Un homme intercepté à Monaco avec une sacoche contenant 21 000 dollars non déclarés
Contrôlé à l’entrée de la Principauté avec une importante somme d’argent, un ressortissant israélien a expliqué ignorer l’obligation de déclaration aux douanes monégasques.
Ce mardi 28 octobre, le tribunal correctionnel de Monaco a jugé un homme né en 1965 à Tel-Aviv, de nationalité israélienne, agent immobilier vivant à Dubaï. Assisté d’une traductrice, il comparaissait pour avoir omis de déclarer une somme supérieure à 10 000 euros lors de son entrée à Monaco. Les faits remontent au 9 avril 2025. Ce jour-là, il est contrôlé à bord d’un véhicule de location, une Mercedes Maybach à l’entrée de la Principauté. Dans une sacoche en bandoulière, les policiers découvrent 21 620 dollars américains, soit environ 19 519 euros. Aucune déclaration préalable n’avait été effectuée.
À la barre, le prévenu explique calmement : « J’étais avec ma femme. Une femme ne peut pas se promener avec autant d’argent sur elle, sinon elle se fait braquer ». Le président du tribunal lui rétorque aussitôt : « Cela ne change rien. Vous êtes porteur de la somme d’argent non déclarée. Il doit les déclarer dès qu’il franchit une frontière européenne. S’il transporte 20 000 euros, il doit le signaler ». Le prévenu tente de se justifier : « Quand il est arrivé en France, il a déjà déclaré 10 000 euros pour sa femme et 10 000 pour lui », rapporte l’interprète. « Nous ne sommes pas en France », répond le tribunal.
La traductrice poursuit : « Il dit qu’il ne savait pas, qu’il n’est pas un voyou. Il a pensé qu’à Monaco c’était pareil. Maintenant, il le sait. C’est la première fois qu’il venait ici. »
Une origine des fonds qui interroge le tribunal
Interrogé sur ses revenus, l’homme explique qu’il travaille dans une société immobilière dirigée par son épouse et gagne environ 10 000 dollars par mois. Le président lit alors ses déclarations faites lors de son interpellation : « Vous avez dit percevoir 20 000 dollars ». Le prévenu conteste : « Les policiers ont mal compris. »
Le président s’attarde sur les relevés bancaires joints au dossier : plusieurs retraits en espèces de 5 000 dirhams, parfois plusieurs fois par jour. En juillet 2024, dix retraits ont ainsi été effectués. « Ce n’est pas tous les jours », se défend le prévenu. Le tribunal souligne que d’autres retraits ont été faits en avril et en juin. « À Dubaï, il dit qu’il peut retirer ce qu’il veut », traduit l’interprète. Le président l’interroge : « Si vous pouvez retirer librement, pourquoi faire dix opérations de 5 000 dirhams au lieu d’un seul retrait ? » L’homme répond que « la banque impose un plafond à 5 000 dirhams ». Le tribunal reprend : « Quel est l’intérêt de retirer 50 000 dirhams par jour ? »
Le prévenu finit par dire : « Je devais payer l’appartement, les employés, l’école du gamin…» puis « J’ai pris cet argent pour les vacances ». Le tribunal note l’incohérence : « Il faut savoir si c’est pour les vacances ou pour payer le personnel. »
Le procureur requiert 10 000 euros d’amende et la confiscation des fonds. Il rappelle les dispositions de l’article 72 de la loi n°1.362 du 3 août 2009, modifiée : « L’absence de déclaration ou la déclaration mensongère est punie d’une amende égale à la moitié de la somme, sans préjudice de la saisie et de la confiscation éventuelles des espèces. »
Il insiste sur la nécessité de déclarer toute somme supérieure à 10 000 euros et de justifier l’origine des fonds :
« Il a été contrôlé avec une sacoche contenant 21 620 dollars, bien au-delà du seuil autorisé. Ses explications sur les retraits ne nous rassurent pas, elles nous interrogent davantage ». Le tribunal soulève également que ses casiers judiciaires français et monégasques sont vierges.
« Ce n’est pas un trafiquant, il a coopéré dès le début »
L’avocat de la défense adopte un ton mesuré : « Nous sommes ici dans le cadre d’un manquement à une obligation de déclaration. Mon client n’a pas tenté de dissimuler. Il coopère dès le départ, il explique d’où vient l’argent et montre les relevés de ses banques à Dubaï ». Il poursuit : « Il s’est renseigné à l’aéroport et à son hôtel à Nice. Il a cru que la même règle s’appliquait. C’est un réflexe normal de garder son argent avec soi, comme un portefeuille. Il n’a pas voulu le laisser à l’hôtel ». L’avocat conclut que son client n’a rien à cacher et demande la levée de la saisie et une réduction de l’amende.
Pour ses derniers mots, le prévenu s’excuse : « Je regrette. Je ne savais pas qu’il fallait déclarer à Monaco ». Après délibération, le tribunal reconnaît l’homme coupable d’omission de déclaration et le condamne à 2 000 euros d’amende. Les sommes saisies lors du contrôle sont confisquées.








