Sylvia Sermenghi : la voix du cœur animal à Monaco
À l’approche du prochain Rokethon Monaco le 2 novembre 2025, rendez-vous avec cette femme d’exception qui prouve, chaque jour, que l’élégance suprême réside dans l’engagement.
Quand elle parle, sa voix garde cette chaleur venue de l’océan Indien. Née à La Réunion, Sylvia Sermenghi a grandi entre les chèvres, les lapins et les oiseaux de la ferme familiale. « Mon père avait une volière sous ma fenêtre. Le matin, j’entendais les oiseaux chanter, et ça me rendait heureuse », confie-t-elle. Aujourd’hui encore, la présidente de Rokethon Monaco s’émerveille devant la nature avec la même émotion enfantine, mais avec la détermination d’une femme qui a choisi d’agir.
De l’hôtellerie à la haute couture
Arrivée à Monaco à dix-huit ans, la jeune Réunionnaise découvre une Principauté encore provinciale : « Tout le monde se connaissait », se souvient-elle. Mais surtout, elle ressent un profond émerveillement : venir ici était un rêve d’enfant devenu réalité. « Petite, je feuilletais Paris Match et je me disais : un jour, je serai là, je connaîtrai la famille princière », raconte-t-elle. Ce rêve, improbable à treize mille kilomètres de là, se réalise quelques années plus tard : Sylvia Sermenghi rencontre alors la Princesse Grace. « C’était pour moi une femme d’une grâce absolue, une présence lumineuse. »
Après des études à Nice et Montpellier, elle trouve son premier emploi au Fairmont Monte-Carlo, alors appelé « Le Loews ». À vingt ans à peine, elle y dirige déjà plusieurs restaurants : « C’était une autre époque : la vie était plus simple, plus joyeuse. »
Curieuse et ambitieuse, Sylvia Sermenghi se tourne vite vers l’entrepreneuriat. Sa passion de toujours – la mode – devient son métier : elle crée sa propre marque, Legends Monaco, et se taille une place dans le monde exigeant de la haute couture parisienne. « Tout était fait main, à la soie, à la perle. Je gérais cinquante mannequins, des coiffeurs, des maquilleurs… seule, avec un petit budget, face à Dior ou Lanvin ! » raconte-t-elle, sans fanfaronnade.
Son indépendance est son credo. « Je fais ce que j’aime, quand j’ai envie de le faire », dit-elle en citant Gary Cooper et son “individualisme forcené”. Chez elle, pas de quête de reconnaissance : « Je n’ai jamais attendu les médias. » Ce qui la guide, c’est la passion. Toujours.
« La terre m’apprend l’humilité »
Depuis quelques années, Sylvia Sermenghi vit entourée d’animaux et de plantes. Dans son jardin, elle cultive ses légumes, pratique la permaculture, soigne ses plantes avec d’autres plantes : « La consoude soigne les arbres malades, mais qui le sait ? » demande-t-elle, un brin désolée de voir les humains si éloignés de la nature.

Ses animaux, eux, font partie de la famille. Chiens, chats, chèvres, lapins, poules… : « Je ne compte plus », avoue-t-elle, le regard embué à l’évocation de son petit Caramel, mort à dix-huit ans. « Ils m’enseignent l’humilité, la patience et surtout la joie. Même quand je n’ai pas envie de rire, ils me font rire. »
Rokethon Monaco : un cri d’amour contre l’abandon
C’est l’un d’eux, Rocket, une petite chienne adoptée, qui a donné son nom à Rokethon. Avec Paula Paduroiu, son amie de cœur, Sylvia Sermenghi fonde l’association en 2023. Ensemble, elles veulent agir concrètement contre l’abandon des animaux et promouvoir l’adoption.
Le premier événement marque les esprits : une grande marche solidaire organisée sous le Chapiteau de Fontvieille, et surtout, la venue de la Princesse Charlène. « Je l’ai connue avant son mariage. Il y a toujours eu un respect mutuel entre nous », confie Sylvia avec pudeur.

Depuis, Rokethon réunit une équipe de bénévoles passionnés et multiplie les projets : campagnes d’adoption, partenariats internationaux et bientôt, si les financements suivent, la création d’un refuge modèle, un grand domaine où les animaux recueillis pourraient vivre et guérir avant adoption. « Une grande famille canine », rêve-t-elle.
Monaco et la cause animale
À ses yeux, Monaco peut devenir un exemple en matière de protection animale, même si la route est encore longue. « Il y a beaucoup d’amour pour les chiens ici, mais peu d’espaces et peu de structures adaptées. » Si une petite clinique existe désormais à Fontvieille, elle juge nécessaire d’aller plus loin : un vrai hôpital vétérinaire, des programmes éducatifs pour les enfants.
Elle ne craint pas d’aborder les sujets sensibles. Comme lorsqu’elle évoque, avec émotion et colère mêlées, les massacres de chiens errants au Maroc : « J’aurais voulu mobiliser les footballeurs de l’AS Monaco, montrer qu’on peut dénoncer sans politiser. » Un projet resté dans ses cartons, faute de moyens. « Mais je n’abandonne pas. »

La Brigitte Bardot du Rocher ?
« Non, Brigitte Bardot est toujours là », sourit-elle. Mais difficile de ne pas voir, dans sa ferveur tranquille, une héritière spirituelle de la fondatrice de la SPA. Chez Sylvia, l’engagement se vit au quotidien, dans la tendresse et l’action concrète. « L’abandon, c’est une forme de maltraitance. Soigner, c’est aussi réparer cette blessure. »
Dans sa maison nichée entre collines et mer, les animaux recueillis gambadent, se reposent, reprennent confiance. L’endroit ressemble à un havre : un refuge vivant, à son image. « Je veux créer un lieu où les animaux soient simplement heureux, entourés, respectés. »
« Les animaux sont mes maîtres »
Quand on lui demande ce qui la fait tenir, elle répond sans hésiter : « Eux. » Les animaux sont sa source d’énergie, son moteur. « Ils me rappellent chaque jour que la vie est simple. Il suffit d’aimer et de respecter. »
Dans un monde souvent bruyant, Sylvia Sermenghi avance sans tapage, avec le calme de celles qui savent pourquoi elles se lèvent le matin. Entre ses robes de soie et ses bottes pleines de terre, la créatrice et la militante ne font qu’une. Un pied dans la couture, l’autre dans la nature : la beauté et la bonté, unies sous la même étoile.








