Un Italien jugé pour avoir dégradé une Smart malgré les doutes du procureur
Un Italien de 53 ans a été reconnu coupable d’avoir endommagé une Smart malgré les réquisitions de relaxe du parquet et l’absence de preuves matérielles sur les vidéos de surveillance.
Le 25 mai, une Smart garée au port de Fontvieille est retrouvée avec quatre pneus crevés, des rayures profondes sur la carrosserie et la capote percée. La police exploite les caméras de vidéosurveillance du parking. Une seule personne s’approche du véhicule : le prévenu. Les images le montrent se baisser près de la voiture, tourner autour, puis revenir quelques heures plus tard pour la filmer. Lors de son audition, il fournit une explication : « J’ai trouvé le véhicule dans cet état-là. J’ai filmé pour lui montrer l’état de sa voiture. J’ai vérifié que les pneus étaient bien crevés. »
À la barre, il maintient cette version : « Je suis passé, je me suis approché mais, c’était l’été, je n’avais rien sur moi. Et pour dégrader de cette façon, j’avais rien dans les mains ». Le tribunal rétorque : « Un couteau ou un tournevis, vous aviez un jean, on n’en sait rien si vous avez quelque chose dans les poches ». L’homme insiste : « La police a déjà vu les images vidéo et le jour après on a parlé avec le magistrat, ils ont constaté qu’il y avait rien avec moi. »
Un différend en toile de fond
Interrogé sur sa deuxième visite dans le parking, le prévenu explique : « La première fois, j’avais pas enregistré la vidéo, j’ai juste regardé. La deuxième fois, j’ai filmé. Pourquoi revenir filmer si c’était moi qui avais fait les dégâts ? » Le tribunal rappelle néanmoins qu’il reste « la seule personne qui s’est approchée du véhicule » sur les images disponibles.
Pendant l’audience, l’homme reconnaît connaître et avoir eu un différend avec le propriétaire de la Smart. Un projet de société entre eux avait échoué : « Il disait que j’étais une mauvaise personne et pas sérieux. Il parlait mal de moi ». Le propriétaire, présent à l’audience, se constitue partie civile et présente au tribunal des factures de réparation. « Dans la vie, on doit être correct. Il s’est baissé et il a crevé les pneus », affirme ce dernier, convaincu de la culpabilité du prévenu.
Un casier judiciaire impressionnant
Le tribunal évoque alors le casier judiciaire chargé de l’homme en Italie, comportant plusieurs condamnations pour trafic de stupéfiants et recel entre 2007 et 2019. « Je vais essayer d’occulter ce casier judiciaire impressionnant. Nous sommes là dans une autre catégorie d’infraction, ici pour des faits de dégradation », déclare le procureur. « Ce dossier est loin d’être aussi simple. Mon avis a changé plusieurs fois de bord », confie-t-il. « On le voit se baisser à plusieurs reprises. On le voit en train de prendre le véhicule en photo. On ne sait pas s’il y a d’autres personnes qui sont passées les jours précédents et se sont aussi approchées de ce véhicule. De plus, on ne le voit pas faire des gestes de dégradation. On ne le voit en train d’endommager le capot. »
« Un petit doute »
Le procureur indique : « Pendant une minute, il est près du véhicule, est-ce que c’est un temps suffisant pour commettre autant de dégradations ? On ne sait pas. Je mets de côté son casier et m’en remets à ces vidéos. J’ai un petit doute. Je ne dis pas qu’il dit la vérité, peut-être qu’il nous ment depuis le début. On ne peut pas conclure avec certitude. J’ai un petit doute ». Le parquet demande la relaxe, estimant que les images ne démontrent pas matériellement les dégradations.
L’avocat de la défense abonde dans le même sens. Il souligne le manque d’enquête approfondie : « Il aurait fallu les cinq jours de vidéos pour s’assurer si c’est lui. Rien ne vient confirmer ou contredire ce qu’il dit ». Il demande également la relaxe.
Après délibération, le tribunal ne suit pas les réquisitions du parquet. Il reconnaît le prévenu coupable des faits de dégradation. La condamnation tombe : 3 000 euros d’amende, deux ans d’interdiction de paraître à Monaco et ordonne le versement de 13 752,95 euros au propriétaire pour les réparations de son véhicule.













