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Interview

Vieillissement de la population et baisse du nombre de soignants : quel avenir pour la prise en charge des cancers ?

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© Pixabay

Quand on sait que 2 cancers sur 3 surviennent chez les personnes âgées de 75 ans et plus, l’enjeu est réel.

Olivier Ghérin, chef du pôle gérontologie du CHU de Nice © Serge-Henri
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En marge du 9ème Monaco Age Oncologie – congrès destiné aux oncologues et gériatres dans le but de discuter des soins médicaux et cliniques des patients âgés atteints de cancer – le chef du pôle gérontologie du CHU de Nice tire la sonnette d’alarme : « notre système de santé est dégradé et ce n’est que le début. »

« Le cancer est une maladie liée à l’âge »

Pour Olivier Ghérin, l’augmentation des besoins, corrélé à une baisse du nombre de soignants, constitue un réel problème qui pourra se résoudre à travers deux leviers : la prévention et le digital. Il n’est plus vrai de se dire « le jour où je serai malade, je serai bien soigné », pense le spécialiste, surtout dans les Alpes-Maritimes où la population est particulièrement vieillissante : 340 000 personnes ont 60 ans ou plus.

Les médecins sont unanimes : l’âge est le principal facteur de risque de la quasi-totalité des cancers. Donc, le nombre de cancers va augmenter de manière significative, et « près des trois-quarts seront diagnostiqués chez des personnes de plus de 75 ans d’ici quelques années. Or, comme toujours sur les questions liées à l’âge, nous avons l’impression que les autorités au sens large, ont du mal à prendre en compte ce phénomène. »

La vitamine D : remède miracle ?

Il faudrait donc à tout prix éviter d’être malade. Pour ça, la vitamine D est notre alliée. « Les personnes ayant des concentrations élevées de vitamine D ont un risque diminué de développer un cancer », assure Olivier Ghérin. Avocat, poissons gras, produits laitiers… Si la vitamine D se trouve dans notre alimentation, elle se trouve aussi et surtout dans la lumière du soleil (10% contre 90%).

Sauf que, « avec sa sédentarisation, l’être humain manque cruellement de soleil et donc de vitamine D. Et faire une journée en bateau ne suffit pas », précise-il. Conseil du spécialiste : se rendre chez son médecin ou pharmacien pour demander une supplémentation, sous forme d’ampoules, par exemple. L’astuce est valable à tout âge, mais particulièrement lorsque l’on vieillit. « Les séniors sont moins en capacité de fabriquer cette hormone, et donc sont carencés au moment où ils en ont le plus besoin. »

Sans oublier la vaccination, « la plus puissante des stratégies préventives », mais aussi la spiritualité, la sexualité, le sommeil ou encore le lien social. Car pour Olivier Ghérin, « si l’on veut être bons en matière de prévention, il faut être holistique, et prendre en compte tous ces facteurs qui engendrent des résultats aussi importants que ceux que l’on connaît déjà bien, comme l’activité physique ou l’alimentation. »

Des moyens toujours plus performants

Sur la question du manque de soignants, « il faut trouver d’autres modes de réponse, comme le digital », projette le professionnel de santé. Encore faut-il que nos séniors apprivoisent le numérique… Mais cela ne fait aucun doute pour Olivier Ghérin.

« Ceux qui auront 80 ans dans dix ans sauront parfaitement se servir d’un smartphone, ils l’utilisent déjà. Je pense que nous n’avons plus cet effet générationnel de discrimination numérique. Et puis, en parallèle, la technique fait que l’humain n’intervient quasiment plus dans les services digitaux, tant ces derniers sont devenus autonomes. » Une vision finalement pas si pessimiste, qui, on l’espère, nous permettra à tous de vivre vieux, et en bonne santé !