« Mieux connaître pour mieux protéger » : les élèves de l’AME en mission dans le Sanctuaire Pelagos

Reportée une première fois à cause des conditions météorologiques, la sortie en mer des élèves de l’École Saint-Charles a finalement eu lieu ce mercredi 25 juin. Malgré une mer toujours quelque peu agitée qui n’a pas permis d’observer ses habitants, cette expédition restera gravée dans les mémoires de ces jeunes gardiens de l’Aire Marine Éducative de Monaco.
8h30 du matin au port Hercule. Les élèves de CM2A ont embarqué à bord de l’Atlantide 2, le navire gracieusement mis à disposition par Pierre Brezzo, dirigeant de la société Monaco Riviera Navigation. Direction le Sanctuaire Pelagos, cette vaste zone protégée de 87 500 km² qui s’étend entre l’Italie, la France et Monaco, réputée pour sa concentration exceptionnelle de mammifères marins.
Tout au long de l’année scolaire, ces jeunes scientifiques en herbe se sont investis dans des programmes de recherche rigoureux. Analyse de l’ADN environnemental, observation de la faune marine via les caméras BRUVS (Baited Remote Underwater Video System), recensement des poissons selon la méthode FAST (Fish Assemblage Sampling Technique) : autant de protocoles qui leur ont permis de collecter des données concrètes sur la biodiversité de leur Aire Marine Éducative (AME).

Quand la nature impose ses règles
Mais ce matin-là, la Méditerranée n’était pas d’humeur clémente, malgré quelques éclaircies. Jessica, capitaine du navire, a dressé son constat : « En partant ce matin, on s’est effectivement rendu compte que la mer était un petit peu agitée et que ce ne sont pas des conditions optimales pour pouvoir détecter tout ce qui est ailerons de dauphins, souffles de baleines, mouvements de queues qui aplatissent l’eau à la surface… ».
Avec des vagues oscillant entre 0,5 et 0,7 mètres, la houle a sérieusement compliqué l’observation. « Si un aileron ou quelque chose passe dans le creux d’une vague, on ne le voit absolument pas. L’écume des vagues fausse aussi les pistes », a-t-elle expliqué, tandis que les premières éclaboussures ont commencé à nous arroser.
L’équipage a alors tenté de suivre la stratégie habituelle : rejoindre les zones où dauphins, cachalots et baleines ont déjà été observés, puis traquer les fronts marins où se concentrent plancton et poissons, attirant naturellement les plus gros prédateurs. Mais les conditions météorologiques ont rendu cette recherche particulièrement ardue.

Une leçon de résilience en pleine mer
« Malheureusement, tout ce qu’on a réussi à avoir, c’est une belle douche », a reconnu Jessica avec humour, rappelant qu’il y a un mois encore, un banc exceptionnel d’environ 500 dauphins bleus et blancs évoluait au large de Monaco. « C’était une expérience incroyable. On voyait les mamans avec leur bébé qui s’approchaient pour nous regarder et jouer, ils sautaient avec le bateau ».
La capitaine a également rappelé que lors d’une précédente sortie par mer calme, l’équipage avait eu la chance d’observer de nombreuses tortues marines à la surface, dont une imposante tortue verte.
Mouillés mais enthousiastes, les élèves ne se sont pas laissés décourager par cette absence d’observations. Romane, Elsa et Mia, interrogées au retour, ont témoigné de leur satisfaction : « C’était déjà super de voir la mer, malgré le fait qu’on n’ait pas vu d’animaux. On était quand même très contentes ».

Une prise de conscience environnementale
Bien que les élèves n’aient pas croisé de cétacés, cette sortie aura marqué leurs esprits par son message de sensibilisation. « J’ai adoré cette sortie parce qu’on a compris à quel point c’est important de protéger les espèces marines », confie l’une des élèves. « J’imaginais qu’il y avait des poissons en dessous de nous. Avec la maîtresse, on a appris qu’il fallait éviter même la pollution sonore. Avec les bateaux, ça pollue beaucoup en termes de sonorité ».
Cette réflexion spontanée illustre parfaitement l’objectif pédagogique de l’expédition : sensibiliser la jeune génération à la fragilité des écosystèmes marins et à l’importance d’adopter un comportement responsable en mer.

Un projet qui porte ses fruits
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’Aire Marine Éducative de Monaco, créée en 2018 par l’Association Monégasque pour la Protection de la Nature (AMPN) avec le soutien de la Fondation Prince Albert II et du Gouvernement Princier. Située entre la digue Rainier III du Port Hercule et l’entrée du port de Fontvieille, cette zone est gérée chaque année par une classe de 7e de la Principauté.
Pour l’année scolaire 2024-2025, la classe de CM2A de l’École Saint-Charles a choisi le thème « Mieux connaître pour mieux protéger ». Un sujet qui prend tout son sens quand on entend ces jeunes élèves exprimer leur tristesse de voir se terminer cette année si enrichissante : « Je suis assez triste que l’année prochaine, ce soit fini. On a vraiment passé une super année, donc c’est un peu compliqué de se dire que l’année prochaine : plus d’AME ».
Bien qu’elle n’ait pas livré tous ses secrets, cette journée en mer aura permis à ces jeunes Monégasques de toucher du doigt la réalité de la recherche scientifique : parfois frustrante, toujours passionnante, et surtout essentielle pour la préservation de notre patrimoine naturel méditerranéen.