Blessures involontaires sur la route : un ancien commandant de la Sûreté publique relaxé
Le tribunal correctionnel de Monaco a jugé ce mardi 28 octobre un homme né en 1976, de nationalité française et résidant à Cap-d’Ail. Il comparaissait pour des faits de blessures involontaires à la suite d’un accident survenu le 31 mars 2025.
Cet ancien commandant de la Sûreté publique conduisait ce matin-là son véhicule Kia lorsqu’un jeune conducteur de cyclomoteur, mineur, a chuté en tentant de le dépasser par la droite sur l’avenue de la Quarantaine. Les faits se déroulent peu avant 9 heures. Le jeune homme se rendait au lycée sur son deux-roues, tandis que le conducteur de la Kia cherchait à se garer. Le scooter double une première voiture, puis s’engage pour dépasser la Kia par la droite : « Je me suis remis dans l’axe quand j’ai vu que le véhicule ne tournait pas », explique le jeune garçon à la barre. Mais en tentant de se faufiler entre le mur de pierre et la voiture, il perd le contrôle et chute lourdement, heurtant un poteau de signalisation quelques mètres plus loin. Le choc avec la chaussée lui vaudra une clavicule cassée. Aucun contact n’a toutefois eu lieu entre les deux véhicules, un point que les images de vidéosurveillance, diffusées à l’audience, sont venues confirmer. Suite à sa chute, il est pris en charge au CHPG. Il est entendu par les services de police après avoir été soigné.
Le tribunal revoit les séquences captées quelques instants avant la chute. Le jeune conducteur y apparaît déjà en train de doubler plusieurs motos par la droite, à vive allure : « J’ai essayé de freiner, il allait tourner à gauche, alors je me suis dégagé vers la droite », justifie le jeune garçon. Interrogé sur sa vitesse lors de son interpellation, il indique avoir roulé « à environ 60 km/h » mais à la barre, il conteste cette allure. « La vitesse peut devenir excessive selon les conditions de circulation », lui rappelle le tribunal. Le jeune homme insiste : « J’ai toujours dit que ma vitesse était adaptée. Tout le monde s’est retourné contre moi, même à la maison. C’est un coup de malchance ». Sa mère, présente à ses côtés, confirme ne nourrir aucune animosité à l’égard du conducteur : « Je n’ai rien contre Monsieur et je ne comprends pas pourquoi nous sommes ici aujourd’hui. Personne n’a porté plainte. »
Le ministère public, malgré cette absence de plainte, a choisi de poursuivre l’affaire : « C’est une manière pour chacun de prendre l’exacte mesure de ce qu’il s’est passé ce jour-là. C’est un instant de parole », explique la procureure, tout en reconnaissant que la vidéo éclaire la situation. « Est-ce un simple accident ou une faute pénale ? De mon point de vue, je m’en remets à votre appréciation », déclare-t-elle au tribunal. Du côté du prévenu, ce dernier indique : « Je cherchais une place pour me garer. J’ai commencé à tourner à gauche, puis j’ai vu le deux-roues arriver. J’ai légèrement contre-braqué pour l’éviter. Il n’y a jamais eu de contact. J’ai été surpris, en recevant ma convocation, de lire qu’on m’accusait de l’avoir percuté. »
L’avocat du jeune garçon, de son côté, rappelle les conditions du drame : « L’enjeu est de comprendre : le conducteur a-t-il effectué une manœuvre précipitée ou un coup de volant normal ? Il ne s’agit pas de vitesse excessive ou de problème de conduite, ils ne se sont pas touchés. N’essayons pas de défoncer les portes ouvertes. Un témoin présent derrière les véhicules a été retrouvé pour témoigner et dit ne pas avoir été choqué par la vitesse du deux-roues. Ce sont des choses qui peuvent arriver à tout le monde. Il a perdu son année scolaire, il devait partir en Angleterre, ça a été l’enfer dans sa vie », indique-t-il en demandant au tribunal de se référer seulement aux témoignages et aux images de la vidéosurveillance.
L’avocat du prévenu plaide la relaxe en évoquant : « il n’y a eu aucun contact, aucun choc. Vous devez le relaxer ». Il souligne que son client, fort de trente-quatre années au service de la Sûreté publique et de la gendarmerie, a respecté le code de la route à la lettre : « Il ne roulait pas à une vitesse excessive. Il ralentissait, car il cherchait une place. Il s’est déporté vers la gauche tout en mettant son clignotant. Le code de la route indique que l’on doit serrer sur la gauche sans sortir de sa voie, il commence à manœuvrer mais, il est toujours dans sa voie. Il n’y a eu aucune violation du code de la route par monsieur. Alors que le jeune conducteur a commis plusieurs violations, notamment concernant sa vitesse. On le voit également sur les images traverser des zébras et des lignes continues avant l’accident. »
Avant que le verdict ne soit prononcé, l’accusé s’est adressé au jeune homme : « J’espère que Monsieur fera attention à l’avenir. Il vaut mieux arriver plutôt en retard que d’avoir un choc ». Après délibération, le tribunal a relaxé l’ancien commandant de la Sûreté publique.











