Publicité »
Interview

Monaco, micro-état à l’agriculture urbaine florissante

Terre de Monaco
Terre de Monaco

De prime abord, difficile de croire que Monaco, micro-état de deux kilomètres carrés avec une des plus fortes densités au monde (plus de 19 000 habitants au km² en 2018), puisse accueillir des exploitations agricoles. Mais c’est pourtant le cas grâce à une société : Terre de Monaco.

Pour cultiver en pays monégasque, il faut savoir prendre de la hauteur. Et c’est justement ce qu’a fait Jessica Sbaraglia, fondatrice de Terre de Monaco, en installant des exploitations maraîchères sur les toits des immeubles de la Principauté. Dans un pays aussi dense et urbanisé que Monaco, il faut savoir innover. L’entrepreneuse suisse semble avoir relevé le défi haut la main, puisque Terre de Monaco exploite aujourd’hui 1 600 m² de terres agricoles.

Publicité

Cela faisait 150 ans qu’il n’y avait pas eu d’agriculture à Monaco

Concept de permaculture

La société spécialisée dans l’agriculture urbaine a vu le jour en 2016. « Il y a six ans, j’ai fermé ma première société et je me suis remise en question. À quoi je sers, qu’est ce que je vais faire de ma vie, quelles valeurs laisser ? », explique Jessica Sbaraglia. Elle se rappelle alors du potager de ses parents, de ses fruits et ses légumes « avec beaucoup de goût, que je n’ai jamais pu retrouver ailleurs ». Elle commence alors à jardiner sur son balcon et prends conscience des effets « thérapeutiques, relaxants et valorisants » de son petit potager.

Mais voilà : très vite, Jessica Sbaraglia manque de place. Elle commence alors à « coloniser » les balcons de ses voisins, jusqu’à ce qu’émerge l’idée fondatrice de son projet : installer des exploitations sur les toits de la Principauté. « Cela faisait 150 ans qu’il n’y avait pas eu d’agriculture à Monaco, explique l’entrepreneuse, ils ne savaient pas trop où me mettre et rigolaient un peu de mes ambitions car ils pensaient que ça ne marcherait pas, qu’il n’y avait pas de place ».

Publicité »

Zéro carbone, zéro emballage et recyclage des déchets

Aujourd’hui, cinq emplacements sont exploités par Terre de Monaco. Le Monte-Carlo Bay possède un vaste potager de 400 m², véritable « extension » des cuisines du chef étoilé Marcel Ravin. La Tour Odéon, quant à elle, accueille une petite ferme avec 450 m² d’exploitation maraichères, 60 poules*, dix ruches et une trentaine d’arbres fruitiers. L’entreprise d’agriculture urbaine a également installé un potager au 14ème étage de la résidence Ruscino, un autre, thérapeutique, au Centre Hospitalier Princesse Grace et un dernier à la Fondation Prince Albert II de Monaco.

Les fruits et légumes (de saison) ainsi que les œufs et le miel sont vendus en circuit court aux personnes qui vivent ou travaillent sur les lieux d’exploitation. « Les produits que nous récoltons à la Tour Odéon, par exemple, sont vendus aux personnes qui y résident », explique Jessica Sbaraglia. En plus de ses activités maraichères, Terre de Monaco propose également ses services aux particuliers avec la création et l’entretien de potagers, ainsi que de nombreuses actions pédagogiques dans les écoles.

Je suis sûre que l’agriculture urbaine a un grand avenir

Publicité »

Exportation en France, en Belgique et en Suisse

Il y a deux ans, Terre de Monaco a ouvert son bureau d’études afin de s’exporter à l’étranger. Première destination prévue entre 2022 et 2023 : la capitale de la Côte d’Azur, avec la création de Terre de Nice. « Pas loin du stade de l’Allianz Riviera, tout une exploitation va sortir de terre avec sept nouveaux toits d’immeuble qui vont être reliés par des passerelles. On y retrouvera tout l’écosystème de Terre de Monaco, ainsi qu’un point bar et restaurant pour goûter nos produits », explique la fondatrice de l’entreprise. Un projet similaire est prévu en Belgique avec Terre de Tubize, où 8 000 m² vont être exploités, ainsi que dans les communes limitrophes de Monaco (comme Cap d’Ail) et en Suisse.

« Je suis sûre que l’agriculture urbaine a un grand avenir, il y a de plus en plus de nouvelles structures qui s’y mettent parce que c’est devenu une demande », relève Jessica Sbaraglia. Face à l’éveil de la conscience environnementale, d’autant plus fort depuis le début de la pandémie de coronavirus, ils seront peut-être plus d’un à vouloir, comme Jessica Sbaraglia, renouer avec un lien plus concret : celui de la Terre.

* Six tonnes de déchets végétaux (de leurs propres jardins et d’établissements à Monaco, comme le Café de Paris) sont recyclés chaque année grâce a ces poules.

Privacy Policy