Publicité »
Interview

Oleg Petrov : « Le championnat de France a tout pour être une locomotive du basket européen »

Oleg Petrov
Oleg Petrov a pris la pose dans les jardins du Casino de Monte-Carlo, à quelques pas de son bureau (© Photo Romain Boisaubert/Monaco Tribune)

Le directeur général de Fedcom Media s’est longuement confié pour Monaco Tribune sur les ambitions toujours plus grandissantes de la filière de Fedcom Group présidée par Aleksej Fedoricsev, qui s’apprête à passer à la vitesse supérieure avec une version 2.0 de sa plateforme de streaming Skweek, seul diffuseur en France des Coupes d’Europe de basket-ball.

Publicité

C’est un Oleg Petrov souriant, barbe saillante, vêtu d’une veste de blazer verte sapin à l’élégance certaine qui nous a reçu dans son bureau, qu’il occupe depuis qu’il a été intronisé directeur général de Fedcom Media l’année dernière.

Dans un français désormais parfait, finement aiguisé depuis son passage à l’AS Monaco (2019-2023), l’ancien vice-président du club de la Principauté a évoqué l’évolution de la plateforme de diffusion Skweek, qui en train de révolutionner la consommation du basket-ball en France. En attendant de se développer prochainement à travers l’Europe. Extraits.

Plusieurs mois après son lancement, quel est le prochain virage que s’apprête à prendre Skweek ?

L’objectif de Fedcom Media et du Skweek 2.0 est de créer une plateforme globale qui regroupe une offre streaming, avec différentes verticales comme la mode, le lifestyle, les sneakers, la musique ou encore le gaming. L’ambition est de proposer un contenu accessible pour le plus grand nombre, une destination pour la jeunesse, qui serait le rendez-vous de la génération Z et des fans de basket. Le tout en gardant ce dénominateur commun qui est la balle orange.

Ces dernières années, les modèles de diffusion ont changé, à l’image de la Formule 1, qui a su se réinventer pour attirer un nouveau public et valoriser la discipline, avec de nombreux contenus annexes, qui se sont ajoutés à la simple retransmission des Grand Prix. Est-ce un modèle à suivre ?

Absolument. Nous allons augmenter considérablement notre contenu, en produisant encore plus d’émissions et de contenus vidéo, à destination des réseaux sociaux notamment. Nous allons à titre d’exemple produire un show avec une star de l’Euroleague chaque semaine ou tous les quinze jours, mais aussi proposer une rubrique actualités. La manière de consommer le sport et les matchs de la jeune génération a évolué ces dernières années. Nous devons réfléchir à des nouvelles méthodes d’écritures, de la vidéo de dix secondes d’un dunk au best-of d’un match en deux minutes. Nos équipes vont être renforcées dans tous les domaines pour mener à bien ce projet.

Paris est la capitale du basket en Europe, de nombreux jeunes jouent au basket dans la capitale et de grands talents évoluent en NBA. L’Angleterre, où le basket n’est pas un sport roi, a également beaucoup de potentiel

Vous semblez aujourd’hui convaincu que le basket est le sport qui a le plus de potentiel en Europe derrière le football. Pourquoi ?

Le football a pris une place tellement considérable depuis plusieurs années que le basket a été marginalisé. Et pourtant, quand on regarde une compétition comme l’Euroleague, on se rend compte que nous avons la chance d’avoir une compétition de très haut niveau, juste derrière la NBA. Les gens qui suivent le basket en ont conscience. Les équipes et les joueurs sont spectaculaires et pourtant, certains marchés ne sont pas encore exploités, alors qu’aux États-Unis, le basket est pratiquement le sport numéro un. L’écart est encore trop grand, mais nous avons l’opportunité de prendre une dimension bien plus importante dans les années à venir. Tout est réuni pour y arriver.

Quels sont selon vous les pays les plus prometteurs ?

La France, pour commencer. C’est pour cela que Skweek est né à Monaco. Par rapport à l’Espagne, la Grèce ou la Turquie, le basket n’est pas une place forte en France et c’est une anomalie. Le championnat de France a tout pour être une locomotive du basket européen. Paris est la capitale du basket en Europe, de nombreux jeunes jouent au basket dans la capitale et de grands talents évoluent en NBA. L’Angleterre, où le basket n’est pas un sport roi, a également beaucoup de potentiel. L’ambition de l’Euroleague est de cibler Londres, qui va arriver sur le marché prochainement. L’Allemagne et l’Italie sont aussi des marchés à exploiter. Skweek n’est pas là que pour le marché français. Nous avons l’ambition de devenir une marque européenne.

Oleg Petrov-min
Oleg Petrov dans la salle Gaston-Médecin, antre de la Roca Team, lors de l’intronisation comme directeur général de Fedcom Media (Photo ©Fedcom Media)

En participant aux appels d’offres des différents championnats nationaux en Europe ?

Ceux qui ont de la valeur et qui ne sont pas exploités, bien sûr. L’Espagne est un marché plus mature, qui a déjà une couverture intéressante. Mais comme je l’ai précisé précédemment, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou l’Italie nous intéressent. Tout comme les droits de la NBA en Europe ou ceux de l’Euroleague en NBA. De nombreux joueurs européens évoluent en NBA et beaucoup d’Américains sont en Euroleague. Il y a un intérêt du public dans ces pays de suivre ces joueurs.

À court terme, la priorité reste-t-elle le championnat de France ?

C’était notre projet initial, de retransmettre tout le basket en France, qu’il soit féminin ou masculin, national ou européen. Nous avons fait une offre l’année dernière, déjà très conséquente, mais qui était peut-être encore un peu prématurée. Mais nous allons faire une nouvelle proposition cette année.

Pour bâtir une compétition de qualité, cela demande beaucoup d’investissements. Et une période de trois ou quatre ans n’est pas suffisante. Pour que les clubs puissent grandir et augmenter leurs revenus, il faut de la visibilité à long terme

Ressentez-vous l’intérêt des acteurs de la discipline, mais aussi de la Ligue et de la Fédération ?

D’après les opinions que j’ai recueillies et quand je vois les projets de l’AS Monaco Basket, de l’ASVEL ou du Paris Baskeball, l’intérêt de tous et de voir le basket grandir en France. Le football est l’exemple à suivre. Mais pour cela, il est nécessaire d’avoir un diffuseur solide et des partenaires conséquents, sur une longue période. Pour bâtir une compétition de qualité, cela demande beaucoup d’investissements. Et une période de trois ou quatre ans n’est pas suffisante. Pour que les clubs puissent grandir et augmenter leurs revenus, il faut de la visibilité à long terme. Aux États-Unis, les droits TV de la MLS (championnat de football américain) ont été signés sur une période de dix ans.

Quel bilan tirez-vous des premiers mois de lancement de Skweek ? Le public est toujours friand de chiffres…

(Il sourit) C’est encore un peu tôt pour en parler, nous dévoilerons les premiers chiffres en fin de saison. Mais d’un point de vue numérique, nous avons déjà amplement dépassé ce que l’on s’était fixé en termes d’abonnés. Nous avons posé des bases solides et nous allons maintenant accélérer.

Pour devenir à terme le NBA League Pass européen ?

Alors là, si demain nous pouvons être le NBA League Pass, nous signons tout de suite ! Nous n’allons pas nous comparer au NBA League Pass, mais nous allons déjà nous concentrer sur le Skweek 2.0. Quand on voit les joueurs qui nous disent que c’est génial d’avoir une plateforme complète où voir les matchs et suivre le basket, on se dit que l’on est sur le bon chemin.