Six mois de prison pour avoir volé un sac Dolce Gabbana et un manteau en vison

Après la rentrée des tribunaux, inaugurée le 1er octobre, le tribunal correctionnel de Monaco a jugé sa première affaire ce mardi 7 octobre.
Madame G., de double nationalité russe et arménienne, a comparu escortée par la police. Cette femme de 51 ans, sans emploi et résidant à Beausoleil, devait répondre de vols totalisant plus de 6 000 euros et de plusieurs cas de grivèlerie répartis en deux dossiers distincts.
Le premier dossier porte sur deux vols commis fin 2024. Le 24 décembre, elle s’empare d’un manteau en vison rose de la marque Pagani d’une valeur de 5 000 euros. Les caméras de vidéosurveillance la capturent en train de prendre l’article. Une semaine plus tard, le 31 décembre, c’est un sac à main Dolce & Gabbana de 1 100 euros qui disparaît. Les équipes s’en rendent compte lors d’un inventaire. La prévenue est rapidement identifiée dans la base client et interpellée en avril 2025 à Monaco. Conduite à la Sûreté publique, elle reconnaît les faits en justifiant ses actes par des phrases qui reviendront plusieurs fois au cours de l’audience : « L’État français nous vole » et « j’étais obligée de m’habiller ».
« j’étais obligée de m’habiller »
Le second dossier concerne deux cas de grivèlerie. Le 17 septembre 2025, vers 20 heures, elle consomme un repas d’une valeur de 37 euros au Maya Mia, dont un verre de vin, puis quitte l’établissement sans payer. Le directeur du restaurant la reconnaît immédiatement : « Ce n’est pas la première fois qu’elle fait ce genre d’action. » La Sûreté publique la retrouve un peu plus loin peu de temps après. Plus tôt, le 23 juillet 2025, elle avait commandé une course de taxi aller-retour de 500 euros qu’elle n’a jamais réglée. Le chauffeur, présent dans la salle d’audience, réclame 1 000 euros : 500 euros pour la course impayée et 500 euros supplémentaires pour compenser sa journée de travail perdue : « Je voulais être payé », explique-t-il simplement.
« Une personne qui ne s’arrêtera jamais »
Lorsque le tribunal lui demande si elle reconnaît la gravité de ses actes, Madame G. répond par la négative. Son comportement durant l’audience ne tarde pas à agacer le tribunal. Elle s’assoit pendant son audition et interrompt sans cesse le président. Sommée de se lever, elle rétorque qu’elle serait « handicapée de beaucoup de choses » et maintient sa position. « La France vole mon argent », répète-t-elle pour justifier ses actes. Le tribunal lui rappelle fermement qu’elle est présente pour répondre de ses actes. Déjà condamnée en 2023 à un mois d’emprisonnement pour grivèlerie, elle est également connue des services de police pour des vols dans de petits commerces comme Zara. Le tribunal souligne qu’elle n’arrive pas à gérer son argent, ce qui explique qu’elle soit placée sous curatelle. Sa fille paie son loyer.
La première substitut du procureur prend à son tour la parole : « On est sur une personne qui ne s’arrêtera jamais. » Alors qu’elle reprend les faits chronologiquement, la prévenue lui coupe la parole. Le tribunal lui intime de se taire. « Elle a commis deux vols, on va lui expliquer mais elle va recommencer. Les leçons, elle n’en tire jamais. Elle ne connaît pas le respect du travail des autres, ceux qui travaillent, qui ouvrent leur boutique et font en sorte d’être rentables. Ça lui passe au-dessus ». La procureur décide de rentrer en voie de condamnation pour récidive légale, constatant au passage qu’elle n’a aucune remise en question à la barre : « Au contraire, pour elle, c’est parfaitement normal », déplore-t-elle. Elle demande de joindre les deux dossiers et réquisitionne six mois de prison ferme, dix ans d’interdiction de séjour à Monaco ainsi qu’un mandat d’arrêt pour exécuter la peine immédiatement.
Une attitude arrogante face au tribunal
L’avocat de la défense tente une autre approche : « Qu’est-ce qu’on va faire d’elle ? Les peines ne fonctionnent pas, elle a des difficultés financières d’où sa curatelle ». Il plaide pour une expertise psychologique, évoquant des souffrances psychologiques à prendre en compte. Selon lui, il faudrait trouver d’autres moyens de sanctions afin de préserver sa santé mentale. Pour ses derniers mots face au tribunal, Madame G. déclare : « Tous mes comptes sont bloqués. Cela fait 22 ans que j’habite dans cette région et avant 2022, je n’avais pas de problème ». Le tribunal lui demande si c’est une raison valable pour commettre ces faits et la détenue reprend son ton arrogant : « On ne répond pas à des questions par des questions ». Face à son comportement, alors qu’elle continue de couper la parole et refuse de répondre, le tribunal se retire pour délibérer.
Après délibération, le tribunal reconnaît Madame G. coupable des faits qui lui sont reprochés et la condamne à six mois de prison, ainsi qu’à cinq ans d’interdiction de territoire à Monaco. Le mandat d’arrêt est délivré. Concernant la partie civile, le tribunal accorde la demande de dommages et intérêts du chauffeur de taxi. Madame G. repart immédiatement escortée par la police pour exécuter sa peine.