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Interview

« On doit apprendre à s’écouter pour comprendre qu’on dépend tous les uns des autres » : Morgane Ganault présente sa première BD au Salon du Livre

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Morgane Ganault présente sa BD "À ceux qui viennent" au Salon du livre de Monaco © Monaco Tribune

Au Salon du Livre de Monaco, qui se déroule ce week-end au Grimaldi Forum, Morgane Ganault présente son premier ouvrage À ceux qui viennent, une bande dessinée publiée aux Éditions Les enfants Rouges.

Cette illustratrice et autrice originaire de Breil-sur-Roya a vu son projet couronné par le prix de la Fondation Prince Albert II de Monaco dans le cadre de l’initiative « Hommes – Faune Sauvage ». Une reconnaissance qui a transformé un modeste fanzine destiné aux refuges de montagne en une véritable œuvre éditoriale.

Un projet soutenu par la Fondation Prince Albert II

« Une joie immense, une reconnaissance », confie Morgane Ganault en évoquant l’obtention du prix de la Fondation Prince Albert II en 2021. « Ça nous a permis d’avoir beaucoup plus de possibles, aussi bien en termes de scénario qu’en termes de diffusion et même d’ambition. »

Initialement conçu comme un petit fanzine au format A5 avec la médiatrice pastorale Marie Dugeay, co-scénariste du projet, l’ouvrage devait être distribué dans les refuges de montagne. Le soutien de la Fondation a permis d’élargir considérablement les horizons. « Nous avons bénéficié d’un véritable accompagnement et de soutien. La Fondation nous a même encouragés à aller plus loin, à ne pas faire de l’autoédition, mais à aller trouver une maison d’édition », explique l’autrice.

Cette impulsion décisive a mené à la rencontre avec les Éditions Les enfants Rouges, basées à Nice, qui soutiennent la bande dessinée engagée et promeuvent les jeunes auteurs. Le livre, sorti au début 2025, est le fruit d’un travail de terrain approfondi auprès des bergers, guides de montagne et gardiens de refuges, validé par des naturalistes et scientifiques. Passionnée par les expéditions en montagne et fascinée par le genre humain, Morgane Ganault puise son inspiration dans « ce temps de contemplation et d’humilité face aux vivants » et dans l’observation de la façon dont « les gens à l’échelle locale peuvent s’organiser » face aux défis.

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© Monaco Tribune

Une BD sur l’interdépendance entre humains et faune sauvage

« Nous voulions montrer comment, sur un petit espace, on a parfois des points de vue complètement antagonistes, mais qu’on dépend tous les uns des autres », résume Morgane Ganault. Sa bande dessinée explore les relations complexes entre le monde pastoral et la faune sauvage en montagne, loin de toute vision simpliste : « Comment l’interdépendance fait qu’on doit apprendre à s’écouter, on doit apprendre aussi à remettre en perspective les points de vue des uns et des autres pour comprendre à quel point on ne peut pas avoir une vision manichéenne : c’est-à-dire d’avoir les bons d’un côté, les mauvais de l’autre », développe-t-elle. L’objectif est de montrer que « si on arrive à composer tous ensemble, on peut essayer de préserver cette biodiversité. »

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© Monaco Tribune

Conçue pour tout public à partir de 7 ans, la bande dessinée adopte un format compact adapté aux sacs à dos afin de circuler de refuge en refuge, de librairie en librairie : « On a voulu faire un petit format pour qu’il tienne dans le sac à dos parce qu’il est vendu en refuge, on voulait que cette bande dessinée passe justement de main en main », souligne-t-elle.

Des projets futurs ancrés dans le territoire et la coopération

Native de la vallée de la Roya, Morgane Ganault poursuit son engagement territorial à travers plusieurs projets. Elle travaille actuellement sur une bande dessinée de vulgarisation avec l’INRAE sur le petit cycle de l’eau : « comment on partage cette ressource avec les différentes institutions humaines sur des territoires où l’eau est un problème. »

Un autre projet, soutenu par la Fondation Nina et Daniel Carasso, l’amène à porter un collectif d’artistes en collaboration avec des chercheurs et des hydrologues. Ils étudient les conséquences de la tempête Alex sur l’infiltration de l’eau et les glissements de terrain : « L’idée, c’est de réussir à créer un modèle de coopération entre des chercheurs et des non-chercheurs, notamment des artistes, pour pouvoir réussir à travailler ensemble et élaborer éventuellement une façon différente de partager des savoirs auprès du grand public. » Cette approche collaborative illustre sa philosophie : montrer « qu’un nouveau monde est possible » en préservant les savoirs populaires transmis oralement, essentiels pour comprendre « comment fonctionne l’eau et comment elle a été utilisée depuis des siècles dans cette vallée. »

Pour cette première participation au Salon International du Livre de Monaco, Morgane Ganault découvre avec plaisir un événement où « il y a de l’espace pour les auteurs ». L’autrice espère bien revenir l’année prochaine « si les autres livres et albums sont terminés ». Car les projets ne manquent pas dans sa tête, elle souhaite avant tout avoir « encore plus de temps pour pouvoir créer d’autres bandes dessinées. »

La bande dessinée À ceux qui viennent est disponible à la commande en ligne sur librairiedelapresse.com