À Nice, la première pharmacie de France à intégrer l’intelligence artificielle

La Pharmacie de la Madeleine à Nice devient un laboratoire d’innovation en équipant ses préparateurs de casques intelligents dopés à l’IA.
Un micro-casque posé sur la tête, Géraldine navigue d’un patient à l’autre dans la pharmacie de la Madeleine à Nice. Le changement est presque imperceptible pour des yeux pas suffisamment attentifs, mais pour le personnel de l’établissement c’est une véritable révolution silencieuse. Depuis quelques semaines, la pharmacienne titulaire et ses équipes sont dotées de ces appareils embarquant de l’intelligence artificielle.
« Elles sont les premières à utiliser la solution Wildix x-hoppers, nous sommes les précurseurs en France dans ce déploiement », s’enthousiasme David Cano, directeur d’Etelys, intégrateur des solutions Wildix – une entreprise italienne spécialisée dans les communications unifiées.
Les pharmacies, victimes de vols
Derrière le besoin de recourir à cette innovation se trouve un fléau récurrent : le vol, qui frappe les officines, a fortiori pendant les périodes estivales de fort trafic.
« C’est d’abord une perte sèche pour nous, les produits que nous vendons coûtent cher. Mais cela implique surtout une vigilance permanente de notre part. C’est épuisant. Certains voleurs sont très organisés et passent d’une pharmacie à l’autre, ils opèrent parfois même en groupe. Nous avons un groupe WhatsApp pour prévenir les autres pharmacies lorsque nous repérons les pillards, mais cela ne suffit pas », se désole Géraldine Demarche.

Les casques x-hoppers de Wildix intègrent une IA capable de détecter les comportements suspects en temps réel. Connectés au système de vidéosurveillance, ces dispositifs analysent en permanence les mouvements dans l’officine.
« Dès qu’un geste suspect est identifié, le système envoie automatiquement une alerte audio directement dans les casques des préparateurs. Une notification contenant la vidéo du vol est aussi envoyée sur smartphone. Les données et vidéos sont enregistrées en local et respectent le Règlement général sur la protection des données européen (RGPD), », assure David Cano.
Une technologie qui change la donne
Pour Gilles Guiral, porte-parole de Wildix venu procéder à une démonstration, le choix de cet équipement est avant tout un choix de confort pour assurer de bonnes conditions de travail : « Les vols à l’étalage en France, toutes catégories confondues, représentent 7,5 milliards d’euros de perte de chiffre d’affaires. 15 % concernent des produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques. Entre 2023 et 2024, les vols ont augmenté de 14 %. Il est urgent d’aider ces professionnels sous pression qui doivent surveiller les risques de larcin tout en servant les patients, en gérant les stocks, les appels téléphoniques. »
Cette technologie permet une réaction immédiate et discrète, sans alarmer la clientèle ni recourir aux traditionnels appels micro diffusés dans tout l’établissement.
Un outil polyvalent au service du quotidien
Au-delà de la sécurité, cette technologie fluidifie la communication interne de la pharmacie. Les préparateurs peuvent désormais coordonner leurs actions, signaler un réapprovisionnement nécessaire ou demander une assistance technique sans quitter leur poste. Le système permet également la transcription automatique des conversations pour faciliter le suivi des opérations. « Seules quelques personnes placées aux positions clés en sont équipées, pour la vente rapide, au stockage et à la préparation des ordonnances », précise Kristina Nicloux, l’autre pharmacienne titulaire de l’établissement.

La technologie x-hoppers va plus loin en proposant des codes QR que les clients peuvent scanner pour solliciter l’aide d’un pharmacien sur un produit spécifique. Ces interactions sont automatiquement enregistrées, créant une base de données précieuse sur les besoins et les comportements d’achat de la clientèle.
Les possibilités de l’intelligence artificielle dans la santé
Pour les pharmacies, les applications potentielles de l’IA sont vastes : optimisation de la gestion des stocks, amélioration de l’identification des interactions médicamenteuses, personnalisation des traitements, détection des fraudes aux ordonnances. « L’IA vient en complément de notre métier, elle renforce notre rôle de conseil et d’accompagnement des patients », observe Kristina Nicloux.
La Pharmacie de la Madeleine fait figure de pionnière avec cette expérimentation qui pourrait bien faire école. Une fois dépassées les premières réticences liées à l’utilisation de l’IA, « l’adoption s’est faite naturellement et rapidement », se félicite Géraldine Demarche.
Une petite révolution qui pourrait rapidement s’étendre à d’autres pharmacies de la Côte d’Azur et démocratiser l’usage de l’IA pour faciliter les parcours de soins dans les établissements de santé. C’est d’ailleurs le pari technologique amorcé par Monaco pour l’inauguration du nouveau CHPG.