Apprendre le monégasque : guide pratique pour découvrir la langue de la Principauté

Le monégasque — ou munegascu — fait partie intégrante du patrimoine culturel de Monaco. Pour ceux qui souhaitent s’initier ou se perfectionner, voici un guide pratique rassemblant les principales ressources disponibles en 2025.
« Quelles ressources puis-je trouver pour apprendre le monégasque ? » nous a questionné Lucien, un lecteur outre-atlantique anglophone et manifestement avide de connaître cette langue identitaire, héritée de l’histoire ligure et méditerranéenne. Si son usage quotidien reste aujourd’hui limité, Monaco déploie de nombreux efforts pour en assurer la transmission. Cet été, la rédaction de Monaco Tribune a fait ses devoirs de vacances et vous livre les pistes à suivre.
1. À Monaco : cours et initiatives locales
À l’école, des cours et un concours
Les jeunes monégasques scolarisés l’étudient depuis la primaire jusqu’en classe de 3e – la langue devient une option à partir de la seconde – pour se familiariser avec l’histoire et la culture de Monaco. Un concours de langue monégasque, organisé depuis 1981 par la Mairie, la DENJS et le Comité national des traditions monégasques, met chaque année les élèves à l’épreuve. Les écrits se déroulent en mai, suivis des oraux en juin, avant une remise de prix officielle en présence du Prince Albert II. « C’est un moment fort pour valoriser la langue auprès des jeunes générations mais souvent auprès des familles qui les font réviser », témoigne Isabelle Albanese, coordinatrice des professeurs de monégasque.
Cours gratuits pour adultes
Chaque année, le Comité national des traditions monégasques, avec l’Académie des langues dialectales, propose des cours gratuits de monégasque pour adultes. Débutants ou confirmés peuvent s’inscrire en octobre, à l’issue d’une réunion d’information. Les séances se tiennent au local de l’Académie des langues dialectales (18 avenue des Castelans), et sont animées par des professeurs en lien avec la DENJS.
Ressources culturelles physiques
Côté publications, plusieurs outils existent et sont pour la plupart disponibles à la médiathèque de Monaco (fermée du 20 septembre au 11 décembre 2025) :
- Canticu a Santa Devota (La Légende de Sainte Dévote) de Louis Notari : le premier ouvrage en langue monégasque publié en 1927
- Grammaire monégasque, Louis Frolla, (1960)
- Dictionnaire français – monégasque, Louis Barral (1983)
- Anthologie de la littérature et de l’usage écrit du monégasque de Stefano Lusito (2023)
- U Libru d’i aujeli (Le livre des oiseaux), Collection Louis Notari / présentation de Claude Passet avec un essai de Bernard Notari (2025), (ed Stefano Lusito) : un recueil de poésie en monégasque.
- Le calendari annuel présente chaque année un calendrier en langue monégasque, accompagné d’un florilège de textes en monégasque avec leur traduction française, souvent dédiés à une personnalité monégasque ou illustrant un thème culturel ou historique
2. À l’étranger : événements et auto-formation
« À l’étranger, aucune structure formelle n’enseigne aujourd’hui le monégasque », nous confie Jean-Philippe Vinci, directeur de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et des Sports, avant le coup d’envoi de la rentrée scolaire 2025-2026. Toutefois, certains colloques universitaires ou événements en Italie, notamment en Ligurie, permettent d’assister à des conférences sur les dialectes voisins et assimiler la culture locale. L’Académie des langues dialectales collabore régulièrement avec des institutions de Varazze ou Gênes, et participe à des projets comparatifs avec des écoles françaises. « Avec les élèves, nous avons réalisé des projets en collaboration avec une école de catalan à Perpignan ou avec une école d’occitan à Orange. Nous avons également participé à des séminaires autour des dialectes et de leur enseignement », complète Isabelle Albanese.
Apprentissage à distance
Pour les passionnés vivant hors de la Principauté, la démarche passe donc plutôt par une auto-formation, en s’appuyant sur des ressources numériques ou des contacts directs. Étant donné qu’aucun dispositif étranger ne délivre un enseignement du monégasque, les intéressés peuvent se rapprocher des ambassades qui pourront servir d’intermédiaire pour la mise en relation avec les professeurs donnant des cours particuliers.

3. Alternatives numériques et informelles
Même si elles restent limitées, plusieurs pistes existent pour ces apprenants éloignés de Monaco :
- Le site du Comité national des traditions monégasques compile des ressources et la police de caractères avec l’alphabet monégasque à télécharger.
- Sites amateurs : certaines pages en ligne (non-officielles) proposent elles-aussi du vocabulaire, comme munegascu.free.fr.
- Échanges linguistiques : sur certaines applications spécialisées, il est possible de trouver des locuteurs prêts à partager leurs connaissances.
- Communautés en ligne : forums et réseaux sociaux constituent des points d’entrée pour poser des questions, échanger des documents ou rencontrer d’autres passionnés.
Ces outils ne remplacent pas un apprentissage encadré, mais offrent une première immersion utile pour découvrir les sonorités et les particularités du monégasque.

4. Où trouver plus d’informations ?
Le site du Comité national des traditions monégasques rassemble une grande variété de ressources : dictionnaires, documents pédagogiques, informations sur les cours et sur les événements culturels. L’Académie des langues dialectales publie également régulièrement des ouvrages et organise des séminaires spécialisés.
Pour ceux qui souhaitent franchir le pas, le premier geste consiste donc à se rapprocher de ces institutions, véritables piliers de la sauvegarde linguistique de la Principauté.