Le padel, une discipline incontournable pour relancer les clubs de tennis ?
L’essor du padel depuis plusieurs années à pousser les clubs de tennis à s’engouffrer dans la brèche, en remplaçant parfois leurs courts par des pistes de padel. Une solution qui pourrait leur permettre de se relancer.
Remplacer des courts de tennis désuets par des terrains de padel flambants neufs, c’est un peu la tendance du moment dans certains clubs.
Face à la demande toujours plus grandissante, le nombre de pistes de padel dans le département est toujours insuffisant. « Il est de plus en plus compliqué de trouver des terrains libres, regrette Cecilia D’Ambrosio, présidente de la Fédération Monégasque de Padel. Dans la région, le foncier est un vrai problème. »
Pourtant, pratiquement tous les clubs de tennis proposent aujourd’hui de quoi faire du padel dans leur enceinte. « L’explosion du padel est impressionnante, ce qui a poussé la Fédération Française de Tennis à s’en servir pour se donner un second souffle, explique Florian Valsot, sélectionneur, capitaine et joueur au sein de la Fédération Monégasque de Padel.
Le padel, une manne financière importante pour les clubs de tennis
Le tennis est en perte de vitesse depuis plusieurs années, notamment parce qu’il manque un joueur de la dimension de Kylian Mbappé en football, en mesure de gagner des tournois du Grand Chelem et de faire rêver la jeune génération. »
Une donnée qui pousse les clubs de tennis à investir massivement dans le padel pour équilibrer les comptes. « Les clubs qui ne sont pas multisports et qui sont exclusivement tournés vers le tennis souffrent beaucoup, admet Guillaume Couillard, sélectionneur de Monaco en Coupe Davis.
Pour ces clubs, le padel est une véritable machine à cash. Quand une cotisation de 300 euros à l’année vous permet de jouer indéfiniment au tennis, le padel se paye lui à l’heure, par personne, avec quatre joueurs sur le terrain. »
Nombreuses sont les structures déjà en place qui n’hésitent plus à diversifier leurs activités pour ne pas passer à côté de cet élan lucratif. C’est le cas par exemple dans la commune de Villeneuve-Loubet, où le centre de football à 5, Urban Soccer, s’apprête à délaisser quelques terrains de foot pour laisser place à Urban Padel et ses pistes de padel.
Un pas en avant pour la création de complexes exclusivement tournés vers le padel, souhaités par beaucoup, qui estiment faire face pour l’instant à une concurrence déloyale.
« Quand un club de tennis, souvent géré en délégation de service public, veut mettre une piste de padel à la place d’un court de tennis, il n’a à prendre en charge que le coût de la réalisation, souligne Florian Valsot, qui a récemment lancé V.Indomitus Padel, son propre club de padel entièrement couvert, à La Trinité, près de Nice et qui accueille les jeunes pousses de la Fédération Monégasque de Padel.
Des clubs privés 100% padel espérés
Les loyers sont très faibles, alors que pour les clubs privés, ils sont extrêmement élevés. C’est un frein à l’évolution du padel. » Tout comme le prix du foncier dans la région, qui s’ajoute à la rareté des terrains disponibles pour accueillir ce type de structures.
« Les clubs de tennis relèguent souvent les pistes de padel au fond, dans des endroits cachés, alors que les pistes de padel sont souvent pleines et les courts de tennis vides. Il y a encore beaucoup d’efforts à fournir pour que le padel soit reconnu à sa juste valeur, estime Cecilia D’Ambrosio.
Nous sommes encore en retard par rapport à l’Espagne mais aussi à l’Italie, qui depuis la crise de la Covid-19 a fourni de gros efforts. Aujourd’hui, Rome est la ville qui compte le plus de courts de padel en Europe. »
Un virage important à bien négocier, comme le préconise Florian Valsot, qui milite pour une indépendance du padel à l’égard du tennis.
« En Espagne, mais aussi ici à Monaco, il existe une fédération dédiée au padel. Les clubs de tennis surfent sur cet effet de mode, comme pour le tennis dans les années 1980, mais nous risquons à l’avenir de voir la discipline s’essouffler à son tour. Le padel doit avoir sa propre identité, comme pour le tennis de table ou le squash. C’est un sport à part entière. »
Un constat qui n’est pas forcément partagé par Guillaume Couillard, adepte des deux sports. « Pour moi, les deux disciplines sont très complémentaires et n’ont pas intérêt à être dissociées. Il est tout à fait possible de faire une partie de tennis et de padel dans la même journée. »
Cela tombe bien, il se murmure qu’au Monte-Carlo Country Club, les adhérents pourront bientôt profiter de pistes de padel au sein du club, exclusivement réservées aux adhérents. Une manière simple de pratiquer l’une, l’autre, ou les deux disciplines.