Condamné pour agression sexuelle : il admet avoir eu une « pulsion »

Un homme de 53 ans, résidant à Mougins, a été jugé ce 7 octobre 2025 au tribunal correctionnel de Monaco pour une agression sexuelle commise en février dernier sur une employée de nettoyage du centre commercial.
Les faits remontent au 12 février 2025, dans l’ascenseur du centre commercial de Fontvieille. La victime, agent de service, nettoyait une vitre de l’ascenseur lorsqu’un homme a posé sa main sur ses fesses. Si pour le prévenu il ne s’agissait que d’un « effleurement », pour la justice, les faits constituent bien une agression sexuelle.
À la barre, le prévenu tente d’expliquer son geste : « J’ai eu une pulsion à ce moment-là malheureusement. Je l’ai reconnu, je regrette. » Interrogé par le tribunal sur ses attentes, l’accusé se justifie : « J’avais envie d’avoir un rapport sexuel, je lui avais fait comprendre. Elle m’a demandé si je prenais l’ascenseur ». Face à ces déclarations, la victime livre une version différente : « Il m’a simplement demandé s’il pouvait monter au premier étage, j’ai continué de faire mon boulot. On n’a pas du tout parlé. Je l’ai vu seulement une dizaine de fois à Carrefour, il n’y a eu que des bonjours, et ça s’arrête là ». Pour elle, il n’y a jamais eu de rapprochement ni de flirt entre eux. Mais, l’accusé persiste : « On s’est salué comme d’habitude, on a échangé pendant 3 ou 4 minutes, elle m’a demandé si je montais, on est monté ensemble, c’était une bonne chose et après j’ai déconné », explique-t-il.
« Je n’étais pas au courant qu’il y avait une caméra dans l’ascenseur »
Le tribunal s’étonne de l’âge du prévenu. Lorsqu’il indique avoir 53 ans, le président lui rétorque : « On apprend à se contrôler à cet âge-là ». Un élément du dossier interpelle particulièrement le tribunal : lors de son interpellation, l’accusé aurait déclaré : « Je n’étais pas au courant qu’il y avait une caméra dans l’ascenseur, je ne suis pas idiot non plus. » Pour le tribunal, cette phrase révèle que s’il avait su qu’il était filmé, il n’aurait pas commis son geste. Le prévenu ne s’est pas excusé spontanément après les faits. Il est revenu voir la victime le lendemain, lorsque les agents de sécurité lui ont interdit l’accès au site suite à la plainte : « Vous aviez toute la journée au moment des faits pour revenir vous excuser », indique le tribunal.

Lorsqu’elle prend la parole, la victime exprime sa détresse : « Il me fait très, très peur. C’était il y a huit mois et maintenant je ne dors plus, je ne suis pas bien. J’ai tout essayé », déclare-t-elle en larmes. « Dès que je vois une personne qui lui ressemble, je ne suis pas bien. C’est la première fois que ça m’arrive quelque chose de ce genre. » Face à cette réaction, le prévenu déclare : « J’avais pas conscience que ça avait pu la choquer autant que ça. Je regrette, il y a eu juste un petit effleurement lors d’une discussion. »
L’avocate de la partie civile dénonce le comportement du prévenu : « Quand il vient le lendemain, ce n’est pas pour s’excuser, c’était pour dissuader Madame de porter plainte, car monsieur travaille avec le centre commercial ». Elle insiste sur les conséquences durables pour sa cliente : « Elle en pâtit depuis huit mois. Elle n’est pas en mesure, avec ses revenus, de se traiter pendant un an et de voir un psychologue. »
Interrogé lors de son interpellation sur ses pulsions sexuelles, le prévenu aurait répondu : « Non pas régulièrement, mais oui, occasionnellement ». L’avocate de la victime considère qu’il s’agit d’une personne perverse et demande une peine assortie d’une obligation de soins « afin de protéger les autres femmes à Monaco ». Concernant les intérêts civils, l’avocate réclame 4 000 euros de préjudice financier correspondant à un suivi psychologique d’un an selon les tarifs monégasques, ainsi que 6 000 euros de préjudice moral en dommages et intérêts. Elle rappelle que sa cliente fait des cauchemars et prend des anxiolytiques depuis l’agression.
Le procureur se montre ferme : « Madame est une femme de ménage qui fait son boulot, elle se fait agresser de manière gratuite par le mis en cause aujourd’hui. Ce geste de peloter les fesses, car on se croit au-dessus de tout le monde, au-dessus de cette femme, eh bien oui cela a des conséquences ». Elle lit une déclaration du prévenu lors de son interpellation : « Je ne pensais pas que ça aurait autant de conséquences. »
Le procureur insiste : « Il est inquiet pour son travail, pas pour ses gestes. Le lendemain, elle le revoit, elle se sent d’autant plus agressée. Oui c’est bien une agression sexuelle. Oui ça a le droit de la traumatiser ». Dans ses réquisitions, le procureur réclame huit mois de prison avec sursis, une interdiction d’entrer en contact avec la victime pendant trois ans et une interdiction de séjour à Monaco pendant trois ans. Elle conclut : « Une femme n’est pas un objet sexuel que l’on peut tripoter dans un ascenseur. C’est une infraction pénale qui était largement sanctionnée il y a quelque temps. »
La défense plaide l’absence de récidive
L’avocat du prévenu rappelle que les images de vidéosurveillance ne permettent pas d’identifier clairement le geste : « Il s’agit d’une séquence de 15 secondes où même les policiers précisent que l’on ne voit pas grand-chose. » Il souligne que c’est l’accusé lui-même qui a reconnu les faits « en toute honnêteté ». La défense insiste sur l’absence de réitération depuis huit mois et rappelle que son client « n‘est pas connu comme un prédateur sexuel, comme un pervers. »
Il regrette l’absence d’expertise psychiatrique dans le dossier et l’absence de certificat médical prouvant l’état de santé de la victime pour justifier les 4 000 euros de soins réclamés. Il demande ainsi de réduire le montant des intérêts civils et martèle : « Il n’a cherché qu’à s’excuser ». Concernant la demande de non-inscription au casier judiciaire, l’avocat argumente : « Depuis les faits, mon client ne s’est pas présenté à Monaco de lui-même, il a trouvé une autre activité aujourd’hui, il entame les démarches pour devenir chauffeur VTC, et avec cette mention sur son casier, il aura du mal à démarrer cette activité. » La défense accepte en revanche la peine de ne plus entrer en contact avec la victime.
Après délibération, en l’absence du prévenu, le tribunal le reconnaît coupable des faits qui lui sont reprochés. Il est condamné à huit mois de prison avec sursis, à une interdiction d’entrer en contact pendant trois ans avec la victime et à une interdiction de séjour à Monaco pendant trois ans. Le tribunal rejette la demande de non-inscription au bulletin n°2 du casier judiciaire. Concernant les dédommagements, le prévenu est condamné à verser 2 000 euros à la victime pour préjudice confondu.