Récit

L’AIAP Monaco : sept décennies d’engagement pour les arts plastiques en Principauté

Le Prince Albert II - exposition individuelle de Maryna Mariyenko
Le Prince Albert II lors de l'exposition individuelle de Maryna Mariyenko © Comité AIAP Unesco

Fondé en 1955 sous l’égide de l’UNESCO, le Comité National Monégasque de l’Association Internationale des Arts Plastiques célèbre cette année ses sept décennies d’existence.

Retour sur l’histoire d’une institution culturelle qui a su traverser les époques tout en restant fidèle à sa mission : promouvoir les arts plastiques et créer des ponts entre les artistes du monde entier.

1955 : une création dans l’élan de l’après-guerre

L’histoire du Comité monégasque commence en 1955, lorsqu’Etienne Clérissi, artiste-peintre et architecte, illustre personnalité de la Principauté, décide de créer une antenne locale de l’Association Internationale des Arts Plastiques. Cette dernière venait d’être fondée à Paris, à l’UNESCO, sous le prestigieux parrainage de Georges Braque et Pablo Picasso. Le contexte est particulièrement favorable. Monaco, qui a adhéré à l’UNESCO dès 1949, quelques années seulement après sa création, s’inscrit dans cette dynamique internationale de reconstruction culturelle. L’AIAP répond alors à un besoin profond de l’époque : créer des liens entre les artistes par-delà les frontières, dans un monde encore marqué par les cicatrices de la Seconde Guerre mondiale.

Un foyer d’accueil pour les artistes exilés

Au milieu du XXe siècle, Monaco devient un refuge pour plusieurs artistes fuyant les régimes autoritaires. Parmi eux, deux frères catalans, Ignasi Vidal et Luis Molné, qui ont quitté l’Espagne suite à la guerre civile et à la répression franchiste. Très actifs à Monaco, ils créent un groupe soudé autour de personnalités monégasques comme Clérissi, De Sigaldi et Irene Pagès. Par leurs racines espagnoles, ils maintiennent également des liens étroits avec la branche catalane parisienne de l’AIAP. Cette diversité d’influences et de parcours forge l’identité du Comité : stylistiquement très éloignés, appartenant à des groupes artistiques souvent différents, ces artistes forment pourtant une histoire commune, riche et encore trop méconnue de la Principauté.

De 1992 à 2024 : une expansion internationale

En 1992, Claude Rosticher, alors président, propose à Marie-Aimée Tirole de lui succéder. Artiste, monégasque et professeur d’art, elle assurera cette fonction pendant plus de trois décennies. En 1995, le Prince Albert II, alors Prince Héréditaire, accepte la présidence d’honneur du Comité, engagement qu’il maintient depuis maintenant 30 ans. Ce soutien s’inscrit dans la longue tradition monégasque du mécénat artistique, héritée de la Renaissance.

Comité AIAP Unesco
© Comité AIAP Unesco
Le Prince Albert II et Marie-Aimée Tirole © Comité AIAP Unesco

La fin des années 1990 marque un tournant décisif. En 1998, la Direction des Affaires Culturelles attribue au Comité une période annuelle dans la Salle d’exposition du 4, Quai Antoine 1er, tout juste rénovée. La même année, les statuts sont modifiés pour accueillir des membres de soutien, élargissant ainsi la base de l’association. L’exposition Méditerranée Hic et Nunc inaugure cette nouvelle ère avec, pour la première fois, un catalogue illustré accompagné de préfaces d’historiens et de curateurs. En 2000, l’administration des Domaines attribue au Comité un nouveau siège bien équipé au 10, Quai Antoine 1er. Cette même année, le Salon Nouveaux paysages lance une tradition qui perdure : un salon thématique annuel accompagné d’un catalogue remis au dépôt légal de la Bibliothèque Louis Notari.

Salon 2021 AIAP
Salon 2021 – « La Force du détail » © Rita Saitta

Si le Comité monégasque est l’un des plus petits par sa taille, il n’en demeure pas moins l’un des plus actifs au sein du réseau mondial de l’AIAP, qui compte aujourd’hui plus de 80 Comités nationaux.
Les expositions à l’étranger se multiplient : Boston en 1995, participation à la 50e Biennale de Venise en 2003, puis à la première Biennale de Pékin la même année, suivie de nombreuses éditions ultérieures. Le Comité expose également à Sharjah (Émirats Arabes Unis), en Allemagne (Potsdam, Cologne, Munich), en Espagne (Madrid), en Italie, au Liechtenstein, au Maroc, en Tunisie, en Pologne et même au Japon, avec une exposition annuelle à Osaka.

Sur le territoire monégasque, le Comité organise de 2000 à 2019 une exposition annuelle de sculptures et photographies au Jardin Exotique, offerte par la Mairie de Monaco. Des expositions thématiques remarquées voient le jour, comme Memory Lane en partenariat avec des collectionneurs belges et le ministère de la Culture de Belgique, ou encore Afrika Sana avec des artistes de Kinshasa et des œuvres du musée de Tervuren.

Une nouvelle présidence pour l’avenir

 salon de l’AIAP 2024
Salon de l’AIAP 2024 © Comité AIAP Unesco

L’année dernière, Marie-Aimée Tirole a passé le relais à Stefania Angelini, commissaire d’exposition italienne dont la recherche porte sur la culture contemporaine, l’environnement, les architectures et les corps. Aujourd’hui, le Comité National Monégasque de l’AIAP continue de proposer à ses adhérents des ateliers, des conférences, des visites d’ateliers et d’expositions. Il offre également aux artistes sélectionnés des résidences ponctuelles dans son atelier.