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5 photographies marquantes d’Annie Leibovitz à découvrir à l’occasion d’une exposition à Monaco

David Hockney, Bridlington, East Yorkshire, England, 2013 2024 © Annie Leibovitz - Courtesy the artist and Hauser & Wirth

La photographe américaine présente ses images hors chronologie dans une exposition qui mise sur les associations visuelles plutôt que sur l’histoire linéaire. Visite guidée.

Fini le défilé chronologique habituel. Pour « Stream of Consciousness », la photographe Annie Leibovitz a choisi une autre approche à la galerie Hauser & Wirth de Monte-Carlo, en prolongement de celle réalisée à New-York en début d’année. L’exposition, visible jusqu’au 27 septembre en Principauté, rassemble plusieurs oeuvres de ses vingt dernières années selon un principe d’association libre.

En guise d’introduction à cette exposition, la photographe de 75 ans explique sa démarche simplement : « Il y a des photographies qui riment avec d’autres, prises ailleurs, à d’autres moments. Elles ne sont pas liées au moment de leur création. » Résultat : un parcours où les images dialoguent entre elles en créant des échos inattendus.

Vue de l’exposition © Philippe Fitte

Du portrait de star aux reliques historiques

Dans cette sélection, Leibovitz mélange les genres sans complexe. Les portraits récents de Patti Smith, de l’architecte américain Philip Johnson, du peintre David Hockney, de Cindy Sherman côtoient des clichés d’objets du patrimoine américain : la télé trouée de balles d’Elvis et les clichés du télescope James Webb.

Pour Federica Beretta, directrice de la galerie Hauser & Wirth de Monte-Carlo, cette approche met en lumière le regard particulier de Leibovitz : sa capacité à créer du sens par la proximité visuelle. Paysages, natures mortes et portraits se répondent, révélant les obsessions et les intuitions d’une photographe qui a traversé un demi-siècle de culture américaine. Focus sur cinq photographies qui nous ont marqués.

1. En itinérance

David Hockney, Bridlington, East Yorkshire, England, 2013 – 2024 © Annie Leibovitz – Courtesy the artist and Hauser & Wirth

Le portrait, réalisé de dos à l’arrière d’une voiture, montre David Hockney en plein processus créatif dans une forêt proche de Bridlington, son lieu de travail et de résidence au début des années 2010. Annie Leibovitz saisit cet instant de créativité à une période où la santé du peintre est fragile et où son œuvre est marquée par les grands paysages boisés du Yorkshire. Entre fugacité, créativité et itinérance, ce cliché résonne particulièrement avec l’histoire et le travail d’Annie Leibovitz. « Lorsqu’elle était petite, sa famille se déplaçait souvent en voiture, son père changeant régulièrement de base militaire pour son travail auprès de l’armée américaine. Les fenêtres de voiture représentent ces cadres ouverts sur sa réalité et sa vision d’artiste », explique Federica Beretta.

2. Hommage à Hopper

Edward Hopper’s childhood home, Nyack, 2024 © Annie Leibovitz – Courtesy the artist and Hauser & Wirth

Le célèbre peintre Edward Hopper, que l’on ne présente plus, a beaucoup inspiré Annie Leibovitz dans son esthétique photographique. En 2023, elle ressuscite la complicité amoureuse et artistique du peintre avec sa femme Joséphine en réalisant une série de photos mettant en scène deux modèles qui incarnent le couple. Prise dans le cadre de cette série, cette photographie montre la maison d’enfance du célèbre peintre, dans un contraste de lumière et de vie qui rappelle les oeuvres célèbres et mélancoliques de Hopper. Une aquarelle du peintre réalisée en 1946 montre d’ailleurs sa femme Jo à l’avant d’une voiture dans le Wyoming en train de peindre une toile… un écho troublant avec le cliché de David Hockney !

3. Créativité féconde

Georgia O’Keeffe’s red hill, Ghost Ranch, New Mexico, 2010 – 2024 © Annie Leibovitz – Courtesy the artist and Hauser & Wirth

À la fois ode à la nature et clin d’œil aux femmes artistes, « Annie Leibovitz a choisi de placer cette vue d’une colline ocre du Nouveau-Mexique à côté d’une photo de l’artiste Simone Leigh, en train de sculpter l’argile », raconte Federica Beretta. L’argile, matière que l’artiste façonne pour donner vie à une œuvre. La colline, dont la couleur rappelle celle de la terre, fut une source d’inspiration pour la peintre moderniste du XXᵉ siècle Georgia O’Keeffe.

4. Patti Smith

Patti Smith, MacDougal Street 2024 © Annie Leibovitz – Courtesy the artist and Hauser & Wirth

Si les amateurs de la chanteuse punk rock la connaissent bien, flamboyante sous l’objectif d’Annie Leibovitz en 1978 en couverture du magazine Rolling Stone, c’est en revanche une part plus intime que Patti Smith donne à voir avec cette photo, saisie dans son appartement de MacDougal Street. Dans la veine du portrait en noir et blanc pris en 1996 à New York, l’Américaine se dévoile dans sa simplicité quotidienne, le regard de côté, dans une position décontractée sur son canapé.

5. Mosaïque

Vue de l’exposition © Philippe Fitte

« On commence ou on termine l’exposition par ce qu’Annie Leibovitz appelle le pin wall. Elle nous permet de pénétrer dans son esprit et de comprendre la manière dont elle réfléchit et prépare une exposition », détaille la directrice de la galerie Hauser & Wirth. Comme un point d’orgue – qui n’en est pas réellement un, comme on l’aura compris -, la photographe a construit cet immense mur pour symboliser l’association d’idées qui guide l’exposition.


Informations pratiques :

Jusqu’au samedi 27 septembre 2025
Horaires : Ouvert du mardi au samedi de 10 heures à 18 heures.
Entrée libre. Infos : hauserwirth.com