Du Big data à l’IA : 25 ans d’évolution technologique à Monaco célébrés par l’ADIM

Un quart de siècle après sa création, l’Association des directeurs informatiques de Monaco (ADIM) dresse le bilan d’une transformation numérique accélérée.
De l’arrivée d’internet aux défis de l’intelligence artificielle, en un quart de siècle la Principauté s’est révélée un véritable laboratoire technologique. Au Monte-Carlo Bay Hotel, ce vendredi 20 juin, 150 professionnels du secteur ont participé à une soirée-bilan organisée par l’ADIM pour ses 25 ans et placée sous le patronage du Prince Albert II. L’événement, aux accents d’anniversaire et de congrès centré sur le passage de l’ère d’internet à celle de l’IA, a révélé la maturité surprenante de l’écosystème numérique monégasque.
Une concentration d’expertise sur deux kilomètres carrés
« Il est fascinant de constater que nous disposons, sur un territoire aussi restreint, de toutes les compétences nécessaires pour concevoir, déployer et maintenir des infrastructures technologiques complètes », se félicite Franck Chiniard, qui dirige l’association depuis 2021.
Cette densité technologique se vérifie particulièrement dans le domaine médical. Au Centre Hospitalier Princesse Grace (CHPG), l’innovation dépasse les simples équipements. Vincent Templier, directeur des systèmes d’information, décrit des applications concrètes : « Nous avons par exemple déployé des capteurs audio intelligents capables d’identifier des signaux de détresse très faibles. Quand un patient murmure ‘j’ai mal’, le système déclenche immédiatement une alerte. » L’établissement traite quotidiennement les données de 47 000 passages aux urgences annuels, soit environ 150 000 journées d’hospitalisation par an, nécessitant une infrastructure de 600 serveurs virtuels pour 400 applications métier.



L’énergie comme terrain d’expérimentation
La SMEG, cofondatrice de l’ADIM, utilise quant à elle l’intelligence artificielle depuis près de vingt ans. « Contrairement aux idées reçues, nous utilisons ces technologies pour la prévision énergétique depuis 2006. L’IA n’est pas une nouveauté, ses fondements remontent aux années 1950 », rappelle Pierfranck Pelacchi, directeur général adjoint.

L’entreprise a mis au point des algorithmes capables de décomposer la consommation électrique d’un bâtiment en identifiant chaque appareil par sa « signature » énergétique. « Cette approche permet des économies de 10 à 15% sans investissements lourds. Certains établissements comme l’hôtel qui nous accueille ont même atteint 30% de réduction », précise-t-il.
Cybersécurité : le revers de l’innovation
L’euphorie technologique n’occulte pour autant pas les risques croissants. « Les menaces cyber se multiplient exponentiellement. Des acteurs malveillants détournent désormais l’IA elle-même pour créer de nouveaux vecteurs d’attaque », alerte Franck Chiniard.
L’exemple de Microsoft Copilot, l’assistant IA intégré à la suite bureautique de l’éditeur américain, illustre cette vulnérabilité : « Des pirates ont réussi à injecter des commandes invisibles à l’œil humain mais lisibles par l’IA, permettant d’extraire des données pendant cinq mois avant détection. »

Au-delà des défis immédiats, l’association anticipe une révolution plus profonde. « L’informatique quantique représente notre prochaine préoccupation majeure. Elle pourrait rendre obsolètes tous nos systèmes de chiffrement actuels », projette le président de l’ADIM. Cette menace, initialement envisagée à horizon de dix ans, se rapproche dangereusement. « Les experts révisent constamment leurs prévisions à la baisse. Nous parlons maintenant de deux à trois ans. »
Monaco, pionnière de la souveraineté numérique
Face au risque de hameçonnage qui touche toujours plus de particuliers et de professionnels, le gouvernement a décidé de son côté de renforcer son action. Un futur portail public cybermalveillance.gouv.mc va voir le jour grâce à un groupement d’intérêt public comprenant notamment l’Agence monégasque de sécurité numérique (AMSN). Une initiative qui s’inscrit dans la démarche globale de sécurisation menée par l’AMSN depuis 2015.
Votée par le Conseil National le 18 juin, la proposition de loi visant à enrichir le dispositif d’identité numérique marque elle aussi une étape supplémentaire vers un meilleure sécurisation des données. « Il y aura un référentiel commun avec les autres pays. C’est une évolution obligatoire pour se sécuriser et faciliter le déploiement des services », assure Franck Chiniard. Forte de ses 88 entreprises-membres actuels, l’association ambitionne d’atteindre la centaine d’ici décembre, tout en lançant des groupes de travail spécialisés avec l’AMSN pour le déploiement de la future plateforme de cybersécurité du pays.