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Récit

Un homme condamné à un an de prison pour proxénétisme

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La prévenue devra verser 14 500 euros de dommages-intérêts à la victime - © Monaco Tribune

Il patientait en bas de l’hôtel Méridien en fumant un joint, ce qui a attiré l’attention des policiers.

Il aura fallu 5 heures d’audience pour démêler le vrai du faux dans cette affaire de proxénétisme, dont le scénario pourrait être adapté au cinéma. Vendredi 18 novembre 2022, à l’audience de flagrance, l’homme de 27 ans est arrivé menotté et encadré de 3 policiers. Sur les deux jeunes femmes qu’il accompagnait dans la nuit du 12 novembre dernier, une seule était présente : Mélissa*. Ne s’estimant pas victime, elle ne s’est pas constituée partie civile, mais a tout de même accepté de témoigner à la barre. 

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Des sacs de femmes et du lubrifiant dans la voiture

Il est environ 2 heures du matin. Un homme attire l’attention de la police. Non seulement il fume du cannabis, mais il est stationné sur un emplacement réservé aux personnes handicapées. Lorsque les agents l’interrogent, le jeune homme originaire de la région parisienne explique qu’il attend un ami. Or, en procédant au contrôle, les forces de l’ordre remarquent des affaires féminines dans la voiture et du lubrifiant… De quoi éveiller les soupçons.  

Quelques instants plus tard, ils aperçoivent deux jeunes femmes. Elles rejoignent la voiture et reconnaissent avoir « fait une passe » pour 500 euros. Ni une ni deux, le groupe est placé en garde à vue et emmené dans les locaux de la Sureté Publique. L’enquête peut commencer.

L’homme affirme avoir été contacté par l’une des jeunes femmes, Mélissa, avec qui il entretenait une relation secrète. Elle lui aurait demandé de l’emmener à Monaco avec son amie, sans donner plus d’explications, alors qu’il logeait – selon sa version – chez un ami à Cannes pour les vacances. « Pourquoi avoir accepté, en pleine nuit, de faire Cannes-Monaco ? Quel était votre intérêt ? », interroge le Président. « J’avais juste l’espoir de passer la soirée avec Mélissa », répond le prévenu, tout de blanc vêtu.

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Un Airbnb loué pour 3

Un récit qui sera remis en question lors de l’audience. Et pour cause : dans l’appartement niçois occupé par les deux prostituées, le passeport du prévenu a été retrouvé au cours de la perquisition. Ce n’est pas tout : la police a aussi mis la main sur quelques affaires lui appartenant, et plusieurs enveloppes contenant plus de 2 000 euros en liquide. Par ailleurs, cet Airbnb a été réservé pour 3 personnes et non pour 2.

« Êtes-vous séparé de la mère de votre enfant ? », le questionne une nouvelle fois le Président. « C’est compliqué en ce moment », explique alors le jeune homme. « Saviez-vous que Melissa se prostituait ? », poursuit le juge. « J’avais des doutes, mais elle m’a affirmé qu’elle ne faisait plus ce genre de choses. » Autre élément au dossier : les vidéos retrouvées dans leurs téléphones. Deux jours avant les faits, Melissa est allongée sur un lit avec des billets, et la voix du prévenu est reconnaissable, selon les magistrats.

« Pourquoi ne pas avoir appelé un taxi ce soir-là ? », demande le Président en s’adressant cette fois à la jeune femme de 21 ans. « C’était trop cher », rétorque-t-elle en précisant que son activité de prostitution était occasionnelle. « Je fais 3 ou 4 clients par mois pour payer mon loyer et aider ma mère. Aujourd’hui j’ai peur, je reçois des menaces, je me retrouve dans une galère plus grosse que ma tête. » Également originaire de la région parisienne, elle admet aussi avoir reçu quelques clients à Nice.

17 mentions au casier judiciaire 

« Je suis venu 30 minutes dans votre pays et je me retrouve en prison », peste le prévenu pour qui le milieu carcéral n’est pas totalement inconnu. 17 mentions figurent à son casier judiciaire français. Il a été condamné pour vol, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, conduite sans permis et… proxénétisme tout récemment à Lille. Les coïncidences deviennent, à ce stade, difficiles à croire. Quant à la jeune femme, le Procureur note qu’elle « est apparue dans un réseau de proxénètes à Saint-Etienne ».

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Pour sa défense, le prévenu évoque son enfance difficile. « Mon père est décédé quand j’avais 8 ans. Ma mère m’a envoyé au Sénégal pendant deux ans et quand je suis revenu en France, j’ai été placé en foyer ». Aujourd’hui, il assure travailler comme vendeur de fruits et légumes sur les marchés. Néanmoins pour le Procureur, son implication ne fait aucun doute. Il requiert 2 ans de prison et 3 000 euros d’amende à son encontre, ainsi que la confiscation de l’argent trouvé lors de la perquisition. 

Place à la plaidoirie de l’avocat du prévenu, qui assure que ce sont les prostituées qui ont « profité de sa gentillesse », et que son client ne s’est visiblement pas enrichi sur leur dos. « Il ne conduit pas une Maserati et il loge chez un ami, pas au Negresco ». Pour lui, c’est « une enquête monumentale pour un homme qui a seulement conduit deux femmes à Monaco ». Il sollicite la relaxe. 

Après délibération, le tribunal a tranché. Il déclare l’homme coupable des faits de proxénétisme et le condamne en répression à un an de prison ferme, ce qui provoquera les cris et pleurs de celle avec qui il entretenait une liaison. Cette condamnation s’accompagne d’une d’amende de 300 euros pour la détention et l’usage de stupéfiants. 

*Pour préserver l’anonymat de la jeune femme, son prénom est ici modifié.

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