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Portrait

Andreï Micallef, au nom du fils

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Romain Boisaubert/Monaco-Tribune

Président de l’Association Monégasque de Boxe, vice-président de la Fédération Monégasque de Boxe et récemment élu directeur du board de l’European Boxing Confederation, Andreï Micallef (54 ans) est l’une des principales figures de la discipline en Principauté. Tout comme son fils, Hugo Micallef, qu’il a accompagné à ses débuts, contribuant grandement à l’avènement du jeune champion monégasque.

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Il en a encore des frissons. « Je me suis dit que ce n’était pas possible. Ce jour-là, j’ai cru pour la première fois de ma vie au destin. » Il n’avait pourtant jamais imaginé voir son fils monter sur un ring. Encore moins si jeune. Encore moins avec autant de prédispositions.

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« À partir de sept ans, Hugo a fait comme moi avec mon père. Il m’a supplié de l’inscrire à la boxe. Nous étions un jour à Valberg, au cours d’une fête du sport. Il y avait du football, du tennis, plein de disciplines et puis… un ring de boxe. » Hugo n’a qu’une envie : monter sur l’estrade. Son adversaire est plus grand que lui. Mais Hugo ne se défile pas.

La boxe chez les Micallef, une profonde histoire de famille

« Il a réalisé une prestation comme j’en ai rarement vu pour un enfant qui n’avait jamais boxé. » Avant ce premier combat, le petit blondinet avait fait promettre à son père de l’inscrire à la boxe à la rentrée suivante. « Je pensais qu’il oublierait, sourit Andreï Micallef. Non, il n’a pas oublié. Je l’ai donc amené à la salle de boxe de l’ASM Boxe. Une salle que j’ai retrouvé des années après. »

À Cuba, on dormait tous les deux chez l’habitant, dans les bidonvilles les plus pauvres du pays

Andreï Micallef

La boxe, pour Hugo Micallef, c’est avant tout une histoire de famille. Une passion débordante, qui a d’abord piqué le père. « Dans ma jeunesse, j’étais musicien. Mais je n’avais qu’une envie, faire de la boxe. Au grand désarroi de mes parents. »

Contraint de limiter ses envies dans le domaine sportif pour ne pas abîmer ses mains, Andreï Micallef passe sa jeunesse à préserver son corps, en se concentrant sur la musique et le dessin. Mais sa fougue intérieure est trop forte.

Hugo Micallef
Hugo Micallef, promesse mondiale de la boxe et fils unique d’Andreï Micallef/©Romain Boisaubert/Monaco-Tribune

« Mon père m’a amené voir un championnat du monde de boxe à Monaco. C’était la première fois que j’assistais à un combat en vrai. Je suis tombé amoureux de la discipline. » Là encore, le paternel craque – comme Andreï de longues années plus tard avec Hugo – et accepte de l’inscrire à la boxe. Au total, Andreï Micallef a cumulé 45 combats dans sa carrière, pour 39 victoires et un titre de vice-champion de France.

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Si sa carrière a été interrompue à plusieurs reprises, à cause de son activité professionnelle notamment – il a longtemps fait partie de la sureté publique monégasque de Monaco – Andreï Micallef n’a jamais vraiment décroché. « La naissance d’Hugo a tout changé, reconnait-t-il. Une naissance qui l’a replongé dans la discipline de son coeur.

Père et fils, de la France jusqu’à Cuba

« J’avais pourtant pris conscience que la boxe n’était plus pour moi après un immense K-O que j’avais reçu lors d’un combat. Je voulais avoir un esprit sain dans un corps sain. » Dans le sillage de son fils, qu’il a amené aux quatre coins de la France, et même « à Cuba, où l’on dormait tous les deux chez l’habitant dans les bidonvilles les plus pauvres du pays », Andreï Micallef refait de la boxe son quotidien.

Au point de remonter une ultime fois sur le ring. La dernière fois, vraiment ? « C’est promis, oui, j’ai mis une semaine à m’en remettre », glisse-t-il dans un sourire. C’était il y a une dizaine d’années, face à l’ancien champion de boxe français René Jacquot.

Hugo était un boxeur qui détonne dans le milieu, monégasque, blond aux yeux bleus, certains rigolaient en face

Andreï Micallef

« On s’est croisé lors d’un évènement et il m’a proposé de combattre avec moi. Je me suis dit qu’il avait dit ça comme ça, au cours d’une discussion. Mais non, c’était sérieux. Je n’avais pas boxé depuis vingt ans, mais on a quand même fait deux rounds. » Sous le regard d’Hugo Micallef, évidemment.

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Premier entraîneur d’Hugo, premier gestionnaire de sa carrière, Andreï Micallef se souvient : « Hugo était un boxeur qui détonne dans le milieu, monégasque, blond aux yeux bleus, certains rigolaient en face ».

Mais l’ancien membre de la sureté publique monégasque a laissé la main il y a quelques années à l’entraîneur espagnol actuel d’Hugo Micallef, Carlos Formento. Une fierté de plus pour le père du champion monégasque, passé professionnel il y a peu dans les rangs de Top Rank, mythique société de promotion qui a notamment vu passer en son sein Mohamed Ali ou Mike Tyson.

Sous-directeur des Casinos de Monte-Carlo depuis plus de vingt-ans, Andreï Micallef se rend aux Canaries dès que le temps lui permet pour voir son fils. Le tout en parallèle de son rôle de président de l’ASM Boxe, un club qui compte aujourd’hui 60 licenciés, après en avoir compté près de 200 avant la pandémie de Covid-19.

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Avec ce rêve, toujours, dans un coin de la tête, de voir Hugo disputer la ceinture mondiale de sa catégorie (-63kg) dans quelques années à Monaco, sur un ring installé place du Casino. « C’est une idée grandiose non ? »