La pêche à Monaco, une réglementation complexe
En Principauté, la pêche est accessible, mais il est nécessaire de connaître la réglementation.
Ce mardi après-midi ensoleillé de mars, les pêcheurs ne se bousculent pas. Dans la zone du Solarium, seulement deux personnes ont installé leurs cannes. Parmi eux, Bruno, ce n’est pas un habitué des lieux, mais il aime bien ce spot. « Là, je fais de la pêche sportive. Ici, il y a une bonne profondeur, donc c’est parfait » indique le jeune homme « En plus, je travaille à Monaco, c’est pratique ». En effet, le long de la digue située au port Hercule, il peut y avoir jusqu’à 55 mètres de profondeur.
Aujourd’hui, la séance n’est pas payante, aucun poisson ne mord à l’hameçon. « Parfois, je ne pêche rien de la journée » ajoute-t-il. La pêche, c’est avant tout un plaisir, en tout cas pour Bruno, « ça va faire quatre ans que je pratique donc je me débrouille plutôt bien » assure-t-il. Côté réglementation, il s’y connaît. En revanche, ce n’est pas le cas de tout le monde.
Les lieux et autorisations
À Monaco, il n’est pas nécessaire d’avoir un permis pour pratiquer la pêche récréative. En revanche, celle-ci n’est pas autorisée partout. La Fédération Monégasque de Pêches Sportives (FMPS) a développé un outil digital afin de rendre compte des zones autorisées à pied, à la nage et en bateau. La carte est disponible sur le site internet de l’association.
Les zones vertes sont accessibles sans restriction à l’exception de la zone Solarium. Celle-ci, délimitée par des bouées jaunes, est interdite du 1ᵉʳ mai au 31 octobre, sauf de 21 heures à 6 heures.
Au sujet de la pêche sous-marine, cette pratique nécessite une déclaration préalable auprès de la Division de la Police Maritime et Aéroportuaire. Cette déclaration annuelle doit être accompagnée d’un certificat médical d’aptitude à la pêche sous-marine ainsi que d’une police d’assurance couvrant pour une somme illimitée la responsabilité civile du déclarant à raison des accidents corporels éventuellement causés aux tiers lors de l’exercice de la pêche sous-marine, ou d’une licence de pêche sous-marine.
Par rapport à l’ouverture de la pêche sans permis, Bruno pointe un problème notable. « Très bien, il n’y a pas de permis de pêche, donc tout le monde peut venir avec sa canne. Mais chacun ne connaît pas forcément toutes les règles ni les poissons à ne pas pêcher. J’ai de l’expérience, donc quand je vois un poisson protégé, je le relâche, mais ce n’est pas le cas de tous les pêcheurs. »
Vente, espèces protégées, dimensions… De nombreux interdits
Principalement, dans un souci de protection de la biodiversité et de respect des activités économiques, la pêche à Monaco se veut être une pratique structurée par le code monégasque de la mer.
Dans un premier temps, la vente des poissons ou crustacés issus d’une pêche de loisir est interdite, ceci étant réservé à l’activité professionnelle comme indiqué dans l’article 244-2 du Code de la mer.
À propos des espèces protégées, le Code de la mer dresse une liste de 16 espèces marines interdites à la pêche. « J’ai déjà attrapé plusieurs mérous, je les ai remis à la mer directement. Mais admettons que je ne le sache pas et que j’en garde un, la sentence est très lourde ».
En termes de dimension, il est illégal de pêcher des animaux inférieurs à 12 centimètres, à moins qu’ils n’appartiennent à des espèces qui, à l’âge adulte, restent au-dessous de cette dimension. D’autre part, la capture de nombreuses espèces est soumise à des mesures minimales autres que celle citée précédemment (liste disponible sur le site de la FMPS).
Il est également important de rappeler que la traditionnelle pêche à la poutine, très pratiquée sur la Côte d’Azur, est formellement interdite à Monaco.
Concernant le matériel autorisé, la législation fixe certaines limites. « Quiconque a fait usage pour la pêche d’explosifs, de moyens d’électrocution, d’armes à feu ou de drogues est puni d’un emprisonnement de six mois à dix-huit mois et de l’amende prévue au chiffre 4 de l’article 26 du Code pénal », soit de 18 000 à 90 000 euros. De surcroît, les pêcheurs non-professionnels pratiquant dans l’espace maritime de Monaco, à bord d’un navire ou d’une embarcation dont le port d’attache n’est pas à Monaco, sont soumis à une restriction de matériel indiquée par l’article O. 244-22 du Code de la mer.
Les espèces interdites à la pêche :
- Oursin diadème (Centrostephanus longispinus)
- Mérou brun (Epinephelus marginatus) et corb commun (Sciaena umbra)
- Oursin violet (Paracentrotus lividus), du 1er avril au 31 août ;
- Éponge commune (Hippospongia communis) ;
- Éponge de toilette oreille d’éléphant (Spongia agaricina) ;
- Éponge de toilette (Spongia officinalis) ;
- Éponge (Spongia Zimocca) ;
- Corail rouge (Corallium rubrum) ;
- Ombrine commune (Umbrina cirosa) ;
- Raie blanche (Raja alba) ;
- Requin mako (Isurus oxynrichus) ;
- Requin taupe (Lamna nausus) ;
- Requin bleu (Prionace glauca) ;
- Ange des mers (Squatina squatina) ;
- Lithophages (Lithophaga litophaga) et pholades (Pholas dactylus)
- Le homard (Homarus gammarus) et la langouste (Palinuridae) font l’objet d’une réglementation particulière,
Leur pêche est interdite du 15 août au 15 février pour les homards et langoustes mâles ou non œuvés ; les femelles de langoustes et de homards œuvées sont immédiatement remises à la mer en cas de capture accidentelle