Récit

Le Prince Albert II : « il est plus que jamais nécessaire d’écouter ce que la science a à dire »

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Aux côtés de Frédéric Genta, le Prince Albert II a alerté sur l'environnement au Forum économique mondial de Davos. DR

Le Souverain s’est rendu au Forum économique mondial de Davos. Il y a prononcé quatre discours portés sur l’environnement, orientés envers les décideurs politiques et entrepreneurs présents.

« Malheureusement, les alertes lancées par la communauté scientifique n’ont pas suffi à inverser une tendance qui semble bel et bien aller dans le sens d’une catastrophe annoncée. » Parmi les sujets énoncés par le Prince, celui du permafrost. La fonte de ce sol gelé en permanence pourrait entraîner des dangers sur notre santé.

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« Cette situation nous frappe aujourd’hui par son ampleur et par l’importance de la menace qu’elle représente. Cependant, si ses conséquences sont exceptionnelles, les mécanismes qui l’ont rendue possible ne le sont pas à mes yeux.[…] Il y a une forme de négligence vis-à-vis des alertes qui nous ont été données par les scientifiques. […] Beaucoup de ces menaces auraient pu être évitées si nous avions mieux écouté les avertissements des scientifiques. Certaines d’entre elles peuvent encore être évitées : il est donc plus que jamais nécessaire d’écouter ce que la science a à dire. »

« Le lien entre l’environnement et la santé »

« Je voudrais aborder un autre sujet mis en lumière par la situation du permafrost : le lien entre l’environnement et la santé. Car s’il est probable que la fonte des glaces libère du méthane et du CO2, il est aussi probable qu’elle entraîne la résurgence de bactéries et de virus anciens, contre lesquels nous ne sommes pas protégés. […] Ce lien entre santé et environnement est crucial. Il est crucial pour notre avenir car des menaces inconnues pourraient survenir prochainement. Mais il est aussi crucial pour notre capacité à agir », a ciblé le Prince Albert II.

Entre ses discours, le Souverain a multiplié les rencontres. Le 17 janvier, avec Dorin Recean, Premier ministre de la République de Moldavie et la veille, direction la Greek House avec Frédéric Genta, Délégué Interministériel à l’attractivité et au numérique, pour mettre en avant le rôle de l’intelligence artificielle et le potentiel de développement de l’IA dans les domaines de l’économie, de la santé ou de l’éducation.

Le Souverain s’est entretenu avec Dorin Recean, Premier ministre de la République de Moldavie. DR

L’économie bleue : vers plus de considération ?

Autre sujet abordé par le Prince Albert II, celui de l’économie bleue qui recouvre toutes les activités économiques liées aux océans, aux mers et aux côtes.

« Trop souvent, l’économie bleue est considérée comme une préoccupation secondaire, réservée aux défenseurs de l’environnement et à une poignée de pays côtiers. Cette façon de considérer l’océan comme une question mineure ou d’importance locale n’est pas propre à l’économie. Cela fait moins de dix ans que les COP sur le climat ont décidé de consacrer un travail spécifique à l’océan, alors que nous connaissons l’importance de son rôle dans la régulation du climat. Et malgré les progrès récents, la plupart des mers de cette planète, soit près de la moitié de sa surface, échappent encore quasiment toutes à toute réglementation visant à les protéger. »

Nous devons aller de l’avant dans la construction d’une économie bleue

Prince Albert II

Et au Prince de présenter son investissement. « C’est le sens de mon action, avec la Principauté de Monaco, ainsi qu’avec ma Fondation (Fondation Prince Albert II, ndlr), puisque nous intensifions les partenariats, les réflexions et les collaborations pour construire ensemble cet avenir commun. Il y a 15 ans, nous avons créé la Monaco Blue Initiative qui est un forum annuel d’échanges entre scientifiques, décideurs politiques, acteurs économiques et société civile sur ces questions. »

« Nous devons aller de l’avant dans la construction d’une économie bleue, afin de continuer à créer le progrès que nos contemporains réclament. Et nous devons aussi aller de l’avant dans la protection de l’océan et de ses ressources », a ajouté le Souverain, en précisant la participation de Monaco à la Conférence des Nations Unies sur les Océans qui se tiendra à Nice en 2025. Événement pour lequel le Principauté accueillera un forum sur l’économie bleue et les financements.

« Fédérer les acteurs concernés »

Sensibiliser, oui, mais le Souverain souhaite également fédérer les acteurs, notamment économiques, rassemblés pour l’événement.

« Nous avons la capacité de fédérer l’ensemble des acteurs concernés autour de grandes priorités. Nous avons vu combien il est difficile d’être efficace quand on agit seul. […] C’est pourquoi il faut offrir aux acteurs économiques des moyens de mettre en commun leur puissance pour en tirer parti. » Le Prince Albert II évoque ensuite les actions de sa Fondation, mais aussi le MedFund, un fonds fiduciaire lancé avec la France et la Tunisie, rejoints depuis par d’autres acteurs publics et privés, qui permet de mettre en commun des moyens importants au profit des aires marines protégées en Méditerranée.

 Nous connaissons la rhétorique qui ne voit de salut que dans le déclin.

Prince Albert II

« Le deuxième domaine dans lequel nous pouvons apporter notre aide est l’identification de projets adéquats, en offrant une expertise scientifique et de terrain à tous ceux qui souhaitent s’impliquer. C’est pourquoi nous avons lancé le Fonds ReOcean. L’objectif est de lever 100 millions d’euros pour le développement d’entreprises porteuses de projets positifs. Réduire la pollution des océans, protéger les écosystèmes, changer notre façon de produire des aliments issus de l’océan, ou encore développer un transport maritime plus durable… », poursuit le Souverain, citant ensuite la plateforme Ocean Innovators, qui rassemble les acteurs de l’économie maritime.

« Nous connaissons la rhétorique qui ne voit de salut que dans le déclin. […] Cette rhétorique est mortifère. Elle décourage l’action efficace de nombreuses personnes bien intentionnées. Elle en incite d’autres à adopter les solutions les plus radicales, qui ne sont pas toujours pertinentes. Et il prive l’humanité de perspectives de progrès indispensables, alors que des milliards de nos contemporains ont droit à une vie meilleure, autant qu’à un environnement sain », a conclu le Prince Albert II.