Comment le Prince Rainier III imaginait-il l’an 2000 ?
La réponse se trouve dans une revue du Club Allemand International, publiée en 1974.
2023 n’est pas une année comme les autres en Principauté. Monaco célèbre en effet le Centenaire de l’anniversaire du Prince Rainier III, né le 31 mai 1923. Les festivités, récemment détaillées par la Princesse Stéphanie au cours d’une interview, débuteront donc en mai, avec, notamment, une grande fête populaire sur la Place du Palais.
Surnommé « le Prince Bâtisseur », le Prince Rainier III a apporté de nombreuses transformations à la Principauté. Grand visionnaire, le Prince avait même rédigé un article paru en français et en allemand dans la revue annuelle du Club Allemand International, dont il était Président d’Honneur, en 1974.
Le Prince Rainier y exposait alors sa vision de l’an 2000 à Monaco, plus de 25 ans auparavant :
« La Principauté de Monaco en l’an 2000
Il est visible que Monaco a subi une transformation profonde au cours de ces vingt-cinq dernières années, et il faut s’en féliciter, même si certains le déplorent.
Il faut aussi s’attendre, de façon certaine, à ce que l’aspect général de la cité soit à nouveau modifié dans le dernier quart de ce siècle ; mais comment décrire en si peu de lignes et dans l’incertitude des temps, les transformations qui auront lieu ?
Comment prévoir avec exactitude aujourd’hui ce qui se fera demain ?
Une chose est certaine : le Rocher, centre historique et cœur de la Principauté, avec sa vieille ville et ses monuments témoins du passé, seront entièrement préservés, car ils demeureront les preuves et les symboles de la pérennité de la Principauté et de son indépendance.
D’autres monuments subsisteront aussi bien sûr ; ceux-ci, pour être moins anciens, n’en représentent pas moins, par leur importance, le symbole du prestige et du renom de Monte-Carlo de la « grande époque » : le Casino avec ses terrasses et ses boulingrins, l’Hôtel de Paris, l’Hôtel Hermitage, les jardins du Casino, etc…; et puis, ici et là des propriétés privées, des villas, des jardins et des espaces verts seront aussi préservés et mis en valeur.
Le nouveau Monte-Carlo, celui des Spélugues et celui du Bord de Mer, aura achevé sa métamorphose ; il sera devenu le quartier de luxe et de loisirs, mais aussi le centre international du tourisme d’affaires, comprenant un Centre de Congrès-Auditorium moderne, des hôtels neufs et des immeubles d’habitation de grand standing.
La Condamine, les quartiers de la Gare et de la Colle auront rénové entièrement leur habitat,
Partout la modernisation aura été réalisée d’une manière réfléchie et étudiée pour apporter aux habitants des divers quartiers plus de confort et d’agrément dans le souci principal d’améliorer toujours la qualité de la vie urbaine dans un environnement devenu plus clair, plus lumineux, au milieu d’espaces verts, de fontaines et de terrasses fleuries.
Mais c’est à Fontvieille que les mutation auront été les plus grandes. Déjà nous aurons vu surgir des flots une vaste plateforme, un terrain vague. D’ici la fin du siècle, cette étendue se sera bâtie ; un quartier nouveau y prendra vie, sans modernisme outrancier, mais dans le respect et l’imposition d’une architecture d’inspiration méditerranéenne. C’est là, dans la réserve foncière que nous avons constituée, que seront satisfaits les besoins futurs de la collectivité, ente autres : un lycée, un stade, un centre commercial, des services publics, le tout noyé dans une généreuse verdure qui recouvrira même certaines voies. De vastes parkings accueilleront les habitants et les visiteurs de cette nouvelle urbanisation. Là aussi les immeubles abriteront des cadres, une population active ainsi que des bureaux commerciaux et des industries légères ne créant aucune nuisance ni aucune pollution. Tout sera mis en œuvre pour que les éléments de cet ensemble coexistent harmonieusement.
Ce tableau peut paraître idyllique, mais nous nous devons d’être de plus en plus exigeants en matière de confort urbain et d’urbanisation des quartiers de la Principauté.
Songez aussi qu’au delà du visage de notre cité, il faudra immanquablement développer et moderniser ses équipements et installations existantes ou à créer, tels que :
– des logements sociaux neufs,
– de nouveaux établissements scolaires,
– un centre hospitalier plus complet, mieux équipé, plus moderne,
– d’autres centres culturels et sociaux,
– des bâtiments du culte,
– des réseaux plus développés, renforcés, pour que la ville soit alimentée partout et suffisamment en eau, électricité, gaz, téléphone… mais également pour que les eaux usées, une fois traitées, soient déversées en mer profonde, nous conservant une mer et des plages propres.
Mais nous devons aussi participer à des travaux régionaux de liaison routière, afin de ne pas nous trouver isolés des grands courants et mouvements de tourisme international.
L’avenir appartient aux optimistes qui, avec réalisme et mesure, résoudront les problèmes que l’évolution leur posera. Le bien-être de la collectivité doit en être le moteur et l’objectif.
Monaco de l’an 2000… un rêve, non ! Une réalité qui déjà se dessine ! »