Récit

Un éducateur licencié du Foyer de l’enfance Princesse Charlène après une dénonciation calomnieuse

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Les accusations infondées ont coûté son emploi à l’éducateur - Direction de la Communication

Un fils trentenaire et sa mère à la retraite ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Monaco.

Le 2 mars 2017, la Sûreté Publique enregistre la plainte d’un homme venu dénoncer un éducateur du foyer monégasque dans lequel son fils et sa fille, avec son ex-femme, sont hébergés à l’époque des faits. La petite de 4 ans aurait fait des révélations en décrivant des violences sexuelles la veille. « Adrien* a mis sa main dans ma culotte et a mélangé », c’est ce qu’elle aurait confié. La fillette va le répéter une nouvelle fois devant les policiers en révélant plus tard à la maman, que c’était son père et sa grand-mère qui lui avaient dit de dire cela. Devant le juge d’instruction, elle reviendra sur sa version en la modifiant légèrement.

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« La situation avec votre ex-femme est très tendue, et elle l’est tout autant entre vous et le personnel du foyer. Avec votre maman vous faites bloc, vous êtes très soudés et vous contestez absolument tout, contextualise le président en s’adressant à cet homme de 37 ans déjà condamné pour des faits de violence envers sa compagne. Vous avez accusé madame de battre les enfants, d’avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes devant eux… Les éducateurs sont unanimes pour dire que vous n’êtes pas collaboratif et que vous tenez un discours dénigrant envers la maman qui elle, fait des efforts ».

Un courrier envoyé au Palais

Le trentenaire a décidé d’envoyer un courrier au Palais Princier pour dénoncer des faits de maltraitance au foyer. Cet épisode est resté sans suite jusqu’à la plainte qui a conduit à la garde à vue de l’éducateur et à l’examen de la petite par des experts. Leur diagnostic est prudent : les propos de la fillette présentent un caractère fabulateur qui est normal pour son âge, et un geste aurait pu être mal interprété sans forcément qu’il y ait eu une agression.

Le président expliquera au cours de l’audience du mardi 23 janvier dernier que l’ex-femme du prévenu s’est remariée, et avait pour projet de partir en Haute-Savoie avec les enfants. « Selon l’équipe éducative, poursuit Florestan Bellizona, tout ce que vous avez dit est mensonge, et votre objectif est de compromettre le déménagement de madame. En effet, cela a retardé le départ, mais cela ne l’a pas empêché pour autant. »

Détresse psychologique et financière

Le prévenu maintien que les faits sont réels : « le jour même, j’étais hors de moi. J’ai réagi comme tout père aurait réagi. Et je croirai toujours ma fille. Elle a peut-être mal interprété les choses, mais dans tous les cas, il n’y aurait pas dû y avoir de contact avec ses parties intimes ». De son côté, la victime est absente mais est représentée par son avocat Me Christophe Ballerio. « J’ai l’amer sentiment que la parole d’un enfant de quatre ans a été instrumentalisée dans l’intérêt du père et de la grand-mère. Les effets ont été catastrophiques pour mon client sur sa santé et sa situation financière. Je vous rappelle qu’il a perdu son emploi et qu’il subvenait aux besoins de son épouse et de ses deux enfants. En détresse psychologique, il a dû ingérer un tas d’anxiolytiques et d’antidépresseurs. Cela faisait 15 ans qu’il travaillait au foyer ». En réparation du préjudice, un peu plus de 100 000 euros ont été demandé.

Le procureur demande la condamnation des deux. « Cela me fait penser à ces dossiers de viol, où le travail des magistrats est complexe, car il n’y avait pas de caméras sur les lieux. Doit-on pour autant prononcer une relaxe ou un non-lieu ? Je ne pense pas. Dans le dossier, la petite dit qu’elle a été violentée, et le père la redépose au foyer du soir tranquillement ? Ça me semble ubuesque. L’enfant serait resté à la maison si on croyait vraiment qu’elle avait été victime de violences sexuelles. Je pense qu’il souhaitait mettre en échec le placement pour récupérer les enfants. Aujourd’hui le mal est fait, et le mal fait à la victime et aux enfants ne pourra jamais être réparé. » Julien Pronier requiert six mois de prison avec sursis.

La relaxe sollicitée

« Instrumentaliser une enfant ? Qui aurait pu faire une chose pareille ? Même de fins stratèges n’en seraient pas capables, seuls des psychopathes pourraient inventer ce genre de choses. Ce n’est pas le cas de ces deux-là. Je sollicite la relaxe de madame et demande que la somme réclamée soit ramenée à de plus justes proportions », plaide Me Clyde Billaud.

Pour assurer la défense de monsieur, Me Erika Bernardi concède : « mon client a eu un comportement inadapté, mais ce contexte ne suffit pas à le déclarer coupable. Ce père a eu le sentiment qu’on voulait le séparer de ses enfants. L’enquête à durée trois ans, et ses déclarations restent inchangées. Je souhaiterais revenir aussi sur le terme « mélanger ». Il n’est pas anodin. Monsieur aurait donc pensé à employer un tel mot ? Je n’y crois pas un instant. Oui, la situation est malheureuse pour la victime, mais mon client n’a pas agi dans l’intention de nuire ». L’avocate monégasque sollicite également la relaxe.

Après en avoir délibéré, le tribunal a rendu sa décision mardi 13 février dernier, et a déclaré coupables les deux prévenus pour les condamner à dix mois de prison avec sursis. Ils devront également verser la somme de 62 000 euros à la partie civile, en réparation aux préjudices matériel et moral.

* Nom d’emprunt