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Interview

Marine Grisoul et Karen Aliprendi : « A Monaco, nous sommes fiers de compter un nombre important de femmes élues »

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Conseil national

Notre interview politique du mois se concentre sur Marine Grisoul et Karen Aliprendi, élues au Conseil national depuis 2018.

A seulement 37 et 33 ans, Karen Aliprendi et Marine Grisoul, toutes deux membres du Conseil national au sein de la majorité Primo ! Priorité Monaco depuis quatre ans, peuvent toutes deux témoigner d’un parcours professionnel particulièrement riche.

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Mère d’un petit garçon de six ans, Karen Aliprendi a très vite gravi les échelons après son Bachelor en Business, en intégrant la société ALC-MONACOLIMO d’abord comme manager, puis comme Vice-Présidente.

Huit ans plus tard, elle est élue Présidente du Groupement d’Intérêts Economiques des Limousines de la Principauté pour un mandat de 2 ans. Travaillant aujourd’hui au sein d’un Single Family Office, et membre du Conseil national depuis 2018, l’élue est bien loin de se reposer sur ses acquis, puisqu’elle présente en parallèle un Master pour une validation des acquis de son expérience professionnelle.

Marine Grisoul, de son côté, est également mère de famille, avec un petit garçon de 13 mois, Andéol, et une belle-fille de dix ans, Clotilde. Issue d’une famille d’expatriés monégasques, la jeune élue a eu la chance, dans sa jeunesse, de voyager dans le monde entier et de vivre dans de nombreuses villes, comme Karachi, Kourou, Dakar, ou Chambéry.

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Après l’obtention d’un baccalauréat scientifique en France à tout juste 17 ans, la jeune femme a décidé de devenir soignante « parce que j’aime écouter et veiller sur les autres. » Alliant cette passion avec celle de la cuisine, elle s’est progressivement tournée vers la diététique, après l’obtention d’un BTS Diététique, spécialité nutrition du sportif. Après avoir mené quelques projets, comme la création de son propre cabinet, revendu trois ans plus tard, Marine Grisoul a commencé sa carrière à Monaco en 2015, au Centre Hospitalier Princesse Grace, comme diététicienne nutritionniste. Elle est désormais responsable nutrition au pôle gériatrique.

Les deux élues ont accepté de partager avec nous leur expérience au sein du Conseil national, leur vision de la place de la femme en politique et leurs projets futurs.

Parlez-nous de votre expérience et de votre rôle au sein du Conseil national

KA : Depuis le début de la mandature, je m’implique sur l’ensemble des sujets sur lesquels le Conseil national travaille. Il est vrai toutefois, que je suis plus particulièrement concernée par tout ce qui a trait à l’économie, la qualité de vie, l’environnement, au transport et à la mobilité.

En parallèle, je représente le Conseil national au Conseil Stratégique pour l’Attractivité, qui rassemble des acteurs publics et privés, afin d’échanger sur leurs expériences et formuler des propositions pour l’avenir. C’est une démarche collective et transversale qui réunit des représentants de la vie économique de notre pays, qui proposent des approches nouvelles et des améliorations de l’existant.

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MG : J’ai été élue Conseillère nationale le 11 février 2018. Depuis le début de la mandature j’ai pu m’engager sur de nombreux thèmes, comme l’égalité hommes-femmes, la politique extérieure en représentant le Conseil national à l’étranger, la reconnaissance des médecines douces, l’amélioration de la qualité de vie, le développement durable, ainsi que la législation sur les agressions sexuelles.

Dernièrement, j’ai été choisie par mes collègues du Conseil national pour être Présidente de la Commission de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports.

Pourquoi avoir voulu devenir membre ? Qu’est-ce qui vous a motivées ?

KA : Ma volonté de me présenter aux élections nationales trouve avant tout son origine dans l’amour que je porte à mon Pays. Ma famille est monégasque depuis 5 générations, et je suis très attachée à nos valeurs, notre histoire et nos institutions. M’impliquer dans la vie publique pour faire évoluer les choses, et représenter les Monégasques m’attirait. C’est pour cela que lorsque le Président Stéphane Valeri m’a contactée, je n’ai évidemment pas hésité à rejoindre la liste Primo!, qui partage ces mêmes valeurs.

MG : La politique est une autre de mes passions. J’admire de nombreuses personnalités politiques, et notamment certaines femmes telles Christine Lagarde, et par-dessus toutes Simone Veil.

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En juin 2017, j’ai appris que Stéphane Valeri avait pour objectif de se présenter à l’élection du Conseil national. Admirative de son engagement pour notre Principauté et ayant eu l’occasion d’échanger quelques fois avec lui lorsqu’il était le Conseiller de Gouvernement-Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, je l’ai contacté en lui expliquant ma passion pour la politique et mon souhait de m’engager pour mon pays.

Après plusieurs rencontres, Stéphane Valeri m’a proposé de participer à la création de son nouveau parti politique : Primo! Priorité Monaco et d’en devenir la secrétaire générale.

Quel est votre souvenir le plus marquant au sein du Conseil national ?

KA : Je dois dire que chaque journée en tant qu’élue créée un souvenir. Depuis plus de 4 ans maintenant, nous n’avons pas eu de répit et vivons une mandature très chargée. Nous avons travaillé, parfois avec acharnement, sur de nombreux sujets, et nous avons obtenu de belles avancées.

Être élu et représenter les Monégasques, est un engagement de tous les jours. Chaque prise de parole, chaque séance publique, les heures – parfois très nombreuses – à travailler sur les textes, tout cela constitue un unique grand souvenir.

Toutefois, il est vrai que la crise de la COVID a été particulièrement marquante, et a demandé une implication, un engagement et une vigilance accrus. Sur le plan sanitaire bien entendu, mais également sur le plan économique. A ce titre, j’ai été particulièrement impliquée sur l’aide nécessaire à apporter aux entrepreneurs, qui pour certains ont été en grande difficulté. Il était à ce moment essentiel de les écouter, les soutenir, et les accompagner. Avec l’ensemble de mes collègues, nous avons travaillé sur les meilleures solutions pour les aider durant cette crise. Et la Principauté a été à la hauteur.

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MG : Je pense que l’un des moments les plus marquants de ma mandature est l’étude et le vote du projet de loi n° 1027 portant réforme des dispositions relatives à l’incrimination des agressions sexuelles, dont j’ai été la Rapporteure pour la Commission des Droits des Femmes et de la Famille, et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, ce texte est venu moderniser l’ensemble des infractions sexuelles qui n’étaient plus parfaitement adaptées aux comportements rencontrés aujourd’hui par nos tribunaux. Elles ne permettaient pas toujours de sanctionner ces comportements. Cette loi a doté la Principauté d’outils efficaces de répression en matière de viol et d’agressions sexuelles.

Ensuite, parce que ce sujet est d’une importance particulière et que ce texte a été l’occasion de repenser en profondeur la politique pénale en la matière.

Dans le cadre de nos travaux, nous avions à cœur de faire les bons choix, tout en s’assurant de la pleine applicabilité du texte. Cela n’a pas toujours été facile compte tenu de la gravité des comportements appréhendés par ces infractions et ce texte a suscité de nombreux échanges entre les élus.

Enfin, parce que je crois qu’en énonçant clairement les comportements sanctionnés, on a franchi une étape supplémentaire dans la lutte contre les violences sexuelles. Ce texte est donc une avancée pour les générations futures, et j’en suis particulièrement fière.

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Quel est le sujet politique qui vous tient le plus à cœur ?

KA : Comme je l’ai dit précédemment, je suis concernée par tous les sujets, mais il est vrai que celui de l’attractivité me tient particulièrement à cœur. Je suis en effet convaincue qu’il faut avoir une approche stratégique de l’attractivité, dans laquelle, chacun dans son rôle, participe à la modernisation de notre pays.

Sur ce point, certains dossiers majeurs méritent selon moi, et c’est une opinion partagée par l’ensemble du Conseil national, une attention particulière. Je pense notamment à l’attractivité des salariés quant aux salaires et aux prestations sociales, mais également à la mobilité dans son ensemble, ou encore à la refonte et à la modernisation de l’Administration. Cette liste n’est bien évidemment pas exhaustive.

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MG : De par mon métier, je suis particulièrement sensible aux questions sociales. J’ai également une affinité particulière avec les questions environnementales car je suis persuadée qu’avec quelques petites actions concrètes, la population pourrait mieux trier ses déchets et réduire sa consommation énergétique.

En ce qui concerne les sujets de la Commission que je préside, l’Éducation Nationale joue déjà tout son rôle pour préparer au mieux nos jeunes à réussir leurs études supérieures, mais certaines problématiques demeurent, comme le poids des cartables par exemple.

Côté jeunesse, il y a une vraie demande concernant les activités pour les jeunes en Principauté. Enfin, nous sommes en attente de la loi d’orientation au sujet de la pratique sportive en Principauté.

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Quel est votre regard sur la place de la femme en politique, à Monaco, en France et à l’échelle internationale ?

KA : A Monaco, nous sommes fiers de pouvoir compter un nombre important de femmes élues, tant au Conseil national qu’à la Mairie. La Principauté est dans l’ère du temps, et la question du genre ne se pose pas réellement. Au Conseil national, nous comptons 8 femmes élues, et notre Vice-Présidente, Brigitte Boccone-Pagès, est la première femme à occuper ce poste.

Par ailleurs, un grand nombre de femmes occupent de hauts postes dans l’Administration, et nous pouvons nous en féliciter. Bien évidemment, nous pouvons encore faire mieux. Et c’est d’ailleurs pour cela que le Conseil national, en 2020, a voté une résolution relative à la représentation des femmes au sein des Conseils d’Administration des entités publiques et privées dépendant de l’Etat.

Je pense qu’en France, c’est la même chose, les mentalités ont bien évolué depuis quelques années, et les femmes ont, tout autant que les hommes, leur place en politique. Et heureusement ! Car pour moi, faire une différence de genres tant au niveau professionnel qu’en politique, est une hérésie.
S’agissant de l’international en revanche, il reste beaucoup à faire…

MG : Je pense qu’à Monaco, les femmes sont assez bien représentées, même si certaines hésitent quand même à se lancer dans l’aventure. Il est vrai qu’il peut être difficile de concilier sa vie professionnelle, politique et personnelle, et cela peut être un frein pour certaines femmes.

Personnellement, j’ai la chance d’avoir un compagnon qui est également passionné par son travail et qui respecte mes passions. Il m’aide au quotidien pour que je puisse m’accomplir dans ma vie professionnelle et politique.

J’ai bon espoir quant à une représentativité plus importante des femmes au Conseil national. Nous avons pu remarquer lors des deux promotions du Conseil national des Jeunes, que beaucoup de jeunes filles se sont engagées.

Nous devons accompagner les femmes qui souhaitent s’engager en politique, car leur participation fait toute la différence. Elles apportent des compétences et des points de vue différents, qui permettent de façonner un nouvel ordre politique. D’ailleurs, Stéphane Valeri l’a bien compris, puisque son cabinet est principalement composé de femmes.

Quels sont vos projets et objectifs futurs ?

KA : Pour l’instant, ma priorité est de continuer à représenter les Monégasques et de répondre à leurs attentes jusqu’à la fin de la mandature, en gardant pour ligne de conduite le programme pour lequel nous avons été élus en 2018.

MG : Je souhaite plus que jamais continuer à travailler et m’investir pour mon pays, il y a tant à faire à Monaco entre autres pour l’égalité des sexes, la qualité de vie et l’implication des jeunes en politique.

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