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Récit

Refus d’obtempérer : une conductrice prend la fuite et roule à contresens

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©Monaco Tribune

Elle est condamnée pour refus d’obtempérer, conduite à contresens, franchissement de ligne continue, dépassement par la droite et vitesse excessive.

Le tribunal correctionnel de Monaco a jugé, ce mardi 4 novembre 2025, le cas d’une femme de 39 ans, de nationalité ukrainienne, résidant à Cap-d’Ail et travaillant comme commerciale en Principauté. Les faits remontent au 17 octobre, peu après 2h25 du matin. Ce soir-là, un équipage de police en faction place Sainte-Dévote remarque un véhicule arrivant à vive allure. Les agents font signe à la conductrice de s’arrêter. Elle ne s’exécute pas. Le véhicule, appartenant à son employeur, continue sa route, franchit une ligne continue et dépasse par la droite à l’entrée du tunnel. Les policiers signalent immédiatement la voiture comme dangereuse. Sur les caméras de vidéosurveillance, on aperçoit ensuite le véhicule poursuivant sa trajectoire, contournant la barrière, avant de prendre la fuite à contresens sur toute la section menant vers l’hôpital. Il faudra plusieurs jours d’investigation pour identifier la conductrice.

« Je n’ai pas vu les policiers »

À la barre, la prévenue déclare : « Merci de me donner la parole, je voudrais exprimer mes excuses sur ce qui s’est passé. Je n’ai vraiment et sincèrement pas vu les policiers, ni leurs véhicules de police. Je ne fuyais pas, j’étais simplement fatiguée, je voulais rentrer ». Elle assure avoir été surprise par la barrière qui se refermait et avoir agi dans la panique.
« Je n’ai rien à me reprocher, je fais toujours attention. Mon parcours est exemplaire, je travaille dur pour réussir à Monaco », poursuit-elle, rappelant qu’elle vit seule, sans attaches familiales dans la région, sa famille se trouvant en Ukraine. Le tribunal indique que le comportement observé « n’est pas celui de quelqu’un qui n’a pas vu », mais bien d’une personne qui tente de fuir un contrôle. « Par expérience, les gens qui agissent ainsi ne sont pas dans leur état normal », remarque le président.

Interrogée sur sa consommation d’alcool, la prévenue évoque « deux verres de champagne ». Son passager, entendu par les enquêteurs, confirme ces propos. Mais le tribunal rappelle que la limite légale est bien inférieure. D’autant plus qu’en 2024, la prévenue avait déjà été condamnée en France pour refus de test d’alcoolémie et conduite en état d’ivresse.

« Les refus d’obtempérer méritent une réponse ferme »

« Il suffit de regarder l’actualité pour voir qu’aujourd’hui ce seront les réquisitions les plus lourdes qui seront prises », souligne le procureur. « Les refus d’obtempérer méritent une réponse ferme. Les policiers ont dû se déporter pour ne pas être percutés. Elle a poursuivi sa folie routière en mettant en danger d’autres usagers. Quand on voit le comportement de madame, elle a voulu fuir ses responsabilités ». Le ministère public requiert six mois de prison avec sursis, 800 euros d’amende, ainsi que 250 euros pour excès de vitesse, 150 euros pour le franchissement de ligne continue, 150 euros pour le dépassement par la droite et 100 euros pour le sens interdit. Enfin, il demande l’interdiction de conduire tout véhicule à Monaco pendant deux ans.

L’avocat de la défense plaide la clémence et présente au tribunal plusieurs photographies montrant la position des policiers, difficilement visibles dans la pénombre. « Je suis choqué par la sévérité des réquisitions », déclare-t-il. « Ma cliente est honteuse et s’est excusée dès sa garde à vue. Les policiers se trouvaient à ce moment-là dans un renfoncement, derrière une voiture. Ils sont sortis de leur cachette, et elle ne les a tout simplement pas vus ». Selon lui, « les infractions reprochées ne traduisent pas une volonté de fuite, mais plutôt une mauvaise conduite ». L’avocat insiste : « À cet instant, elle ne se considère pas comme une fugitive de la route. Toute la suite est regrettable : elle a paniqué en voyant la barrière se fermer ». Il rappelle enfin que sa cliente présente un casier vierge à Monaco et « qu’elle n’a pas un profil qui mérite une telle sanction ». Il ajoute : « Vous avez devant vous quelqu’un de raisonnable, qui ne mérite pas d’être lourdement sanctionné. Je vous demande de faire preuve de clémence et de relaxer ma cliente ». Il sollicite également la non-inscription de la condamnation au bulletin n°2, invoquant les conséquences professionnelles d’une telle mention.

Avant le délibéré, la prévenue a la possibilité de s’exprimer une dernière fois : « J’ai appris la leçon. S’il vous plaît, donnez-moi la peine la plus simple. Je risque de perdre mon travail, je suis seule ici et je dois aider ma mère. Je promets que ça ne se reproduira plus ». Après en avoir délibéré, le tribunal rend sa décision : un mois de prison avec sursis, interdiction de conduire pendant deux ans, et 900 euros d’amende, 250 euros pour excès de vitesse, 150 euros pour sens interdit, et deux fois 45 euros pour les autres infractions. Le tribunal rejette la demande de non-inscription au casier judiciaire.