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Récit

Trabzon, la « petite Istanbul » de la mer Noire qui vibre au rythme de son club de football

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DR

REPORTAGE. Champion de Turquie en titre, Trabzonspor accueillait jeudi soir en Ligue Europa l’AS Monaco dans son antre du Medical Park Stadyumu. Une rencontre décisive pour la qualification, qui a finalement tournée à l’avantage des locaux (4-0). Retour sur une journée qui a souri au peuple de Trabzon.

Il suffit de lever les yeux pour se rendre compte à quel point Trabzon et son club de football sont indissociables. Les célébrations du dernier titre de champion de Turquie sont encore visibles à chaque coin de rue. Pendus sur les fenêtres des immeubles, dressés au-dessus des ronds-points, les drapeaux ciel et grenat inondent la cité portuaire de 327 000 habitants nichée sur les bords de la mer Noire.

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©Monaco Tribune

En ce jour de match décisif pour une qualification pour les phases finales de la Ligue Europa, les commerçants et les habitants de celle que l’on surnomme « la petite Istanbul » semblent déjà plongés dans la rencontre. Dès l’aube, les survêtements et les maillots du club fleurissent dans les ruelles escarpées de Trabzon.

Les emblèmes de Trabzonspor fièrement affichés dans la ville

Même les murs de la ville sont peints, à l’image d’une immense façade. Une fresque géante, où un bateau s’affiche au creux d’une vague dans une mer déchainée, sous un ciel orageux, représentant les deux emblèmes forts de la ville : la pêche, activité incontournable d’une cité tournée vers la mer Noire, et le football, incarné par un club fondé en 1967 et vainqueur de sept titres de champion de Turquie.

©Monaco Tribune

Dans les abîmes de Trabzon, c’est une Turquie traditionnelle qui se révèle. Les ruelles, parfois jonchées de crevasses et recouvertes de terre-battue, forment un labyrinthe géant au milieu des immeubles, parfois récents, souvent vétustes. Plus à l’Ouest de la ville, le centre se dessine avec ses différents artifices. Moins cosmopolite qu’Istanbul, Trabzon n’est pas habituée à voir débouler des touristes occidentaux. Ici, les locaux ne parlent pas ou très peu anglais.

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©Monaco Tribune

Même au cœur de la ville, où les bâtiments modernes forment un quartier d’affaires et où se trouvent la majorité des commerces et des restaurants. C’est d’ailleurs dans ce centre-ville que les maillots de Trabzonspor sont les plus présents. En banlieue, ce sont les petites boutiques et les façades qui sont recouvertes de distinctions de Trabzonspor. Au centre, ce sont sur les épaules des supporters de toutes les générations que sont fièrement exhibées les fidèles couleurs du club.

Un stade flambant neuf à quelques encablures de la mer

En début d’après-midi, après le déjeuner, la ville continue de se plonger dans une rencontre européenne redoutée, face à l’AS Monaco, considérée ici comme un grand nom du football européen et favori naturel du groupe. Au milieu des appels à la prière et des voix des muezzin qui émanent des mosquées de la ville, c’est un peu le calme. Avant la tempête.

©Trabzonspor

Une fois la nuit tombée, assez tôt ici, aux alentours de 17h30, les premiers fans commencent à se diriger vers l’enceinte aux formes cubiques, à l’écart de la ville. Au bout d’une longue et large pénétrante interminable se trouve en effet le repère de Trabzonspor, accolé aux nombreux terrains d’entraînements et à ceux du centre de formation du club. Un stade inauguré en 2016 et qui a remplacé l’ancien stade Hüseyin-Avni-Aker, détruit en 2017.

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À 20h, les supporters continuent d’affluer en nombre. À l’arrivée du bus de leur équipe, des fumigènes sont craqués. L’ambiance commence à monter d’un cran. Les encouragements sont chaleureux. À Trabzon, les fans sont chauds, mais aucun débordement n’est à signaler. Le supporter de Trabzonspor semble respectueux, simplement amoureux de son équipe. Jeunes et plus âgés commencent à entrer dans les entrailles du chaudron où « Trabzonspor » est inscrit en grand sur les sièges des tribunes.

©AS Monaco

Alors que les deux équipes s’échauffent, les premiers sifflets à l’encontre des monégasques se font entendre. Mais ce n’est pas rien par rapport à ce qui va suivre pendant la rencontre. Une fois les deux équipes entrées au vestiaire et prêtes à regagner la pelouse pour le protocole d’avant-match, les supporters turcs sont en place. Les Monégasques aussi. Dans le parcage visiteur, une petite poignée de fans de l’AS Monaco sont bien présents pour suivre ce choc du groupe H.

Des scènes de communion entre les joueurs et les supporters

À 22h, pour se calquer sur le fuseau horaire d’Europe occidental, le coup d’envoi est enfin donné au milieu des chants intenses des supporters. Si chaque prise de balle des joueurs de Trabzonspor fait monter un peu plus les décibels dans le stade, chaque ballon touché par les Monégasques est accompagné de sifflets assourdissants, dans un Medical Park Staduymu pourtant pas complètement plein pour ce rendez-vous européen. 26 000 personnes ont répondu à l’appel, dans une enceinte pouvant accueillir jusqu’à 41 000 spectateurs.

Les conséquences d’un début de saison décevant de la part du champion de Turquie, boudé par ses « taraftarlari* ». Le titre est encore dans toutes les têtes. Mais cela n’est pas suffisant pour ne pas montrer son mécontentement quant à ce début de saison moyen et cette absence en Ligue des champions après un barrage perdu face à Copenhague.

©Trabzonspor

D’abord dominé par Monaco, qui s’est procuré plusieurs occasions en début de match, l’équipe locale va profiter d’une mauvaise relance d’Alexander Nübel pour complètement lancer sa soirée. Fêtée comme il se doit, cette première réalisation marque le début d’un festival de buts, qui va faire entrer l’enceinte en fusion. Avec quatre buts inscrits, Trabzonspor a offert à ses supporters un spectacle auquel personne ne s’attendait. À commencer par les hommes de Philippe Clement, incapables de réagir face au réalisme de leurs adversaires.

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Une victoire nette, qui a fait naître une magnifique communion entre les joueurs et leurs supporters. Au milieu de la pelouse, Marek Hamsik, Umut Bozok, Marc Bartra et leurs coéquipiers se sont prêtés à une petite danse locale. Un premier pardon et un retour sur le chemin de la rédemption. À Trabzonspor et comme dans toutes les villes qui respirent au rythme de leur équipe de football, les émotions sont vives et se succèdent à grande vitesse.

*supporters

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