Olivier Anrigo : « la photographie, c’est dans mon ADN »
Le photographe animalier, d’origine mentonnaise, a créé un programme de sensibilisation sur les conséquences du réchauffement climatique.
La photo au service de l’environnement. Le photographe animalier et réalisateur de documentaires Olivier Anrigo en a fait son crédo. Après plusieurs années d’expérience au sein d’agences de presse internationales, telles que AP ou Reuters, l’artiste mentonnais a connu une véritable période de transition dans sa carrière : « La belle image ne suffisait plus, explique-t-il. J’ai voulu créer d’autre synergies, avec d’autres talents et compétences sur le terrain : les scientifiques. » Objectif : mettre en garde contre les conséquences de la crise climatique, et en particulier sur les animaux.
Alerter sur le réchauffement climatique
Des éléphants du Kenya aux guépards de la Namibie, jusqu’aux pôles arctique et antarctique, Olivier Anrigo observe, immortalise et sensibilise. Une vocation née au bout de six ans de carrière, après un déclic : « Pour moi, ça a été le Spitzberg. Depuis un certain temps, cette partie de la Terre fond, se réchauffe six à sept fois plus vite que n’importe quel autre endroit de la planète. La banquise que je souhaitais trouver n’y était plus. Je me suis aperçu sur le terrain qu’il y avait vraiment moins de glace, et qu’il y avait des conséquences dramatiques qui se répercutaient sur la vie sauvage, comme les ours polaires, par exemple. »
Et Olivier Anrigo le sait bien : il n’est pas le seul à Monaco à s’intéresser de près à la fonte des glaces. Le Prince Albert II et sa Fondation mènent également des travaux de prévention, conscients des conséquences du réchauffement climatique sur les régions polaires. « Je suis de très près ce que fait Monaco. La Fondation Prince Albert II soutient mon travail, et je trouve que ce qu’elle fait est très fort, parce qu’elle participe activement à certains projets. (…) Le Prince Albert Ier a énormément œuvré pour l’Arctique, et le Prince Albert II poursuit son travail. »
Le photographe et la Fondation travaillent désormais en étroite collaboration. L’un des clichés d’Olivier a même été choisi pour faire la couverture du troisième numéro du magazine de la Fondation, Impact. « J’étais assez ému et content qu’ils choisissent une de mes images, confie le photographe. Ça symbolise une Arctique avec un paysage un peu dur. Ça montre à la fois le côté authentique mais aussi fragile de l’Arctique. »
Et pour aller encore plus loin que l’image, Olivier Anrigo a décidé de créer, en 2020, le programme Arktic Interactions. Un programme de sensibilisation, monté avec des scientifiques, et qui s’est concrétisé par une expo photo itinérante et la sortie d’un livre : Artkic Circle.
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Immortaliser la beauté de la nature
Si la dimension environnementale est apparue progressivement, la photographie, elle, était là depuis le début : « on est photographes de père en fils dans la famille, raconte Olivier. Mon père, Bernard, était photographe commerçant, il m’a tout appris. J’ai baigné dans la marmite, en quelque sorte. La photographie, c’est dans mon ADN. »
Au-delà de cet ADN, la soif de voyage et d’aventures. A ce jour, Olivier Anrigo a visité une quarantaine de pays, répartis entre plusieurs continents. Son coup de cœur ? Le Kenya, où il continue de se rendre régulièrement et organise des safaris. Il conserve d’ailleurs un souvenir très particulier de l’un de ses voyages : « une image qui m’a ému, c’est celle de milliers de flamants roses, au nord du pays. Il y a tellement de flamants roses sur la photo qu’on ne les distingue même plus. On est un peu entre l’abstrait et le réel : j’ai trouvé ça magique. »
Un instant rare et précieux, dont on ne soupçonne pas le long travail de préparation. Repérage des lieux, matériel adapté, bonne préparation physique… Le photographe doit comprendre le terrain, s’y adapter : « Le photographe animalier, tel que je le conçois, ne doit pas perturber la vie sauvage. Il doit conserver cette authenticité, la mettre en image. On a du matériel pour être proche de l’animal grâce à un très bon objectif, en conservant une bonne distance. On se fond dans le décor, je me sens toujours comme un invité, tout petit dans cette nature. (…) Le défi, c’est de comprendre où on est. »
Et, parfois, la magie opère au-delà de toute espérance. Au Kenya, une fois encore : « un jour, je me suis posé à 400 mètres d’une famille d’éléphants, avec mon guide, puis les éléphants sont venus vers nous. On n’a pas bougé, j’étais assis à l’extérieur du véhicule, et je me suis retrouvé avec une maman éléphant et son petit, à à peu près six mètres devant moi. C’est quelque chose de rarissime, c’est un moment fort. Normalement, ce sont des éléphants sauvages, mais là ils se sont sentis en confiance malgré notre présence. »
Sensibiliser la nouvelle génération
Mais pour Olivier Anrigo, ce travail de photographie n’a de sens que si on le transmet. Voilà pourquoi Arktic Interactions vient de monter un programme de sensibilisation, dans les écoles, mais aussi dans d’autres lieux dédiés, comme la Bibliothèque Louis Notari, le 10 juin dernier. La première intervention, elle, date de mars 2022, à l’Université Internationale de Monaco.
« C’est la nouvelle génération qui va prendre le relai : il faut leur donner toutes les possibilités, toutes les données, pour qu’ils puissent être sensibilisés, explique le photographe. Je suis très agréablement surpris parce qu’ils s’emparent très bien du sujet. (…) L’éducation et la sensibilisation, pour moi, c’est une priorité et il faut le faire dès le plus jeune âge. »
Beauté des animaux et des paysages, géographie ou métiers de l’image et de l’environnement : le programme s’adapte avec des actions à destination des élèves de primaire jusqu’aux étudiants à l’université. Scolarisé au sein du lycée des Franciscains pendant sa jeunesse, c’est avec émotion qu’Olivier a fait l’une de ses premières interventions au FANB. Pour lui, « la boucle est bouclée. »
En parallèle, le photographe et son équipe prépare déjà les futurs voyages. Au programme : des plongées polaires au Spitzberg et au Groenland à partir de 2023. Et en 2025, une expédition spéciale avec le Centre Scientifique de Monaco, pour mettre en lumière et en images le travail des scientifiques en Antarctique, auprès des manchots Empereurs.
Vous pouvez retrouver l’ensemble des œuvres d’Olivier Anrigo sur son site internet ou ses réseaux sociaux.