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Enquête

Vaccination obligatoire des soignants : entre colère et bon sens

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Direction de la Communication / Manuel Vitali

Malgré les retours virulents des utilisateurs sur les réseaux sociaux, les autorités et la majorité des professionnels de la santé voient la vaccination comme une étape logique.

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En Principauté, 66,12% du personnel des établissements de santé a reçu au moins une dose de vaccin, montant à 92% chez les médecins. Ce chiffre, insuffisant selon le Gouvernement, a poussé ce dernier à officialiser le fameux projet de loi sur la vaccination obligatoire : « la vaccination contre la COVID-19 permet non seulement à toute personne qui se fait vacciner de se protéger très efficacement, mais également de protéger les autres en réduisant le risque de les contaminer ».

En somme, cette loi – librement consultable sur le site du Conseil National – concernera toutes les personnes au contact de la population vulnérable. C’est-à-dire le personnel soignant, les salariés, les bénévoles et les étudiants dans les établissements de santé.

Dans le cas où une personne n’est pas vaccinée à temps, il est précisé que « cette personne peut utiliser, avec l’accord de son employeur, des jours de congés payés ou de repos compensateur ». En cas de suspension de travail, un maintien de 50% de la rémunération est prévu pour quatre semaines maximum. Après ce délai, cette personne ne bénéficiera d’aucunes aides.

La prochaine et dernière étape avant l’entrée en vigueur de la loi consiste en une délibération du Conseil National en séance publique, début septembre. Ce dernier spécifie à ce sujet qu’« il s’agira d’en appréhender tous les aspects, notamment les plus sensibles sur le plan humain » et que « le Conseil National ne manquera pas de l’amender autant qu’il sera nécessaire, avec comme toujours discernement, humanité et sens des responsabilités. »

Un retour virulent

Ce projet de loi est controversé pour une partie de la population, déjà abasourdie par l’annonce du pass sanitaire obligatoire. Sur le groupe Facebook de la « Manifestation contre le pass sanitaire à Monaco », certains utilisateurs s’indignent : « c’est d’une violence inouïe envers les professionnels de la santé. Je ne croyais pas qu’on en arriverait là à Monaco ». D’autres vont jusqu’à qualifier la démarche d’« apartheid sanitaire ».

Cette annonce suscite interrogations et spéculations pour certaines personnes. « Je ne sais pas comment on va faire s’ils mettent leur menace à exécution ! Déjà que le personnel est en burn-out, qu’on n’arrive pas à recruter, qui va s’occuper des malades ??? Parce que du personnel paramédical non vacciné j’en connais un paquet ! » peut-on lire de la part d’une autre utilisatrice.

Le Syndicat des services à la personne de Monaco accuse, au travers d’un communiqué, que « certaines entreprises d’aide à la personne demandent aux salariés s’ils sont vaccinés ou non, ce qui enfreint le secret médical, et constitue donc un abus de pouvoir manifeste. »

La réalité du terrain

Néanmoins, le constat n’est pas le même de la part des professionnels. Frédéric Platini, Secrétaire Général de la Croix-Rouge de Monaco, nous annonce au cours d’une entrevue : « aujourd’hui si le Gouvernement l’impose, et je l’impose déjà moi-même, que notre personnel qui rentre dans les maisons des personnes confinés et infectés soit vacciné, ça me paraît cohérant. »

Concernant le projet de loi, Monsieur Platini ajoute que « l’obligation vaccinale, nous l’appliquerons sur nos bénévoles pour leur sécurité. Je refuse, et je n’en ai pas eu pendant toute la durée du COVID-19, d’avoir des infections liées aux conditions de travail à la Croix-Rouge. » Et concernant le reste des professions libérales ? La logique reste la même : « là ce n’est plus pour la sécurité de mon personnel, mais pour la sécurité des personnes qui sont à risque. J’attends le projet de loi, et une fois qu’il est en vigueur, j’appliquerai. »

En effet, les équipes de la Croix-Rouge ont été confrontées à la pandémie depuis le premier jour. « Nous avons vu les effets et nous étions dedans donc ça me paraît logique de prendre des mesures pour se protéger, et pour protéger les autres. »

« Il y aura toujours des récalcitrants. C’est partout pareil. On a toujours un droit d’opinion. Mais moi j’ai surtout le droit de protéger mes équipes. » conclue Frédéric Platini.

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