Interview

Nathalie Grosdidier (Directrice générale de Luxe Pack Monaco 2019) : « C’est l’unité de lieu à Monaco qui fait tout son charme pour nos participants »

Du 30 septembre au 2 octobre, le marketing de luxe et les designers ont rendez-vous au Grimaldi Forum, où se tient Luxe Pack Monaco 2019. Le salon met à l’honneur le « creative packaging », qui fait de l’écrin des produits luxueux un véritable objet de design. A cette occasion, nous avons demandé à Nathalie Grosdidier, directirce générale de l’événement, de nous en dire un peu plus sur ce secteur et sur l’organisation de congrès à Monaco.

Quel est l’historique de Luxe Pack ?

La première édition s’est déroulée en 1988 sous le chapiteau de Fontvieille. Le salon a ensuite déménagé en 2000 pour faire partie des premiers événements établis au sein du Grimaldi Forum. Depuis, le concept de Luxe Pack a essaimé un peu partout dans le monde : New York, Shanghai et Los Angelès.

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Comment se prépare un tel événement ?

Nous travaillons une année complète pour réaliser ces 3 journées d’ouverture à Monaco. Et le service commercial a la chance de travailler en toute sérénité car la réputation du salon sur la scène internationale nous facilite grandement la tâche. Les exposants reviennent chaque année pour la plupart et nous sélectionnons les nouveaux à partir d’une liste d’attente. Le service marketing est à pied d’œuvre toute l’année pour monter le programme de conférences et les animations, recruter les conférenciers et surtout communiquer auprès des visiteurs potentiels du salon, c’est-à-dire les marques de luxe. La réussite du salon tient principalement à notre capacité à les faire venir à Monaco pour rencontrer leurs fournisseurs, faire une veille de leur marché, connaitre les tendances et trouver des éléments de réponses aux enjeux actuels de leur profession. Enfin, le service technique prépare l’événement bien en amont avec les prestataires qui vont participer au montage, déroulement et démontage du salon.

Nous attendons surtout des décideurs des industries du Luxe tels que les parfums, maquillage ou soins, des spiritueux, de l’épicerie fine ou d’autres marchés pour lesquels l’emballage requiert un soin et un enjeu tout particuliers.

En plus de l’organisation, votre activité repose sur une veille permanente du milieu du luxe. Quelles sont les grandes tendances (matériau renouvelable, design, informations client…) que vous observez cette année ?

Le RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) tient une place désormais centrale en effet. Et sur le sujet, l’économie circulaire fait partie des axes très souvent travaillés. On constate également une montée en gamme de façon générale (la premiumisation) et une tendance très nette sur la personnalisation. Le digital est définitivement en vogue aussi.

 

Pouvez-vous nous présenter les grands thèmes de cette édition de Luxe Pack Monaco ?

Comme chaque année, nous ferons un focus particulier sur le design, les matériaux, les évolutions des attentes consommateurs, le digital et bien sûr le développement durable. Le Moyen Orient bénéficiera en effet d’un coup de projecteur particulier avec notamment la présence de Joelle Mardinian, influenceuse de grande renommée et experte sur les attentes du marché. Mais notre salon reste un événement BtoB et non pas grand public. Nous attendons surtout des décideurs des industries du Luxe tels que les parfums, maquillage ou soins, des spiritueux, de l’épicerie fine ou d’autres marchés pour lesquels l’emballage requiert un soin et un enjeu tout particuliers.

Pourriez-vous nous décrire la journée-type d’un visiteur de Luxe Pack Monaco ?

Les trois quarts de son temps, le visiteur échange sur les stands avec les exposants ou dans les allées avec ses pairs. Certains prennent le temps d’écouter la ou les conférence qu’ils ont préalablement sélectionnées. Il s’agit pour lui d’une journée marathon car la densité du nombre d’exposants et de nouveautés à découvrir sont particulièrement élevés. S’il a la chance de rester deux jours, il se rend le soir à l’événement d’un fournisseur organisé dans la Principauté.

Quels sont les grands attendus du secteur pour cette édition ?

Luxe Pack au fil du temps est devenu la rampe des grands lancements du secteur. La plupart des exposants profitent du salon pour dévoiler les nouveautés. Sans conteste, nous attendons des solutions d’emballages réduisant drastiquement l’impact environnemental et de nouveaux matériaux .

En tant qu’enveloppe des objets et produits de luxe, l’emballage reflète les pratiques des marques et leurs savoir-faire. L’assimilez-vous à une forme d’art ?

A la marge seulement. Sauf à dire que l’émotion créée par la cohérence entre le design d’un flacon par exemple et le jus d’un parfum relève d’une forme d’art, d’une manière générale, nous sommes plutôt dans le luxe, exigeant, souvent éco-conçu et design, mais qui reste industriel. Toutefois, certaines séries limitées font appel à des artisans pour fabriquer de véritables œuvres-bijoux.

Est-ce que le domaine de l’emballage de luxe est une vitrine pour les jeunes designers qui vont ensuite aller vers un autre domaine (type ameublement, architecture intérieure) ? Ou bien un champ du design à part entière ?

Il n’y a pas de règle en la matière. Grand nombre de designers ont reçu une formation spécifiquement dédiée au packaging et s’adonnent exclusivement à cette industrie. C’est tout de même une compétence à part entière qui embrasse le design mais aussi des contraintes techniques bien particulières. Certains grands designers bien connus de la mode ou de l’architecture s’interessent également à la création de packagings ou de séries spécifiques pour de grandes marques.

Le RSE (Responsabilité sociétale et environnementale) tient une place désormais centrale en effet. Et sur le sujet, l’économie circulaire fait partie des axes très souvent travaillés.

La question écologique est au cœur de nombreuses problématiques liés à l’emballage, pour une meilleure durabilité et une meilleure responsabilité environnementale. Qu’en est-il du packaging de luxe dans ce domaine, est-ce un secteur pionnier ? 

Le packaging de luxe n’est pas particulièrement pionnier en la matière dans le sens où les clients du luxe ont une exigence de qualité parfois contradictoire avec les solutions « écologiques » : allègement, moins de décorations, …mais il reste un exemple à suivre en terme d’engagement global sur la R&D, sur l’éthique, sur les process de production qui visent à réduire les bilans carbone. Et surtout, les industrie du luxe ont un pouvoir et devoir d’exemplarité pour entraîner les modes de consommation vers des pratiques à la fois vertueuses et « désirables ».

Les prix Luxe Pack in green, décernés aux designers et entreprises vertueuses en matière de durabilité, appuient l’importance de cet enjeu écologique dans le secteur du packaging de luxe ?

Tout à fait et depuis 10 ans maintenant, c’est-à-dire à une période où cet enjeu commençait à peine à se dessiner et devenir central dans les stratégies de toutes les marques.

Monaco est bien connue comme ville de congrès et d’agrément, notamment via le Grimaldi Forum. Quels sont les atouts de la Principauté quant à l’organisation de salon professionnel ?

Avant tout, c’est son unité de lieu qui fait tout son charme pour nos participants. Ils se rencontrent au Grimaldi, se croisent dans les hotels et restaurants comme dans les transports pour rejoindre l’aéroport. Ils sont en immersion totale ! On peut également ajouter bien sûr la qualité des restaurants et le bord de mer !