Récit

Mostra de Venise : Les coups de cœur de la vidéothèque de Monaco

selection-films-vidéothèque-mostra-venise
Passionnée et dynamique l'équipe de la vidéothèque saura vous conseiller les meilleurs films © Monaco Tribune

Sept films éclectiques qui ont marqué le festival italien du cinéma.

La Mostra de Venise a fermé ses portes début septembre, couronnant Pedro Almodóvar pour son dernier film The Room Next Door, sous la présidence d’Isabelle Huppert. L’occasion parfaite de découvrir ou redécouvrir les films qui, au fil des ans, ont marqué l’histoire du Festival du cinéma italien en décrochant le Lion d’or.

Publicité

Du classique japonais aux productions contemporaines engagées. Voici la sélection spéciale de l’équipe de la vidéothèque : Béatrice, Tristan, Anaïs, Elvira et Dominique.

Rashomon : le « Citizen Kane japonais »

rashomon-mostra-vidéothèque
© Monaco Tribune / Théo Briand

Rashomon d’Akira Kurosawa, Lion d’or en 1951, est l’un de ces films monuments à avoir inventé un style de montage qui porte son nom. Tristan le considère comme un classique devenu « indispensable pour tous les cinéphiles ». Il ajoute : « Ce qui est révolutionnaire, c’est l’utilisation de flashbacks à trois temporalités différentes. Le présent, le moment du meurtre et celui du procès. »

Rashomon n’est pas un simple drame judiciaire. Il interroge la « perception du réel » et la difficulté de trouver la vérité ultime. « Aujourd’hui, ce film est montré dans toutes les écoles de cinéma ! » conclut-il.

L’avortement au cinéma : Vera Drake et L’Événement

Dominique nous présente « deux films qui traitent de l’avortement à des périodes où celui-ci était encore illégal » Vera Drake de et *L’Événement* (2021) d’Audrey Diwan. note notre interlocuteur.

vera-drake-mostra-vidéothèque
© Monaco Tribune / Théo Briand

Vera Drake, récompensé par un Lion d’Or en 2004, de Mike Leigh est centré sur une femme prête à aider les autres, malgré sa précarité, en pratiquant des avortements clandestins en 1950 au Royaume-Uni. La deuxième partie du film commence lorsqu’« elle est dénoncée après une intervention qui tourne mal. » Le film devient alors un procès de la morale de l’époque et questionne sur ce qui pousse à pratiquer des avortements.

l'evenement-mostra-vidéothèque
© Monaco Tribune / Théo Briand

Quant à L’Événement, le film a été primé en 2021 et est l’adaptation par Audrey Diwan du roman d’Annie Ernaux (prix Nobel de littérature en 2022). Avec ce film on change de regard et on adopte celui de la femme enceinte qui décide pour plusieurs raisons de mettre fin à sa grossesse dans une société française des années 60 où l’avortement est encore criminalisé. « Le film est une véritable course contre la montre, avec une pression qui monte à chaque nouvelle semaine de grossesse affichée à l’écran. » La protagoniste, brillante prof de lettres, « se retrouve seule face à son problème, tout le monde lui tourne le dos », commente Dominique.

Gloria : visite dans le New-York des années 80

gloria-mostra-vidéothèque
© Monaco Tribune / Théo Briand

Changement de registre avec Gloria de John Cassavetes, Lion d’or en 1980. Béatrice le présente comme un hommage à Gena Rowlands, décédée en août dernier que Béatrice, conservateur, considère comme « une actrice absolument exceptionnelle. » Dans ce film, elle incarne une ex-call girl qui devient, contre toute attente, la protectrice d’un enfant pourchassé par la mafia new-yorkaise. 

« New York devient un personnage à part entière dans ce film, avec ses hôtels délabrés et ses rues taguées », raconte Béatrice. Elle ne manque pas d’éloges concernant le film : « photogénique, la musique porte le film et la manière de filmer est bouleversante à chaque gros plan réalisé. »

Roma : destination Mexique

Roma-mostra-vidéothèque
© Monaco Tribune / Théo Briand

Premier film de Netflix sorti en salle, Roma, réalisé par Alfonso Cuarón, est un chef-d’œuvre qui a reçu de nombreuses récompenses et notamment celle du Lion d’or en 2018. « Magnifique, vraiment ! » sont les premiers mots qui viennent à l’esprit d’Elvira pour présenter ce film qui explore les thèmes de la famille et de la solidarité à travers les yeux de Cleo, une domestique travaillant pour une famille de la classe moyenne au Mexique.

Plongé dans l’enfance du réalisateur à une époque de bouleversements politiques, Cuarón y crée une symbiose entre la violence sociale et l’intimité des relations humaines notamment entre la domestique et la mère de famille abandonnée par son époux. Le film, tourné en noir et blanc, a été acclamé par son esthétique.

Nomadland : la liberté (contrainte)

Nomadland-mostra-vidéothèque
© Monaco Tribune / Théo Briand

On poursuit notre chronologie avec Nomadland de Chloé Zhao. Le film de 2020, raconte  l’histoire de Fern, une femme qui parcourt l’Ouest américain voguant de petit boulot en petit boulot après avoir tout perdu lors de la crise des subprimes.

« Ce qui est magnifique dans ce film, c’est l’alliance entre la fiction et le documentaire. On y découvre la vie de vrais nomades qui, malgré leurs difficultés, ont choisi cette liberté », remarque Anaïs. C’est « Madame tout le monde qui vit une vie rude » mais qui permet de découvrir l’univers d’une partie de la population marginalisée. « Un film plein de sincérité et beau ! » conclut Anaïs.

Toute la beauté et le sang versé : scandale dans l’industrie pharmaceutique

toute-la-beaute-et-le-sang-verse-mostra-vidéothèque
© Monaco Tribune / Théo Briand

Le documentaire Toute la beauté et le sang versé, réalisé par Laura Poitras et primé en 2022, s’attarde sur la photographe américaine Nan Goldin et son combat contre la famille Sackler, responsable de la crise des opiacés aux États-Unis ayant provoqué plus de 500 000 décès. C’est un documentaire puissant qui allie engagement politique et portraits intimes.

Le film retrace non seulement la carrière remarquable de Goldin, mais aussi son combat personnel contre l’addiction et sa lutte pour dénoncer les pratiques des grandes entreprises pharmaceutiques. « Elle n’a jamais hésité à aller jusqu’au bout, malgré les risques pour sa carrière artistique », souligne-t-elle. « On en ressort bouleversé. »

À la vidéothèque de Monaco, les amoureux du septième art peuvent se plonger dans une sélection aussi variée qu’enrichissante. Des œuvres cultes, des perles rares difficiles à dénicher et des histoires originales y sont mises à l’honneur.