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Récit

Le Prince Albert II inaugure l’exposition « Demain l’Océan ? »

Le Prince Albert II a inauguré l'exposition ce mardi 8 juillet © Direction de la communication - Manuel Vitali
Le Prince Albert II a inauguré l'exposition ce mardi 8 juillet © Direction de la communication - Manuel Vitali

L’exposition réunit à Monaco des artistes venus du monde entier pour interroger notre lien aux mers et imaginer de nouveaux récits pour l’avenir des océans.

Tandis qu’une semaine, placée sous le signe de l’art et de la culture, bat son plein en Principauté, une exposition organisée par la Direction des Affaires Culturelles de Monaco s’est ouverte le 4 juillet pour rendre hommage à l’océan. Jusqu’au 7 septembre, dans la salle d’exposition du Quai Antoine Ier, les visiteurs pourront s’immerger dans un parcours artistique en six parties qui interroge l’urgence climatique et la protection des océans.

Présent ce mardi 8 juillet, le Prince Albert II a lui aussi découvert le trajet thématique (intitulé L’Horizon, La Faune et la Flore, Habiter le rivage, Prendre la mer, La mer en danger, Avant le déluge).

Le projet s’inscrit dans « La Mer en Commun – Année de la Mer », initiative du Ministère de la Transition écologique français, ainsi que dans le cadre du Blue Economy and Finance Forum et de la 3e Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC 3), organisés à Monaco et Nice en juin 2025.

« D’évidence, la mer est selon le regard de l’Homme sur Terre, une zone d’ombre, une terra incognita  », écrit la commissaire d’exposition Élodie Antoine en préambule du catalogue de l’exposition après avoir cité l’historien Jules Michelet, qu’elle affectionne et que l’on retrouve tout au long de l’exposition, à travers plusieurs citations.  « Il y a différentes manières d’entrer dans les œuvres. On peut regarder sans avoir à lire et aussi prendre le temps de parcourir les cartels ou bien le catalogue », explique Élodie Antoine en présentant la diversité artistique et la scénographie imaginée par Thomas Guillaume.   

De gauche à droite : Lionel Beffre, Isabelle Berro-Amadeï, le Prince Albert II, Françoise Gamerdinger, Élodie Antoine et Thomas Guillaume © Direction de la Communication -Manuel Vitali
De gauche à droite : Lionel Beffre, Isabelle Berro-Amadeï, le Prince Albert II, Françoise Gamerdinger, Élodie Antoine et Thomas Guillaume © Direction de la Communication -Manuel Vitali

Le visiteur se retrouve ainsi plongé dans l’univers de 34 artistes issus des cinq continents. À travers 71 œuvres, il se questionne sur son rapport aux mondes marins. « Demain l’Océan ? ne résoudra rien. Ce n’est pas son objectif. Son dessein se situe ailleurs, dans les marges, là où à l’échelle individuelle et citoyenne, quelque chose est encore possible », écrit encore Élodie Antoine.


La rédaction de Monaco Tribune s’est elle aussi laissé bercée par les flots. Focus sur cinq œuvres qui nous ont marqués

1. Seascape de Jean-Christophe Norman (2024)

© Benjamin Godart – Monaco Tribune

Sur des morceaux de journaux glanés au gré de ses voyages, Jean-Christophe Norman a peint, à l’huile et à l’encaustique, les nuances des horizons à la manière du peintre paysagiste britannique Constable. Quelques caractères imprimés sont encore visible là où le ciel rencontre la mer. Pour cette installation, la disposition des petites toiles est toujours laissée aux soins des installateurs de l’exposition. « C’est une oeuvre vivante. La mosaïque n’est jamais la même d’un lieu d’exposition à l’autre », nous glisse Élodie Antoine.

2. Seated Bathers de Farah Atassi (2025)

© Benjamin Godart – Monaco Tribune

La troisième partie de l’exposition interroge notre façon d’habiter la plage. Reconnue pour ses baigneuses, Farah Atassi a spécialement réalisé ce tableau pour l’occasion. Ici le personnage est serein, les yeux fermés malgré le désordre sur le sol aux alentours. Le maillot de bain rayé, la posture, les couleurs vives, les lignes tracées : le sujet fait écho à la série des Baigneuses de Picasso en 1928 à Dinard.

3. The Crossing de Bao Vuong (2023)

© Benjamin Godart – Monaco Tribune

Bao Vuong est un artiste né en 1978 au Vietnam, au lendemain de la guerre. Agé d’un an, en 1979, il fuit le pays en bateau avec ses parents pour rallier l’Europe. Il mettra une année à traverser les mers et océans. Les conditions à bord des embarcations fragiles et surchargées ont été difficiles, les nuits froides et inquiétantes, à l’image de cette toile mystérieuse. On imagine facilement que cette expérience a marqué durablement l’inconscient du peintre alors bébé.

4. Shipwrecks de Zineb Sedira (2008 et 2018)

La Mauritanie accueille le plus grand cimetière naval au monde. Le triptyque Shipwrecks a été réalisé dans le port de la ville de Nouadhibou, point de départ de nombreux migrants qui ont essayé de se frayer un chemin vers l’Europe dans les années 2000. La mer devient ici non seulement un désert d’épaves, mais aussi un lieu où s’échouent les poissons empoisonnés par la rouille des eaux nocives, et des corps humains de ceux qui n’ont pas pu rejoindre les rives des Îles Canaries.

© Benjamin Godart – Monaco Tribune

5. Fish Flag Mourant de Malachi Farrell (2001)

Le Prince Albert II a inauguré l'exposition ce mardi 8 juillet © Direction de la communication - Manuel Vitali
Le Prince Albert II a inauguré l’exposition ce mardi 8 juillet © Direction de la communication – Manuel Vitali

Bouée d’amarrage, éléments métalliques rouillés… Cette installation itinérante utilise les déchets trouvés à Monaco pour constituer le décor de cette scène désolée. « Nous y avons aussi ajouté quelques bâches et plastiques qui ont servi au montage de l’exposition car il faut garder en tête que ça génère de nombreux déchets », explique Élodie Antoine. La bande sonore, alliée aux cliquetis métalliques angoissants, renforce le message de l’artiste : réduisons nos déchets pour protéger les écosystèmes marins.