travailler loyalement, je vous demande de les condamner à six mois de prison, dont trois assortis du sursis. Vous ordonnerez également leur maintien en détention. »
Pour assurer leur défense, les deux avocats commis d’office ont mis en avant la situation sociale de leurs clients. « Il est en situation irrégulière en France et a du mal à joindre les deux bouts », souligne d’abord Me Gamerdinger. À son tour, Me Sosso insiste : « il est facile pour nous, qui sommes issus d’un milieu aisé, de les accabler. Mon client a à peine la majorité, son père est handicapé et sa mère ne travaille pas. Ce sont des situations que nous ne pouvons pas comprendre, nous ne sommes pas dans la même réalité. Pensez à une forte peine avec sursis plutôt qu’à de la prison. Avec trois mois ferme, ce jeune qui est en train d’apprendre le métier de pâtissier, va passer à côté de sa chance de s’insérer. »
Malgré des plaidoiries solides et des excuses de la part des prévenus qui ont promis « de ne jamais remettre un pied à Monaco », le tribunal suivra les réquisitions du Parquet. Les jeunes repartent comme ils sont arrivés, têtes baissées, menottes aux poignets, direction la maison d’arrêt.