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Récit

La Croix-Rouge monégasque s’adapte aux exigences de Moneyval

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Frédéric Platini, Secrétaire Général de la Croix-Rouge monégasque, pendant la conférence annuelle de l'organisation ce mercredi. ©Direction de la Communication

À l’occasion de la conférence annuelle de la Croix-Rouge monégasque, son Secrétaire Général a évoqué les difficultés auxquelles font face les associations dans un contexte de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

« Les organisations non gouvernementales sont souvent ciblées, on est considéré comme un point d’entrée pour le blanchiment de capitaux », introduit Frédéric Platini. À l’heure où Moneyval surveille les efforts de la Principauté pour appliquer une réglementation stricte « en matière d’enquêtes et poursuites de blanchiment de capitaux » (Rapport Moneyval 2023), le Secrétaire Général de la CRM se fait le relais du monde associatif humanitaire monégasque – en assurant que le problème énoncé est généralisé au-delà des frontières de la Principauté – en train de faire face à des difficultés pour réceptionner des dons et mener leurs actions dans certains pays du globe.

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« Aujourd’hui, à partir du moment où on devrait recevoir un don supérieur à 200€, on doit aussi recevoir la carte d’identité du donateur, souligne-t-il et ajoute, on a des refus, très clairement. Des gens qui veulent donner de manière anonyme, ne pas donner leur lieu de résidence. » « La Croix-Rouge monégasque est grosse par rapport aux autres acteurs, mais je sais que ces autres acteurs souffrent. »

« On met en place ces procédures, mais ça coûte de l’argent »

En 2023, la CRM est intervenue en Syrie, au Soudan ou en Afghanistan, des pays « blacklistés ». Ce terme traduit le blocage de versements financiers de la part des banques monégasques vers ces pays. « Tout ce qui est transparence, on est à l’avant-garde, on a toutes les procédures mises en place. Il n’empêche que si les populations bénéficiaires, elles sont en Syrie parce qu’il y a eu un tremblement de terre là-bas, il faut qu’on soit en mesure d’envoyer les fonds à La Croix-Rouge syrienne », développe le Secrétaire Générale qui reconnaît que la reconnaissance mondiale du mouvement de la Croix-Rouge permet à l’organisme, le plus souvent, de parvenir à faire transiter les fonds. Mais ce n’est pas le cas pour tous. « J’ai discuté avec Mission Enfance dernièrement, ses pays d’intervention sont l’Irak et l’Afghanistan. C’est compliqué », énonce le Secrétaire Général de la CRM, à l’égard de l’organisme né en France et à Monaco qui assiste les enfants du monde entier.

« Oui pour la transparence, non au financement du terrorisme, c’est très clair. Non au blanchiment d’argent, c’est très clair aussi, mais il faut laisser aux organisations non gouvernementales la capacité de fonctionner dans leurs pays d’intervention pour venir en aide aux populations », poursuit Frédéric Platini. « Cette distinction entre le circuit financier et le bénéficiaire, c’est quelque chose qui commence à poser de gros problèmes à ces organisations. »

À ses côtés, Claude Fabbretti, Directeur opérationnel du secourisme et des actions internationales à la CRM, évoque également la gestion administrative « colossale », que nécessite la gestion actuelle d’opérations humanitaires dans les pays énoncés. « À la Croix-Rouge, nous avons la chance d’être structuré et d’avoir des équipes mais ce n’est pas toujours le cas pour les petites structures ». Et de citer l’exemple de la Syrie, où les victimes des récents tremblements de terre ont nécessité l’aide de la CRM. « On a un devoir, on met en place ces procédures mais ça coûte de l’argent, et ça coûte encore plus d’argent quand on intervient dans des pays compliqués en termes de sécurité et de régime politique », figure le responsable.

À l’heure actuelle, la CRM assure tenir ses registres à la lettre, que cela concerne ses bénéficiaires au Burkina Faso ou l’identité de ses donateurs à l’occasion des campagnes de dons qu’elle organise régulièrement. Mais le constat est là et l’inquiétude ressentie par les responsables de la branche monégasque du mouvement mondial nous questionne quant à l’avenir du financement des actions humanitaires à l’international.