Le Prince Albert II découvre les lauréats du concours de photographie sous-marine au Musée océanographique

Le Club d’Exploration Sous-Marine de Monaco (CESMM) a dévoilé les résultats de ses prestigieux concours annuels, marqués par d’excellentes performances monégasques sur la scène internationale.
Les palmes battent l’eau dans un ballet discipliné. Vendredi matin, à l’heure où la lumière dorée matinale effleure à peine la Méditerranée, neuf équipes de plongeurs professionnels ont quitté le port de Fontvieille pour aller explorer les fonds marins, le long de la côte monégasque. Pour la première immersion du week-end, le CESMM a donné le signal d’ouverture de la compétition, avec le lancement du deuxième challenge international. Quatre thématiques sont évaluées par un jury professionnel : photo de poisson, d’ambiance, photographie macro et enfin cette année la créativité autour de la bulle.




Tout est minutie. L’équipement vérifié, les bouteilles sanglées, les objectifs soigneusement protégés contre l’humidité. À bord du « Pirate des abysses » – le bateau de l’Académie de la Mer – l’odeur du sel se mêle à la concentration feutrée de la préparation. Bassem Jammour, résident monégasque d’origine libano-canadien, a fini d’enfiler sa combinaison, après avoir vérifié l’étanchéité du boîtier contenant son appareil photo, il remontera à deux reprises pour changer d’objectif.
Plongée dans les eaux claires
Certains concurrents murmurent, d’autres plaisantent ou s’isolent derrière leur masque, comme des athlètes avant le départ. Car sous l’eau, il ne s’agit pas seulement de plonger, mais de voir, cadrer, témoigner d’un monde invisible. « À quelques mètres de profondeur, la lumière change. Les appareils photos lestés avec les flotteurs ne semblent plus peser plus leurs 15 kilos et deviennent très maniables », explique Denis Chaboud directeur technique de plongée et responsable de la sécurité pour le CESMM.

Au top départ donné par le klaxon d’un bateau, les photographes disparaissent sous la surface. Scrutant la mer paisible, on imagine les clichés sous-marins qui fusent, capturant la danse hésitante d’un banc de saupes, un corail accroché à la roche, ou les lumières dansantes d’une eau multicolore. L’épreuve exige à la fois patience et instinct : attendre que le vivant se présente, déclencher au moment exact où l’équilibre s’impose dans le cadre.
Un moment suspendu
La Méditerranée monégasque, fragile écrin de biodiversité, se révèle alors dans ses contrastes. Les photographes, suspendus dans la colonne d’eau, sont autant de guetteurs que de témoins. Leur compétition devient une forme de vigilance, où l’art dialogue avec la beauté de la nature marine.
« L’eau est très bleue sur ce littoral, la lumière inonde jusqu’à plusieurs mètres sous la surface. Il y avait également du courant ce qui est essentiel pour capturer le mouvement et le passage des poissons », témoigne Peter, un plongeur et photographe allemand depuis trente ans, fraîchement remonté à la surface dont c’est la première participation au concours. Comme lui, de nombreux photographes affichent une mine concentrée, échangent, discutent de leurs prises de vue et pensent déjà à la sélection à présenter au jury. « Habituellement je fais défiler mes photos et je choisis instinctivement celle qui me procure le plus de sensations […] Nous autres photographes allons toujours trouver de petits défauts dans nos photos, c’est pourquoi je m’attache vraiment à l’émotion renvoyée. Je ne cherche pas à gagner mais d’abord à réaliser une photo qui me plaît », nous confie Peter avec passion.



Les organisateurs notent les temps de plongée. La journée se poursuivra ensuite jusqu’à la plongée de nuit, « une grande première lors d’une compétition mondiale. La lumière, les conditions de plongée, tout est différent », précise Denis du CESMM. Dans le silence bleuté des profondeurs se joue un instant de discrétion : celui de transformer un instant fugace en image durable.
Les lauréats récompensés
Dimanche, en présence du président du CESMM, Roger Mullot et du Prince Albert II, le jury a dévoilé les résultats de cette 20e édition anniversaire du concours national et de la compétition internationale. Monaco a décroché une honorable deuxième place au classement général du challenge international, se positionnant entre la France, victorieuse, et l’Italie, troisième. Cette compétition, qui oppose les meilleurs photographes sous-marins européens, a également vu les représentants monégasques Bassem Jammour et Anne Rodelato remporter le prix spécial « poisson ».





Le 20e concours national révèle de nouveaux talents
Parallèlement, la vingtième édition du concours national a couronné plusieurs binômes dans différentes spécialités. Philippe Lecomte et Christine Cazal ont dominé la catégorie appareils à objectifs non interchangeables, tandis que David Roger et Eric Dalmas se sont imposés avec les objectifs interchangeables.
Résultats concours national
- Prix poisson : Florence Roux et Béatrice Landreau
- Prix ambiance : vainqueurs, le binôme Veronique Wurmli-Baudot et Wendy Peyret
- Prix macro : Philippe Lecomte et Christine Cazal
- Prix création artistique autour de la bulle : Frédéric Bernard et Justine Brun d’Espagne
- Coup de coeur du jury : Veronique Wurmli-Baudot et Wendy Peyret




Le concours enfant « Regards sous la mer » a révélé la relève avec notamment Charlene Barois, coup de coeur du jury, et Shannon Tissot, victorieuse chez les « Hippocampes ».

