Que deviennent les balles de tennis usagées à Monaco ?

Longtemps jetées sans états d’âme, les balles de tennis usagées trouvent depuis quelques années une seconde vie. Entre initiatives écologiques du Monte-Carlo Country Club et transformation artistique, ces petites sphères jaunes incarnent aujourd’hui une démarche durable qui dépasse les frontières du sport.
Alors que la saison sur terre battue bat son plein – après l’ATP Masters 1000 de Monte-Carlo, puis celui de Madrid et de Rome, c’est désormais au tour de Roland-Garros – la question de l’avenir des petites balles jaunes, fatiguées par les amateurs et les professionnels, se pose.
« Je vous le dis clairement, avant c’était compliqué, elles partaient à la poubelle », reconnaît sans détour Jean-Christophe Amaré, responsable adjoint technique du Monte-Carlo Country Club. Cette franchise résume parfaitement la situation qui prévalait encore il y a trois ans dans l’un des clubs de tennis les plus prestigieux de la Principauté.
Aujourd’hui, la donne a changé. Depuis trois ans, le Monte-Carlo Country Club s’est associé à l’éco-organisme Ecologic, partenaire de l’opération Balles Jaunes lancée par la Fédération Française de Tennis. « Lorsque nous avons entendu parler de cette opération, il y avait cette société qui travaillait en partenariat avec la FFT et c’est ainsi que nous sommes rentrés en contact », explique Jean-Christophe Amaré.
Le circuit mis en place est désormais bien rodé : deux bacs d’un mètre cube récupèrent les balles usagées, non seulement celles des tournois et des professeurs, mais aussi celles des membres du club, sensibilisés à cette démarche écologique.

Un cycle de vie optimisé
Avant d’arriver dans les bacs de récupération, les balles de tennis connaissent déjà plusieurs vies au sein du club monégasque. « Les balles usagées de nos différents tournois servent avant tout à nos professeurs, notre école de tennis et nos adhérents », précise le responsable technique. Cette optimisation s’étend même au-delà des frontières du club : « Nous avons également des partenariats avec des plus petits clubs de la région, comme le tennis club de Cagnes-sur-Mer par exemple. Nous leur en donnons gratuitement par gentillesse et surtout par amitié. »
Car la durée de vie d’une balle de tennis reste cruellement courte. Dans le monde professionnel, elle ne dépasse pas sept jeux. Pour les amateurs, « je dirais deux, trois matchs », estime Jean-Christophe Amaré. Une obsolescence rapide qui génère des quantités considérables de déchets, particulièrement lors d’événements comme le prestigieux Rolex Monte-Carlo Masters.
Quand l’art s’empare du rebut sportif
C’est précisément cette problématique que l’artiste madrilène Amova a choisi de transformer en questionnement artistique. Son exposition « Tennis Reborn », présentée par The Art Trotter à Monaco début mai, offre une réinterprétation contemporaine du concept de « ready-made » (prêt à l’emploi), cher à Marcel Duchamp.
« Que devient une balle de tennis une fois le match terminé ? Où va-t-elle ? De quoi est-elle faite et combien de temps dure-t-elle ? » Ces interrogations, Amova les transforme en « poésie sculpturale », selon les termes des organisateurs. L’exposition, organisée en marge du Rolex Monte-Carlo Masters, a initié un dialogue inédit entre l’art et le sport, transformant ces déchets sportifs en œuvres conceptuelles et élégantes.
Une démarche qui fait école
L’initiative du Monte-Carlo Country Club s’inscrit dans une démarche plus large de responsabilité environnementale. « Tout comme le tournoi du Rolex Monte-Carlo Masters, le Monte-Carlo Country Club s’engage le plus possible dans la biodiversité et l’écologie », souligne Jean-Christophe Amaré.
Cette prise de conscience, bien que légèrement tardive, témoigne d’une évolution des mentalités dans le monde du tennis monégasque. Les balles, composées de caoutchouc et de feutre et mises sous pression, trouvent désormais une utilité au-delà de leur fonction première, que ce soit dans des projets de recyclage industriel ou dans des créations artistiques d’exception.
À l’image des œuvres d’Amova, désormais présentes dans des collections privées d’amateurs d’art et de tennis du monde entier, ces initiatives démontrent qu’il est possible de concilier excellence sportive et responsabilité environnementale, même dans l’univers très codé du tennis de haut niveau.