5 ouvrages sur des femmes inspirantes à découvrir à la Médiathèque de Monaco

Ce mois-ci, partons à la découverte de Jane Goodall, Billie Holiday ou encore Pauline Déroulède, des femmes aux parcours incroyables, courageux et inspirants.
Femmes inspirées, femmes inspirantes d’Emmanuel Terray
Pour démarrer cette sélection, Nathalie Barbaste-Marro, bibliothécaire au sein de la Médiathèque de Monaco, a choisi de présenter Femmes inspirées, femmes inspirantes d’Emmanuel Terray, décédé en 2024. « C’était un philosophe et un anthropologue très connu. Il a choisi quatre femmes qui ont traversé la période révolutionnaire : Pauline de Beaumont, Aimée de Coigny, Delphine de Girardin et Marie d’Agoult. C’étaient des femmes qui ont essayé de s’affranchir d’un monde dominé par les hommes », explique-t-elle.

Dans cet ouvrage, l’auteur dresse les portraits de ces quatre femmes marquantes du XIXe siècle. À la fois inspiratrices, écrivaines et figures engagées, elles ont su affirmer leur liberté et façonner leur destin. « Malheureusement, elles sont restées pour nous dans l’histoire comme « la maîtresse de ». Pauline de Beaumont était la maîtresse, par exemple, de François-René de Chateaubriand, mais elle menait une vie tout à fait libre », ajoute-t-elle.
À travers leur parcours, l’auteur met en lumière les tensions entre l’héritage de l’Ancien Régime et les bouleversements politiques et sociaux post-révolutionnaires. Il offre, dans son récit, une réflexion sur la place des femmes dans la société française et leur lutte pour la reconnaissance et l’émancipation, faisant ainsi écho aux combats contemporains.
Graines d’espoir et Le Livre de l’espoir de Jane Goodall
Isabelle, responsable du pôle vert et solidaire, a choisi de présenter Jane Goodall, une primatologue de renommée mondiale et fervente militante écologiste.
À travers ses ouvrages Le Livre de l’espoir et Graines d’espoir, elle partage ses réflexions engagées sur notre relation à la nature et les défis environnementaux de notre époque.
Dans Graines d’espoir, elle alerte sur les menaces que font peser la mondialisation et la dégradation des sols sur l’agriculture et la biodiversité, tout en mettant en lumière les initiatives positives qui allient responsabilité sociale et préservation du monde végétal.
Avec Le Livre de l’espoir, elle propose un message profondément optimiste, rappelant que chaque action, même modeste, peut contribuer à un changement global. Elle invite ainsi chacun à agir concrètement pour un avenir plus durable, convaincue que l’espoir est un moteur essentiel du combat écologique.

Le parcours de Jane Goodall est une source d’inspiration incroyable. Comme l’explique Isabelle : « Jane Goodall a changé notre vision des primates » en consacrant sa vie à leur étude et à leur protection. Née en 1934 en Angleterre, elle est passionnée dès son plus jeune âge par la nature et les animaux. En 1956, un voyage au Kenya change son destin : elle y rencontre l’anthropologue Louis Leakey, qui l’encourage à étudier les chimpanzés en Tanzanie. C’est ainsi qu’en 1960, elle s’installe dans la réserve de Gombe, où elle observe pour la première fois l’usage d’outils par les chimpanzés, une découverte révolutionnaire qui remet en question la frontière entre l’homme et l’animal.
Isabelle rappelle également les difficultés qu’a dû surmonter Jane Goodall dans un monde scientifique dominé par les hommes : « C’est son parcours et son combat qui sont inspirants, surtout qu’elle l’a commencé dans un temps où les femmes n’étaient pas reconnues. La première fois, elle a dû partir avec sa mère. L’État britannique ne laissait pas une femme seule partir en Afrique », explique-t-elle. Malgré ces obstacles, Jane Goodall poursuit ses recherches et fonde en 1977 le Jane Goodall Institute pour la protection des chimpanzés et de leur habitat.

Aujourd’hui, bien qu’âgée de 90 ans, elle reste très active et continue son combat pour l’environnement à travers des conférences et ses engagements auprès des Nations Unies. Isabelle rappelle d’ailleurs qu’elle a reçu des mains de Joe Biden, le 4 janvier dernier, la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile aux États-Unis.
Comme le souligne Isabelle, Jane Goodall est aujourd’hui aussi reconnue comme une femme de conviction, qui veut transmettre un message positif : « Il y a toujours le mot espoir dans ces livres. Elle explique que chaque geste compte. On peut tous faire quelque chose, on peut tous agir. Ce qu’elle reproche souvent, c’est qu’on ne mette pas suffisamment en avant tout ce qui est fait dans le bon sens. »
Enfin, Isabelle a choisi de mettre en avant un passage fort de cet ouvrage : « Actuellement, la situation du monde peut certes sembler désespérée, me dis-je. Pourtant, Jane garde de l’espoir chevillé au corps, envers et contre toute logique. En fait, l’espoir ne dépend pas des faits. Il serait plutôt un moyen de fabriquer de nouveaux faits. Si Jane continue d’espérer malgré le triste état de notre monde, il y a à cela quatre grandes raisons : les ressources phénoménales de l’intelligence humaine ; la résilience de la nature ; le pouvoir de la jeunesse ; la force indomptable de l’esprit humain. C’est le message qu’elle n’a cessé de délivrer partout sur la planète pour susciter l’espoir. »
Billie Holiday, une affaire d’état
Anaïs, responsable de la vidéothèque-sonothèque, a choisi de présenter deux grandes chanteuses américaines de jazz : Billie Holiday et Samara Joy.

« C’est un portrait d’une femme extrêmement courageuse et toujours d’actualité, selon moi », explique-t-elle. Réalisé par Lee Daniels, ce biopic retrace la lutte de Billie Holiday (jouée par l’actrice Andra Day) contre la persécution du FBI dans les années 1940. En raison de sa chanson Strange Fruit, dénonçant le lynchage des Noirs, elle devient une cible du gouvernement, qui utilise sa dépendance aux drogues pour la faire tomber.
« Elle va passer toute sa vie à se battre contre le système et à chanter cette chanson. En prison, elle va subir des choses terribles. J’avais donc envie de la présenter parce que, malgré toutes les pressions que le gouvernement a exercées sur elle pour la réduire au silence, toute sa vie et jusqu’à la fin de sa vie, elle n’a jamais cessé de dénoncer, d’être courageuse et d’utiliser sa voix comme une arme contre l’injustice. Je trouve que c’est un très beau biopic. La mise en scène est à la fois très intimiste et percutante. », poursuit-elle.
Linger Awhile de Samara Joy
Pour faire écho à ce film, Anaïs a choisi de mettre en avant une jeune interprète, Samara Joy McLendon : « C’est une grande vocaliste qui revisite des grands classiques de la musique jazz. Je trouve ça assez inédit qu’à son jeune âge, elle ait remporté deux Grammy Awards avec son deuxième album. Elle est considérée comme une étoile montante dans le monde du jazz. »

Son deuxième album, Linger Awhile, sorti en 2022, a atteint la première place du classement Billboard Jazz Albums. Cet album met en valeur son lien profond avec le jazz classique.
« Elle est complètement différente de Billie Holiday. Elle n’est pas connue pour être une militante. Sa force, c’est de rendre le jazz accessible au grand public, là où il peut être considéré comme élitiste. On la compare, par exemple, à Nina Simone, à Ella Fitzgerald, ce n’est pas rien ! Elle a beaucoup de maturité dans sa voix. Je trouve que c’est un personnage incroyable, elle fait vivre la musique jazz à sa manière. »
(IM)POSSIBLE de Pauline Déroulède
Enfin, Dominique présente (IM)POSSIBLE avec une émotion particulière, car Pauline Déroulède est aussi une de ses amies. Son histoire est celle d’une femme ordinaire dont la vie bascule brutalement lorsqu’un automobiliste de 92 ans la percute à 80 km/h, lui faisant perdre sa jambe gauche.
Pourtant, dès son lit d’hôpital, elle lance une phrase qui impressionne encore Dominique : « Ne vous inquiétez pas pour moi, même si je n’ai plus de jambes, je ferai les Jeux paralympiques en 2024. »

Son livre est bien plus qu’un récit personnel, c’est une leçon de résilience et de combativité. Pauline raconte sa reconstruction, ses souffrances, mais aussi ses victoires, comme son ascension fulgurante dans le tennis fauteuil, qui lui a permis de se qualifier lors des Jeux de Paris 2024.
Dominique insiste sur la profondeur de son témoignage : « Je suis très touchée par tout ce qu’elle a traversé. Ce livre, c’est son combat, c’est sa vie. Derrière cette femme optimiste et déterminée, il y a aussi l’envers du décor : la douleur, les batailles administratives, la difficulté de pardonner. Elle s’est vraiment livrée et je suis admirative de cette personne qui, pour moi, a une détermination sans faille. »
Pauline ne se contente pas de poursuivre ses rêves sportifs, elle se bat aussi pour une cause qui lui tient à cœur : imposer des tests de conduite aux seniors afin d’éviter d’autres drames. Elle évoque également la reconnaissance des victimes collatérales comme sa compagne, Tiphaine, dont la souffrance reste souvent invisible.
« C’est un livre qui est très émouvant. Elle parle d’elle, mais aussi d’autres personnes handicapées qu’elle a rencontrées », explique-t-elle. Un passage particulièrement touchant pour Dominique est la rencontre de Pauline avec Cléo, une jeune fille amputée à l’âge de trois ans et moquée à l’école : « Pauline va l’aider à accepter son corps et lui faire découvrir le tennis fauteuil. Cléo est devenue une excellente joueuse. »