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Récit

De la pompe vitale à l’imposteur des émotions : 5 choses à découvrir sur le cœur

© Karola G - Unsplash
Le Centre cardio-thoracique de Monaco a organisé sa 36ème Journée Internationale le vendredi 7 novembre, sur "l'insuffisance cardiaque" © Karola G - Unsplash

À l’occasion de la 36ᵉ Journée internationale de l’insuffisance cardiaque, qui s’est tenue le 7 novembre au Centre cardio-thoracique de Monaco, focus sur cet organe vital et fascinant.

1. Une pompe infaillible (ou presque)

« C’est une pompe, tout simplement. Une pompe merveilleuse », sourit le cardio-chirurgien pédiatrique René Prêtre, président du conseil scientifique du Centre cardio-thoracique de Monaco. Ce mot, dépouillé de toute métaphore, résume à lui seul la performance : au repos, le cœur propulse cinq litres de sang par minute, soit près de 100 000 battements par jour. Deux marathons quotidiens, sans pause ni répit, durant une vie entière. « Il travaille jour et nuit, samedi, dimanche, sans vacances, pendant 80 ans », rappelle le médecin suisse. Et s’il s’arrête quelques instants sur une table d’opération, le voir repartir demeure pour les chirurgiens « un moment de vie à l’état pur », confie René Prêtre en nous racontant la transplantation cardiaque sur un enfant.

René Prêtre et Luc Ferry, lors du congrès du Centre cardio-thoracique de Monaco le 7 novembre 2025 © Benjamin Godart - Monaco Tribune
René Prêtre et Luc Ferry, lors du congrès du Centre cardio-thoracique de Monaco le 7 novembre 2025 © Benjamin Godart – Monaco Tribune

2. Léonard de Vinci et le tourbillon du sang

Bien avant la médecine moderne, Léonard de Vinci est le premier à observer et décrire le mouvement tourbillonnaire du sang à l’intérieur du cœur. En disséquant des cœurs de bœuf et en injectant de la cire colorée dans les cavités, il découvre que le sang forme de petits vortex dans l’aorte, juste à la sortie des valves aortiques – un phénomène qu’il illustre dans ses croquis anatomiques. Cinq siècles plus tard, des chercheurs de l’Imperial College London ont confirmé cette intuition grâce à l’imagerie IRM 3D : ces tourbillons favorisent la fermeture harmonieuse des valves et réduisent l’usure du muscle cardiaque.

© Europeana – Unsplash

3. Un million d’insuffisances cardiaques en France

L’insuffisance cardiaque est une pathologie dans laquelle le cœur ne parvient plus à pomper le sang efficacement pour répondre aux besoins de l’organisme. Elle peut résulter de maladies coronariennes, d’hypertension ou de troubles du muscle cardiaque. Les symptômes les plus fréquents sont la fatigue, l’essoufflement et la rétention d’eau, qui se manifeste par un gonflement des jambes ou de l’abdomen. Si elle n’est pas prise en charge, l’insuffisance cardiaque peut évoluer vers une dégradation progressive de la fonction cardiaque, rendant la surveillance médicale et l’adaptation du mode de vie essentielles.

Ce qui peut conduire à une transplantation cardiaque lorsque le cœur d’un patient est trop endommagé pour être réparé. La première transplantation cardiaque de l’histoire a eu lieu le 3 décembre 1967 au Cap, en Afrique du Sud. « Le chirurgien Christiaan Barnard, devient aussitôt connu dans le monde entier. On l’aperçoit notamment à Monaco, dès l’année suivante où il rencontre la Princesse Grace », explique René Prêtre qui décrit cette opération comme un tournant dans l’histoire de la médecine cardiaque. Elle représente l’une


870
patients en attente de greffe cardiaque en 2024 en France. 424 ont été réalisées

1,1 millions
En 2022, l’insuffisance cardiaque touchait environ 1,7 % de la population française — soit 1,1 million de personnes.


4. Le cœur, imposteur des émotions…

« Le cœur a ses raisons que la raison ignore », écrivait Pascal. Mais pour René Prêtre, le cœur est surtout une caisse de résonance : « Ce n’est pas lui qui fait les émotions, c’est notre cerveau. Mais il les amplifie. On le sent battre, il réagit à la peur, à l’amour, à la colère. » C’est peut-être cette vibration physique qui lui a valu son prestige symbolique. « Regardez les mots liés à l’amour : j’ai le cœur lourd, le cœur brisé… On lui a tout donné », poursuit le chirurgien.
Pour le philosophe Luc Ferry, invité à l’évènement à Monaco, le cœur demeure le symbole universel du courage et de l’identité : « Dans la mythologie grecque, c’est le lieu du courage ; dans la tradition chrétienne, le siège de l’amour divin. »

5. … mais qui se remodèle après un choc

Contrairement à ce que l’on a longtemps cru, le cœur n’est pas un organe totalement figé.
Depuis les années 2000, les médecins ont identifié un phénomène baptisé « syndrome du cœur brisé », ou Takotsubo, du nom d’un piège à poulpes japonais dont la forme rappelle celle du ventricule gauche.

Sous l’effet d’un choc émotionnel intense – décès, rupture, accident – le muscle cardiaque peut se dilater brutalement et perdre temporairement sa capacité à se contracter. Le patient présente alors tous les signes d’un infarctus, sans qu’aucune artère ne soit obstruée. La plupart du temps, le cœur reprend sa forme et sa fonction normales en quelques semaines.