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Interview

Giulio Alaimo, ambassadeur d’Italie en Principauté : « La culture monégasque est très proche à la culture italienne »

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G. Luci / Palais Princier

Ambassadeur d’Italie en Principauté depuis le 16 septembre, Giulio Alaimo nous a parlé de la relation étroite entre les deux pays, le nouveau port de Vintimille, et comment mieux aborder une carrière diplomatique.  

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Diplômé en sciences politiques à l’université de Rome La Sapienza, Giulio Alaimo a rejoint le corps diplomatique en 1991. Suivent diverses missions qui le conduisent à travers le monde : du Pakistan à l’Argentine en passant par Paris et la Suisse, où Giulio Alaimo est élevé au rang de Consul Général. 

Ses derniers mois en Suisse ont d’ailleurs coïncidé avec le début de la pandémie du coronavirus. L’aéroport de Zurich, qui est un des seuls en Europe à rester ouvert, devient alors l’un des rares moyens de rapatriement pour les Italiens bloqués à l’étranger. « Nous nous sommes retrouvés à gérer de nombreux compatriotes qui étaient restés aux quatre coins du monde. C’était un engagement non négligeable« , dit-il dans un sourire.

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Le saviez-vous ? Bien que Monaco n’ait officiellement une politique étrangère que depuis 2005, les relations diplomatiques entre Monaco et l’Italie remontent à 1875. Avec la France, l’Italie est l’un des deux seuls pays à avoir une ambassade dans la Principauté.


Connaissiez-vous la Principauté ?

Je connaissais la Principauté comme on connaît souvent les pays, grâce au tourisme. C’était évidemment une connaissance superficielle liée à mes études, à mes lectures, mais pas une expérience de terrain comme je le fais maintenant, en vivant et en respirant l’environnement local en tant que résident.Et je dois être honnête : de tous les mandats disponibles au moment de la décision de mon nouveau lieu d’implantation, Monaco était l’endroit où je voulais le plus venir.

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Parce qu’au final, c’est presque comme si on revenait en Italie ?

Oui, à bien des égards, c’est le cas. Non seulement parce qu’il y a une contiguïté géographique, puisque Monaco est à un pas de la Ligurie, mais aussi parce qu’il y a beaucoup d’Italie à Monaco. Les Italiens résidents sont nombreux, environ 8 500 (la Principauté compte 38 000 habitants, ndlr) et environ 4 500 Italiens qui viennent comme frontaliers. Et puis, la culture monégasque est très proche à la culture italienne : en termes de traditions familiales, en termes de connaissances linguistiques, en termes de noms de famille… À bien des égards, être à Monaco, c’est comme être en Italie. On ne ressent pas de dépaysement culturel.

Monaco était l’endroit où je voulais le plus venir

En parlant de dépaysement, vous avez travaillé dans des environnements très différents. Comment le travail diplomatique change-t-il selon les pays ?

Le travail change selon le pays et selon l’affectation. J’ai commencé avec le Pakistan dans les années 90 quand la situation diplomatique n’était pas comme elle l’est aujourd’hui. Je m’occupais de migration et de problèmes culturels. Vous vous mesurez à un monde fascinant, mais certainement très éloigné de l’Italie. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est une constatation. Il y a des traditions différentes, des habitudes différentes, un système politique construit d’une manière complètement différente de la nôtre. Ensuite, je suis allé en Argentine, ce qui, je dois le dire, était aussi un peu comme un retour en Italie (environ 50 % de la population argentine est d’origine italienne, ndlr). J’ai aussi travaillé à Paris, où je me suis occupé de politique culturelle, ce qui a été un privilège.

À bien des égards, être à Monaco, c’est comme être en Italie

Votre meilleur souvenir ?

Il y en a tellement, chaque endroit a laissé une très forte impression. Du charme et de la beauté du Pakistan, à Paris parce que c’est une ville extraordinaire, et à Zurich pour son importante communauté italienne. Pour des raisons personnelles, je me souviens particulièrement de l’Argentine où deux de nos enfants sont nés. Chaque pays peut être à la fois très beau et très fatigant. Dans ce travail, l’esprit avec lequel les expériences sont affrontées est fondamental. Si, par expérience, on va chercher ce qu’on veut, alors on fait peut-être un faux pas. Vous devez aller découvrir ce que le pays vous offre vraiment, vous devez en faire partie.

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Pour en revenir à votre mission actuelle, que pouvez-vous me dire sur les relations entre l’Italie et Monaco ?

Les relations entre l’Italie et Monaco sont des relations qui, je pourrais dire, vont presque seules, par exemple, grâce aux nombreux entrepreneurs qui sont établis dans la Principauté depuis des décennies. Il y a environ 2 000 entreprises italiennes actives. Il serait bon que la présence de l’ambassade serve également de point de coagulation entre tous ces acteurs. Il faut également mentionner les relations étroites entre Monaco et la Ligurie. L’une des premières choses à laquelle j’ai été confronté a été la catastrophe de la tempête Alex. Le lendemain de la catastrophe, j’ai été informé que le gouvernement de Monaco avait apporté une aide d’un million d’euros aux régions touchées. La Principauté a fait preuve d’une solidarité concrète, qui témoigne non seulement d’un lien d’affection, mais aussi d’intérêts qui se développent.

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Le nouveau port de Monaco se trouve a Vintimille © Marinareservation.com

Il ne fait aucun doute que l’arrivée des yachts devrait produire un essor du tissu économique et social de la ville

Vous parlez du port de Vintimille ?

« C’est exact. Le port de Vintimille, qui est en réalité le troisième port de Monaco. D’importants investissements de la Principauté auront également des effets sur Vintimille. Il ne fait aucun doute que l’arrivée des yachts devrait produire un essor du tissu économique et social de la ville. Un autre dossier qui prend forme est le jumelage entre Monaco et la ville de Dolceacqua, une petite ville de l’arrière-pays ligure, qui a été immortalisée dans un tableau de Monet. C’est une très belle ville, je recommande à tout le monde de la visiter. Le lien entre Monaco et Dolceacqua remonte à l’époque de la Renaissance, lorsque, en 1523, un membre de la famille Doria a tué un membre de la famille Grimaldi. En l’honneur des 500 ans de cette tragédie, il y aura un jumelage en 2023. Une série de manifestations culturelles et touristiques sont organisées.

Dolceacqua (Imperia) ©  BMK Wikimedia

Et en ce qui concerne la culture italienne à Monaco, avez-vous des projets ?

Écoutez, nous sommes entre les mains du virus. Pour l’instant, tous nos événements sont gelés. Nous avons une série d’événements annuels, par exemple la semaine de la langue italienne, la semaine de la cuisine italienne, la journée du design en mars et une exposition d’art contemporain en décembre. Nous nous adaptons. L’exposition d’art contemporain sera virtuelle. C’est mieux que rien, mais ce ne sera certainement jamais une véritable exposition. Disons que les idées seraient là, même pour le 2 juin (jour de la fête nationale italienne, ndlr). Je ne peux pas révéler le contenu, mais nous aimerions faire quelque chose de sympa. Malheureusement, nous sommes dans une situation d’incertitude.

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