En 15 ans, le Monaco Collectif Humanitaire a sauvé la vie de plus de 500 enfants
Le MCH et les associations qu’il réunit ont permis d’opérer des enfants issus de pays défavorisés, atteints de graves pathologies cardiaques.
« Une opération, c’est une vie sauvée, c’est une famille qui n’est pas endeuillée, c’est un espoir… C’est une deuxième chance de vie ! » Lorsqu’elle nous déroule les actions du Monaco Collectif Humanitaire, qu’elle pilote depuis presque dix ans, Candice Manuello, Responsable programmes au sein de la Direction de la Coopération Internationale de Monaco, ne cache pas son émotion.
Et pour cause : depuis sa création en 2008, le collectif a permis l’opération de centaines d’enfants, initialement inopérables. Une belle action, qui a vu le jour à l’occasion du cinquantième anniversaire du Prince Albert II. « La société civile monégasque cherchait un cadeau à offrir au Souverain, nous explique Candice Manuello. Et elle a eu cette idée de faire venir à Monaco cinquante enfants non-opérables dans leurs pays d’origine, pour qu’ils soient pris en charge en Principauté. La Direction de la Coopération Internationale et plusieurs associations ont mis en place une chaîne de solidarité, qui a perduré depuis. »
Cette chaîne de solidarité, ce sont 16 associations monégasques qui la composent. Dont l’Amade : l’Association Mondiale des Amis de l’Enfance, une ONG fondée par la Princesse Grace en 1963, aujourd’hui présidée par la Princesse Caroline. L’association agit sur différentes problématiques : la dignité pour les femmes, la protection des mineurs non accompagnés, la démobilisation et la réinsertion d’enfants associés aux forces et groupes armés, l’accompagnement des enfants qui ne disposent pas d’un état civil et le renforcement de la qualité de l’éducation secondaire via l’accès au numérique.
Jérôme Froissart en est le Secrétaire général depuis dix ans. A l’époque de la création du MCH, il était justement Directeur adjoint de la Coopération internationale. « J’étais de l’autre côté de l’initiative, sourit-il. Avec Frédéric Platini (le Directeur à l’époque), on avait eu l’idée de monter cette initiative commune, pour permettre aux associations de travailler ensemble autour d’un même projet. (…) Et l’Amade, dès l’origine, était partenaire. »
Evoquant « de belles histoires humaines », Jérôme Froissart, qui était présent pour les 15 ans du collectif, se dit ému de voir les enfants autrefois hospitalisés grandir et devenir parents. « Le MCH répond à un vrai besoin de chirurgie pédiatrique, ajoute-t-il. Les gens sont très investis, et ça a un vrai impact, parce qu’on sauve la vie de ces enfants. »
Aussi, l’Amade verse une partie de ses fonds au MCH. En 2023, 20 000 euros ont ainsi été reversés au collectif par l’Association, qui assiste en parallèle aux réunions de coordination. « Si nos donateurs souhaitent donner en faveur du MCH, leur don sera reversé à 100% au MCH », précise-t-il aussi.
Différentes associations françaises, telles que Rencontres Africaines, La Chaîne de l’Espoir ou encore Aviation sans Frontières sont également partenaires du collectif, lui permettant de mettre en œuvre tout le processus de transport, d’accueil et de soin des enfants.
Des professionnels formés sur place
« Comme cette chaîne a bien fonctionné au moment de sa création, on s’est dit qu’on allait continuer, précise Candice Manuello. En 15 ans, le collectif a évolué, en particulier depuis la crise sanitaire. Avant, on ne pratiquait des opérations qu’à Monaco, essentiellement au Centre Cardio-Thoracique. Mais avec le Covid, tout était figé, on ne pouvait plus faire venir d’enfants en Principauté, et d’autres étaient même bloqués ici et ne pouvaient plus rentrer dans leur pays d’origine. On s’est donc dit que, comme nous recevions des enfants de 11 pays différents, il faudrait commencer à financer des opérations directement sur place. On voyait s’allonger la liste de patients en attente d’une opération, mais ils ne pouvaient pas attendre des années pour être opérés. »
Depuis la crise Covid, et grâce notamment à La Chaîne de l’Espoir, le MCH finance ainsi les opérations pratiquées au Burkina Faso, au Mali, à Madagascar et au Sénégal. C’est d’ailleurs à Dakar, la capitale sénégalaise, que le collectif a célébré tout récemment son quinzième anniversaire, aux côtés de plusieurs associations : Children & Future, premier donateur du Collectif, Monaco Aide et Présence, la Croix-Rouge monégasque, le Kiwanis Monaco et l’Amade.
« Nous voulions vraiment fêter cet anniversaire là-bas, confie Candice Manuello, et nous avons réuni autour de nous 36 enfants sénégalais opérés à Monaco ou à Dakar sur financement du MCH. Les voir tous ensemble, voir leurs parents, leurs frères et sœurs… On comprend vraiment l’impact du collectif. Une opération, c’est une vie sauvée, c’est une famille qui n’est pas endeuillée, c’est un espoir… C’est une deuxième chance de vie ! »
Parmi les enfants venus célébrer les 15 ans du collectif, une jeune femme qui, des années plus tôt, avait été opérée grâce au MCH. « Depuis, elle a grandi, elle a fait des études, elle s’est mariée et elle a même eu une petite fille. On sauve des vies : sans le collectif, ces enfants seraient tous morts, car on ne peut pas survivre à ces pathologies », insiste Candice Manuello.
Des correspondants locaux
Cette dernière se dit d’ailleurs particulièrement touchée chaque fois qu’un enfant rentre dans son pays natal. « Quand l’enfant revient, c’est un moment incroyable. Lorsque j’ai assisté à ces retours, j’étais avec les parents qui attendaient leurs enfants. Il faut bien imaginer ce que tout cela représente pour ces parents qui viennent de familles très démunies. Ils n’ont jamais voyagé, n’ont jamais pris l’avion, ne parlent pas français et ils nous confient leur enfant pour cinq, six, voire huit semaines. Ils ne savent même pas s’il reviendra, ils nous octroient une confiance absolue. Cette confiance, nous l’avons grâce à nos correspondants locaux, qui leur expliquent tout », témoigne-t-elle.
Ce sont d’ailleurs ces correspondants locaux qui envoient les dossiers au MCH, qui les transfère ensuite au Centre Cardio-Thoracique. Le Centre met également en place des échographies à distance, pour proposer un diagnostic plus précis et éviter de faire voyager un enfant qui ne serait malheureusement pas opérable. « Cela permet aussi de renforcer les compétences des cardiologues locaux, ajoute Candice Manuello. Les enfants sont ensuite sur liste d’attente et sont traités en fonction de l’urgence médicale. »
Et en 15 ans, plus de 565 enfants ont pu être opérés grâce au MCH et aux associations qui constituent la chaîne de solidarité. Une chaîne à l’image de la Principauté, atteste Candice Manuello : « à Monaco, nous avons un vrai élan solidaire, donné par notre Souverain et toute la Famille Princière, c’est évident. Beaucoup d’associations ont pu se créer à Monaco, la Principauté compte de nombreux généreux donateurs… Il n’y a qu’à voir la naissance du MCH : on devait trouver un cadeau à faire au Souverain, et on n’a pas choisi un cadeau physique, mais un cadeau humanitaire. C’est une démarche incroyable ! »
Comment aider ?
Le Collectif peut aussi compter sur le soutien de son ambassadeur, le footballeur Olivier Giroud. « Il nous soutient beaucoup, c’est lui qui nous a contactés. Il voulait s’engager. »
Aujourd’hui, le Monaco Collectif Humanitaire réfléchit à aller encore plus loin que le financement des opérations. « On voudrait renforcer les compétences des équipes locales, appuie Candice Manuello. Mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment des opérations, après tout, c’est le nerf de la guerre. Rien qu’à Dakar, 1 000 enfants sont encore sur liste d’attente. »
Aussi, le MCH compte sur le soutien de chacune et chacun. L’opération d’un enfant à Monaco coûte entre 12 000 et 15 000 euros, contre 4 000 à 5 000 euros dans son pays natal.
Si vous souhaitez aider le collectif, vous pouvez devenir famille d’accueil pour l’un des enfants opérés, devenir bénévole pour assurer le suivi et la logistique du MCH ou tout simplement faire un don. Il vous suffit pour cela de vous rapprocher de la Croix-Rouge Monégasque.
« C’est un travail collectif, détaille Candice Manuello. Chaque personne, chaque association, chaque partenaire : on a besoin de tout le monde. Si un maillon n’est pas là, ça ne peut pas fonctionner. Et c’est ce qui est beau : voir toutes ces personnes qui ont leurs propres projets se réunir autour d’une même cause. »
« Le MCH, c’est une machine bien huilée, qui fonctionne bien, et qui compte des professionnels, conclut de son côté Jérôme Froissart. Ce sont des gens qui savent ce qu’ils font et qui sont au service de ces familles. »
Pour aider le MCH :
- Devenir famille d’accueil
- Devenir bénévole
- Faire un don
Pour soutenir l’Amade :
- Faire un don