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Interview

« C’est une fierté de porter cette trifonction » : Louis Richard évoque son ascension en tant que triathlète de l’AS Monaco

Louis Richard l AS Monaco © Triathlon de l'Alpe d'Huez
Louis Richard © Triathlon de l'Alpe d'Huez

Passé du cyclisme au triathlon, Louis Richard n’a pas attendu bien longtemps avant de se signaler dans sa nouvelle discipline. Au cours d’une interview exclusive accordée à Monaco Tribune, il revient sur les différentes étapes qui l’ont menées jusqu’à la trifonction monégasque.

Déjà vainqueur de l’Embrunman 2024, Louis Richard a conservé sa couronne en réalisant un back to back remarquable lors de l’édition 2025. Mais en dépit de ses belles performances récentes sous les couleurs de l’AS Monaco Triathlon, ce n’est pas toujours cette discipline qui a rythmé son quotidien de sportif.

Vous avez commencé le cyclisme à l’âge de 10 ans, pourquoi ce choix ?

Avant cela, j’ai fait quelques sports collectifs. Mais ce n’était pas forcément ce que je préférais, j’ai toujours été attiré par le vélo. Mon père en faisait un peu en tant que cycliste du dimanche, je pense que c’est ce qui m’a donné envie. Et en parallèle, j’ai toujours bien aimé le Tour de France. Voir cet effort réalisé par les coureurs… Je voulais faire pareil.

Quel regard portez-vous sur votre parcours dans le cyclisme ?

Ça a mis un peu de temps à se lancer. En junior, j’ai remporté pas mal de courses au niveau national, j’ai été champion de France de poursuite par équipe sur piste avec la Picardie. Dans la foulée, j’ai fait six ou sept années en N1 (ndlr : le plus haut niveau amateur) et j’ai mis du temps à réussir à être performant à ce niveau-là. Sur la dernière année, j’ai fait de très bons résultats. À partir de là, j’ai commencé à sérieusement réfléchir à franchir le cap et j’ai eu une opportunité de me tester au niveau professionnel avec le U Nantes Atlantique en 2022.

Est-ce que c’était un aboutissement pour vous ?

Non, pas vraiment. Je sortais d’une super année 2021, et j’avais l’ambition d’essayer de voir si je pouvais faire carrière dans le cyclisme. Mais ça s’est mal passé, j’ai commencé l’année en étant blessé, donc assez tard et avec peu d’entraînement. Ça a été compliqué, je n’ai pas vraiment pu faire mes preuves et je n’ai pas été reconduit. Je suis tout de même content de l’avoir vécu, je n’ai pas de regret. Et ça m’a permis de voir que ce n’était pas forcément ce qui me convenait le mieux.

© Thomas Devard Photographie

C’est suite à cette année plus compliquée que vous décidez de basculer sur le triathlon ?

Oui. En 2021, sur ma dernière année de vélo amateur, j’y pensais déjà. À partir du moment où ça s’est arrêté chez les professionnels, je me suis naturellement dirigé vers le triathlon.

Comment s’est déroulée votre transition vers cette nouvelle discipline ?

Je démarrais un peu de zéro en natation et en course à pied. Ça a été une vraie année d’apprentissage. J’ai commencé à aller nager en autonomie. Et pour la course à pied, ça a été une montée en charge progressive. C’est un sport différent, avec des impacts, et mécaniquement je n’étais pas encore prêt à enchaîner les séances.

Je suis encore dans une phase d’apprentissage. Je me suis concentré sur mes points forts pendant les deux premières années. On a mis la natation de côté, parce que ça représentait beaucoup d’investissement pour peu de retour. En revanche, j’ai réussi à progresser très vite en course à pied. Depuis un an, je bosse plus souvent dans l’eau car ça devenait un facteur très limitant.

Vous êtes licencié à l’AS Monaco Triathlon, pourquoi ce choix ?

J’ai fait ma première course de triathlon à Cagnes-sur-Mer. J’avais fini 7e, premier amateur, et suite à cela, j’ai rencontré Denis Watrin (ndlr : entraîneur de l’ASM) qui m’a proposé de rejoindre le club. J’ai directement eu un peu de réussite puisque trois semaines plus tard, j’ai remporté le Triathlon L d’Embrun avec ce nouveau maillot.

© Triathlon de l’Alpe d’Huez

Qu’est-ce que cela représente pour vous, et quels avantages cela implique ?

Dans le monde du triathlon longue distance, c’est un club qui a toujours eu de bons athlètes, donc c’est une fierté de porter cette trifonction (ndlr : tenue portée par les triathlètes). On voit d’ailleurs que sur le bord des parcours, cela fait partie des maillots que les gens reconnaissent, et on est pas mal encouragé.

Je ne peux pas profiter des infrastructures, parce que je suis à Lyon à l’année. Mais le club nous aide tout au long de la saison en termes de frais de déplacement, de prime de performance, ce qui nous permet de financer notre pratique. Il y a aussi un accompagnement sur le plan sportif. Que ce soit avec Denis Watrin, ou Patrick Argi, le président, avec qui j’ai des contacts réguliers. Ils nous font bénéficier de leur réseau en fonction de nos besoins.

De plus en plus d’athlètes licenciés à Monaco font parler d’eux. Qu’est-ce qui explique cette progression selon vous ?

Les conditions d’entraînement dans cette région sont excellentes, la météo est très agréable. Les gens qui y grandissent ont une probabilité plus importante de faire du sport je pense, ça fait partie de la culture locale. Et forcément, des champions réussissent à émerger.

Lors de votre récente victoire à l’Embrunman 2025, vous accusiez un retard de quinze minutes en sortant de l’eau. Quel était votre état d’esprit à ce moment de la course ?

J’étais plus ou moins dans mon plan de marche, c’est à peu près ce à quoi je m’attendais. Je ne peux pas dire que j’étais serein pour autant, mais j’avais nagé à mon niveau et j’ai accueilli ça de façon assez neutre. Je savais que ma potentielle remontée allait dépendre de ma capacité à faire une excellente course à pied et à vélo.

© Activimages

Vous avez effectué le deuxième meilleur temps de l’histoire de la compétition, est-ce une fierté ?

C’est anecdotique pour moi. Ce qui était important, c’était d’améliorer mon niveau de performance par rapport à l’année d’avant. Je voulais me montrer que j’avais progressé, même si les temps restent influencés par les conditions.

Vous n’avez pas attendu très longtemps avant de remporter vos premiers titres en tant que triathlète…

C’est important, ça amène de la confiance. Ça valide l’investissement que j’ai mis dans ce nouveau sport et ça me montre aussi que j’ai peut-être quelque chose à y faire.

Quels sont vos objectifs pour la suite ?

Je veux voir jusqu’où je peux aller dans le triathlon. Le plus haut niveau, ce sont les championnats du monde Iron Man chez les professionnels. L’objectif, à terme, ce serait de réussir à m’y qualifier et d’y être performant. Ce qui me fait défaut actuellement, c’est ma natation. Donc je dois vraiment réussir à progresser dans la discipline pour atteindre cette ambition.