Récit

Rixe à la Rascasse : une jeune femme reçoit un coup, l’accusé jugé pour « son alcoolisation massive »

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© Monaco Tribune

Un homme de 23 ans, domicilié à Monaco, a comparu pour des violences survenues en pleine nuit à la Rascasse en avril dernier. Il conteste les faits, tandis que témoins et victime décrivent un coup porté volontairement.

Un homme né en 2001, livreur Uber Eats et résident au Jardin Exotique, a été jugé pour avoir porté un coup à une jeune femme, D., dans la nuit du 26 avril 2025 à la Rascasse. Les policiers interviennent vers 3h40 après qu’une cliente signale avoir été frappée. La victime, dans un état de choc, obtient une ITT de deux jours pour des douleurs au niveau de la poitrine. Le prévenu, alcoolisé (0,80 mg d’alcool par litre d’air expiré), reconnaît avoir consommé quatre cocktails, mais nie toute violence.

L’accusé nie les faits

Son casier est vierge à Monaco mais comporte en France deux antécédents : un recel de vol sanctionné par une amende, et une conduite en état d’ivresse en 2023. À la barre, il affirme ne boire que le week-end et rejette toute consommation de stupéfiants. Il assure qu’une altercation a éclaté avec un homme du groupe de la victime, qu’une chaîne s’est cassée, mais maintient n’avoir frappé personne.

Les témoins décrivent un coup porté « au-dessus du sein gauche », suffisamment sonore pour être remarqué, et qu’ils estiment volontaire, même si la jeune femme n’était peut-être pas la cible première. D., présente à l’audience, raconte que le prévenu s’est installé à sa table malgré les demandes répétées de son groupe de s’éloigner. Elle explique s’être interposée entre lui et son ami au moment où la tension montait, avant d’être touchée. « Pour moi, le coup est volontaire, parce que j’étais au milieu entre eux », affirme-t-elle. « Les policiers sont intervenus et m’ont expliqué que ce n’était pas normal de recevoir un coup. Ils m’ont ensuite emmenée à l’hôpital ». Elle réclame 500 euros au titre de son préjudice moral.

Le procureur décrit un prévenu « particulièrement excité » en raison de son « alcoolisation massive », rappelant son antécédent pour conduite en état d’ivresse : « Quand on boit et qu’on se retrouve en garde à vue puis devant le tribunal, c’est qu’on a un problème avec l’alcool », déclare-t-il, avant de requérir quatre mois de prison avec sursis, une interdiction de paraître à la Rascasse pendant un an et une interdiction de tout contact avec la victime.

La défense remet en cause la fiabilité des témoignages, insistant sur l’état d’ébriété général des personnes présentes : « Je pense que les témoins n’ont pas consommé que de l’eau… », la confusion propre aux scènes de bar : musique, éclairage tamisé, mouvements de foule et les contradictions relevées entre les premières déclarations et les témoignages rendus à l’audience : « Ce que déclare la plaignante le jour des faits n’est pas ce qu’elle vient de déclarer ici à la barre. »

« On ne sait pas ce qu’il s’est passé »

L’avocat souligne également l’absence de lésion visible et d’éléments médico-légaux permettant d’établir avec certitude la matérialité du coup attribué à son client, ainsi que l’impossibilité d’identifier sans ambiguïté l’auteur à partir des seules images disponibles : « On ne sait pas ce qu’il s’est passé ». L’avocat invite enfin le tribunal à tenir compte de la personnalité du prévenu, de son absence d’antécédents à Monaco : « Je ne vais pas lui demander de dire qu’il a un problème d’alcool si ce n’est pas le cas. Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il a un problème avec l’alcool » et plaide soit la relaxe, soit, à défaut, une peine aménagée, à savoir des travaux d’intérêt général. Le prévenu confirme qu’il est disposé à accepter une telle mesure corrective si le tribunal l’ordonne.

Après délibéré, le tribunal le déclare coupable et prononce deux mois de prison avec sursis, un an d’interdiction de contact avec la victime et l’interdiction de paraître à la Rascasse. La partie civile est indemnisée à hauteur de 250 euros pour préjudice moral. Le tribunal évoque « une peine d’avertissement. »