Nathan Mesiano, ce jeune marin qui s’engage dans un bras de fer avec l’océan
À 19 ans, l’Azuréen se prépare à traverser l’Atlantique en solitaire lors de la Mini Transat 2027, quatre ans après avoir perdu son bras droit. Une vente aux enchères aura lieu à Beaulieu-sur-Mer pour lui permettre de réaliser ce défi hors norme.
Au Casino de Beaulieu-sur-Mer, dans la matinée du jeudi 20 novembre, le soleil méditerranéen éclairait un projet aussi audacieux qu’émouvant. Nathan Mesiano, 19 ans, y présentait son défi : participer à la Mini Transat 2027, cette course mythique qui traverse l’Atlantique en solitaire, sans assistance ni communication avec la terre. Une ambition qui aurait pu rester lettre morte après le drame qui a marqué sa vie à 15 ans.
« Je n’ai jamais cessé de me battre. Non pas contre mon handicap, mais contre l’idée que certains rêves seraient hors de portée », confie le jeune homme, d’une voix posée mais déterminée. En 2022, percuté par un train à Nice dans une tentative de mettre fin à ses jours, Nathan perd son bras droit et accumule de multiples fractures. « J’ai eu l’épaule gauche cassée, déplacée, l’omoplate fracturée, la clavicule, le bassin fracturé. Une convalescence qui était censée être assez longue », raconte-t-il. Trois mois plus tard, pourtant, il remontait sur un bateau.

De l’enfance au championnat du monde
La voile, Nathan la porte en lui depuis l’âge de six ans. « Je regardais le Vendée Globe à la télé avec mes parents. J’ai dit : c’est ça que je veux faire plus tard. Dès six ans, j’avais cette volonté de partir au large, de partir à l’aventure », explique-t-il. Optimist, puis catamaran, championnats de France, championnats d’Europe : le jeune Berlugan gravit les échelons avec une obstination remarquable.
Après son accident, il fait le choix audacieux de continuer en catégorie valide. « Je suis un compétiteur, mon handicap n’est pas une excuse pour ne pas gagner », affirme-t-il avec cette franchise qui le caractérise. Cinq mois après l’accident, il obtient une dérogation pour participer au championnat de France. « Je faisais cinq jours de rééducation et deux jours d’entraînement par semaine. C’était mon premier gros défi après mon accident et j’en étais fier. » L’année suivante, il termine troisième aux championnats d’Europe jeunes avec son équipe de catamaran, puis vice-champion du monde : Nathan prouve que la volonté peut surpasser les obstacles.
Un soutien exceptionnel
C’est une vidéo postée sur les réseaux sociaux qui a tout déclenché. Benjamin Mondou, président de Century 21 Lafage, découvre l’histoire de Nathan à 5h30 du matin. «Nathan dégage une énergie et une lumière rares. Sa détermination à prouver que rien n’est impossible m’a bouleversé. C’est pourquoi j’ai décidé de lui apporter tout mon soutien », explique le chef d’entreprise, également passionné de sport et investit dans le mécénat.

Afin de permettre à Nathan d’acquérir le bateau avec lequel il pourra prendre part à la Mini Transat, Benjamin Mondou organise une vente aux enchères exceptionnelle, prévue le 9 décembre à 18h au Casino de Beaulieu. Des artistes tels que Sylvia Rainguez, Sveta Marlier, Laurent Bosio, Nicolas Bianco, Rémy Dominici, et des sportifs comme Axel Zingle ont répondu présents, fascinés par la personnalité de Nathan et offrant œuvres et objets d’exception. Un maillot de l’OGC Nice signé par l’équipe professionnelle et le maillot grimpeur de Tadej Pogačar figurent également parmi les lots.
Marie-José Lasry, première adjointe au maire de Beaulieu, a salué ce « courage phénoménal » avant de rappeler que « Nathan est l’enfant de Beaulieu. Tout le monde le connaît, tout le monde l’aime. »
120 000 euros pour un rêve
Le projet nécessite un budget de 120 000 euros sur deux ans. Nathan a déjà trouvé son bateau, le Satanas, un modèle mythique ayant remporté la course en 2001. « C’est un bateau qui est plus vieux que moi, mais il tient encore la route et n’a pas subit de casse majeure », explique cet habitué de la débrouille qui a lancé une cagnotte en avril 2025. À 35 000 euros, c’est l’un des plus petits budgets de la course, dont le financement total comporte de nombreux postes de dépenses liés à la préparation, la logistique et les phases qualificatives. « Je ne suis pas sûr de gagner avec ce bateau, mais si j’arrive au bout de ce projet et que j’ai inspiré un maximum de gens, voilà ma vraie victoire.»



La Mini Transat, c’est 4 050 milles nautiques à travers l’Atlantique (environ 7 500 kilomètres) en solitaire, par étapes : dix jours des Sables-d’Olonne aux Canaries, puis quinze à vingt jours jusqu’en Guadeloupe. « On ne peut pas se mettre debout, on dort assis sur un pouf, le repas est lyophilisé et il n’y a pas de toilettes. Pas très glamour, je l’avoue, mais c’est l’aventure », décrit Nathan avec un sourire et l’excitation palpable de celui qui goûte pleinement la vie. Pas de téléphone satellite, pas de cartes météo : tout à l’ancienne, avec sextant et boussole.
« C’est un message d’espoir que je veux lancer à tous ceux qui ont eu des doutes, à pour qui la vie a été compliquée. Les rêves ne sont pas hors de portée », conclut-il en jetant un regard tendre à sa mère, discrète au fond de la salle. Une philosophie qui résonne au-delà des océans qu’il s’apprête à affronter.













