Découvrez une sélection d’ouvrages de la médiathèque à emporter partout cet été

L’été invite à ralentir le rythme, à prendre le temps de flâner et de se laisser surprendre par des lectures parfois inattendues. Dans cette optique, la Médiathèque de Monaco a sélectionné quelques ouvrages aux genres variés, alliant enquêtes familiales, bandes dessinées, romans graphiques et réflexions philosophiques accessibles. De quoi satisfaire tous les goûts et toutes les envies.
Mon vrai nom est Élisabeth d’Adèle Yon
Pour cette sélection estivale, la médiathèque a choisi de présenter un premier roman qui fait sensation dans la presse littéraire ces derniers temps. « C’est son premier roman. Il fait également partie de la sélection cette année des romans de la Fondation Prince-Pierre ».Mon vrai nom est Élisabeth se situe à la croisée de plusieurs genres : « C’est un roman, mais c’est aussi une enquête familiale, une autobiographie, un essai sur la psychiatrie en France », précise la bibliothécaire.
Déterminée à percer le secret familial sur son arrière-grand-mère mystérieuse, Élisabeth, surnommée Betsy, Adèle Yon mène une véritable enquête pendant quatre années. « C‘était un nom, un nom-sujet un peu dans la famille et un nom qu’on prononçait qu’à demi-mot ». Elle découvre qu’Élisabeth a été internée pendant dix-sept ans, de 1950 à 1967, sans son consentement. Mariée et mère de six enfants, la plupart nés pendant son internement, elle n’a « jamais eu l’affection ni de son mari ni de ses enfants » et a subi de lourds traitements, notamment une lobotomie.

La force de ce livre réside dans sa forme originale : « entre de la correspondance, des interviews avec certaines personnes de sa famille où elle pose beaucoup de questions, des textes scientifiques sur la psychiatrie, la lobotomie, sur les traitements ». À travers le destin tragique de Betsy, l’autrice dresse le portrait de toutes ces femmes victimes d’une psychiatrie violente : « Betsy, c’est une figure de ces femmes du XXe siècle qui étaient internées, maltraitées, victimes aussi de violences conjugales, familiales […] On voulait se débarrasser de ces femmes qui pouvaient parfois déranger, qui ne rentraient pas dans le moule, mais qui n’étaient pas forcément folles. » La bibliothécaire ajoute : « La forme est intéressante et puis, Adèle Yon est aussi une femme originale et intéressante, elle a enseigné, aujourd’hui, elle est chef de cuisine, elle écrit un roman. Elle est brillantissime et passionnante. »
Les beaux étés 1. Cap au sud de Zidrou & Jordi Lafebre

Nathalie, responsable des bandes dessinées, a choisi de présenter cette série qui évoque parfaitement l’esprit des vacances d’été. « Zidrou écrit des histoires totalement merveilleuses, très humaines, souvent qui font verser des larmes parce qu’il s’agit de choses touchantes. Il est beaucoup dans l’émotion, mais avec subtilité. C’est un immense scénariste », explique-t-elle. Nous sommes en août 1973, et la famille Faldérault s’apprête à prendre la route des vacances dans leur 4L rouge. Une famille composée des parents et de quatre enfants, où le père Pierre est dessinateur de bandes dessinées. Le problème ? « Il n’a toujours pas fini sa planche de BD, donc toute la famille attend ». Cette série, issue du duo créatif Zidrou-Lafebre (le même illustrateur que l’ouvrage Malgré tout présenté dans une précédente sélection), capture avec justesse les rituels familiaux des départs en vacances. Mais derrière cette légèreté apparente se cache une profondeur touchante. La série explore avec subtilité les dynamiques familiales et les petits bonheurs du quotidien qui rendent « la vie plus belle ». L’ouvrage dépeint également « une France d’une certaine époque », celle des années 1970, avec ses codes et ses habitudes de vacances familiales. Pour le public, Nathalie indique : « Tout le monde peut la lire ! C’est léger, drôle et sympathique, plutôt pour les ados et jeunes adultes. »
L’été 79 d’Hugues Barthe
Nathalie poursuit sa sélection avec un roman graphique autobiographique particulièrement saisissant : « Dans cette histoire, on a un jeune de 14 ans qui vit dans des difficultés familiales, il y a plusieurs tomes selon les saisons. Il y a donc quatre volumes. Celui-ci concerne l’été. »
En 1979, Hugues vit avec ses deux frères et ses parents dans un petit village de campagne où la tranquille vie familiale bascule dans la tragédie : le père, plombier, s’est mis à boire et devient violent envers sa femme. Pourtant, malgré ce contexte dramatique, l’auteur préserve l’authenticité de l’adolescence : « Ça reste quand même un adolescent de 14 ans qui aime aller se baigner, jouer avec les autres, avoir des relations pas seulement hétérosexuelles et c’est ça aussi l’intérêt avec Hugues Barthe. »

Le récit trouve sa force dans sa capacité à nous immerger totalement dans l’univers du narrateur : « c’est grand public, c’est facile à lire. En le relisant pour pouvoir vous le présenter, j’étais complètement prise par cette histoire. Il a une façon de nous captiver dès le départ et on a envie de lire jusqu’au bout ! C’est incroyable », confie Nathalie. L’approche graphique de l’auteur ajoute une dimension supplémentaire au récit : « C’est presque comme une sorte de journal intime, même si ça ne l’est pas, c’est de la fiction. C’est magnifique, il y a également des propositions graphiques étonnantes. On y trouve ce qui vit dans sa tête, comment il se projette… ». Un récit poignant, juste et pudique sur des souffrances trop souvent muettes.
On est en finale de Camille Blandin
Diane présente ce roman graphique avec un sourire complice : « On part sur du roman graphique complètement décalé ». Cette découverte, achetée l’été dernier pendant les JO, s’est révélée être une lecture divertissante qui l’a fait « énormément rire ». On suit l’histoire d’une équipe de basket franchement mauvaise qui arrive mystérieusement en finale départementale : « On ne sait pas comment ils font, mais ils arrivent jusqu’à la finale, de manière improbable. Même eux ne comprennent pas comment ils sont arrivés là ! »


« On suit une bande de joyeux losers, mais qui aiment quand même bien leur sport et le côté collectif », précise Diane. Le style graphique rappelle les séries animées américaines, avec un humour décalé et plein de jeux de mots qui « donnent le sourire ». Une lecture accessible « pour les adolescents et les adultes qui ne se prennent pas au sérieux », parfaite pour découvrir un petit éditeur indépendant original.
Au poil ! de Sophie Adriansen
« C’est l’été, c’est forcément la saison du poil ! », lance Diane avec humour en présentant ce petit roman contemporain. « Pour l’été, je trouve que c’est sympa de proposer aussi un format court et rapide à lire ». Au poil ! fait partie de ces collections innovantes qui proposent « des romans très synthétiques avec la possibilité d’écouter l’histoire en audio également. »

L’histoire suit Omé, une adolescente de quinze ans confrontée aux injonctions sociales autour de l’épilation. « Elle, ça ne la gêne absolument pas. Elle est très sereine avec son corps. Finalement, on arrive à la question du regard des autres », explique Diane. Lorsque sa mère lui impose un rendez-vous chez l’esthéticienne, « elle va vivre cette expérience traumatisante » et décide de s’assumer telle qu’elle est. « J’ai trouvé que c’était hyper malin à faire lire à toutes les jeunes filles, mais aussi à tout le monde. Ce livre pose des questions, mais n’a pas pour intention d’imposer une idée ». La bibliothécaire apprécie cette approche qui « met un peu le coup de pied dans la fourmilière » sur un sujet toujours actuel.
Côté philosophie
Alexis a choisi deux ouvrages de philosophie assez grand public : « Ce n’est pas des livres universitaires ou de recherche. Mais j’ai trouvé intéressant de proposer de la philosophie le temps de l’été, pendant les vacances, ça peut être un moment idéal pour ses lectures si on souhaite faire une pause. »

- Vide à la demande de Bertrand Cochard
Le premier, V.O.D. de Bertrand Cochard, prend le contre-pied des discours habituels sur les séries télévisées : « Les séries, en philosophie, c’est un créneau où la plupart des philosophes font un plébiscite. Lui, il s’inscrit totalement au contraire de ça. C’est une critique essentielle de l’état de l’industrie culturelle d’aujourd’hui avec en ligne de mire les séries », explique Alexis. L’auteur, agrégé et docteur en philosophie, développe une réflexion sur notre rapport aux écrans et aux plateformes numériques. « C’est aussi un livre très à charge contre notre quotidien qui est parasité par les écrans. »
L’ouvrage interroge la multiplication des histoires individualisées au détriment des grands récits collectifs : « Les grands récits collectifs qu’il y avait au XXᵉ siècle, le progrès, le capitalisme, le communisme, ont été remplacés par des histoires segmentées, séquencées, individualisées sur les plateformes. Je le conseille vraiment, c’est une lecture de 200 pages », assure Alexis, qui recommande cette lecture à ceux qui s’interrogent sur leur consommation de contenus numériques et souhaitent « redevenir les acteurs principaux de leurs vies ».
- Le rêve de Marc Aurèle de Frédéric Lenoir
Le second choix se porte sur une biographie philosophique : « Frédéric Lenoir propose de la philosophie grand public de qualité. Il croit vraiment à ce qu’il écrit. Dans son dernier ouvrage, il nous propose une plongée dans la vie du plus célèbre des empereurs philosophes ». L’ouvrage retrace la vie de l’empereur Marc Aurèle et explore les principes du stoïcisme, avec « une question centrale : l’empereur accordait-il ses actes à sa philosophie ? » Cette approche permet de découvrir « les grandes clés de la pensée stoïcienne ». Alexis souligne l’actualité du sujet : « Face à la recrudescence du stoïcisme, notamment chez les jeunes hommes, souvent mal compris, l’auteur remet les choses au clair ». Il dépeint un Marc Aurèle « très doux, très tendre avec sa femme », loin des clichés de rigidité. « Cela peut plaire aux amateurs d’histoire, de biographie ou de philosophie. La partie biographique se lit presque comme un roman. C’est limite un page turner ! »
La médiathèque recommande également Un été d’Alessandro Tota, Cet été-là de Jillian Tamaki et Mariko Tamaki, Happy endings de Lucie Bryon et Goobye Papa ! de Taï-Marc le Thanh.