Récit

Vitaly Malkin : le résident monégasque et oligarque russe poursuit Credit Suisse

credit suisse
Credit Suisse via Facebook

Un ancien conseiller bancaire du groupe aurait détourné plusieurs millions d’euros.

Les pertes s’élèveraient plusieurs centaines de millions. L’oligarque russe et résident monégasque Vitaly Malkin poursuit le groupe bancaire Credit Suisse pour des pertes financières pour le moins importantes : 500 millions de francs suisses, soit 491 millions d’euros. D’après le journal dominical Sonntagszeitung, le préjudice serait lié à un ancien conseiller de la banque : Patrice Lescaudron.

Publicité

D’après les médias locaux, ce conseiller travaillait à Genève et avait été licencié en 2015. L’agence de presse Reuters précise que Patrice Lescaudron a été poursuivi par la justice genevoise et condamné à cinq ans de prison en 2018, pour abus de confiance et fraude. Il a mis fin à ses jours deux ans plus tard. Selon le média suisse L’illustré, Patrice Lescaudron aurait investi la fortune de ses clients – dont Vitaly Malkin – dans des sociétés dont les actions se sont rapidement effondrées, jusqu’à atteindre un trou financier de près de 100 millions de dollars.

Le conseiller a finalement réussi à combler ces pertes grâce à un bon investissement dans des actions de la société russe Gazprom. Mais au lieu d’avertir ses clients et de rétrocéder la marge bénéficiaire qui a découlé de cette opération, Patrice Lescaudron aurait détourné entre 30 et 40 millions de francs pour son propre compte, dépensés en achats de propriétés, bijoux, montres et voitures de luxe.

LIRE AUSSI : Vitaly Malkin, libre penseur au grand cœur

Credit Suisse « rejette toutes les allégations »

Aujourd’hui, l’affaire est loin d’être terminée. Le résident monégasque a mandé le cabinet américain Quinn Emanuel pour poursuivre Credit Suisse en justice et exiger le remboursement de la somme. Mais le groupe bancaire a répondu à l’AFP qu’il « rejette toutes les allégations. » Credit Suisse précise également que Patrice Lescaudron a agi seul : « Toutes les enquêtes menées dans cette affaire depuis 2015 par la banque, la Finma [l’autorité de surveillance des marchés et du secteur bancaire suisse, ndlr] et les autorités pénales ont montré que l’ancien conseiller à la clientèle n’a pas été aidé par d’autres collaborateurs dans ses activités criminelles. »

La plainte de Vitaly Malkin n’est pas la première. Deux ans après le décès de Patrice Lescaudron, d’autres hommes d’affaires poursuivent Credit Suisse pour les mêmes motifs. Bidzina Ivanichvili, homme d’affaires, ancien partenaire commercial de Vitaly Malkin et ancien Premier ministre de Géorgie – dont la fortune avoisine les 5 milliards de dollars selon le magazine Forbes – viendrait, selon Le Figaro, d’obtenir gain de cause aux Bermudes contre Credit Suisse.

Là encore, Patrice Lescaudron est au cœur du litige : la Cour Suprême des Bermudes a estimé que Bidzina Ivanichvili a été victime « d’un manque à gagner de 553 millions de dollars dans des placements effectués via une filiale de Credit Suisse aux Bermudes », en raison de la mauvaise gestion de Patrice Lescaudron. Le groupe bancaire compte faire appel.

Pour Vitaly Malkin, « M. Lescaudron n’a pas agi seul »

Une défense qui n’a pas convaincu Vitaly Malkin. Son family office nous a transmis cette réponse : « M. Malkin faisait confiance à Credit Suisse pour protéger ses intérêts, en tant que client important. À son grand regret et à sa très grande surprise, ce n’est que rétrospectivement qu’il a découvert que les mécanismes internes de contrôle et de conformité de la banque avaient été complètement défaillants. Il s’agit d’un dysfonctionnement systémique au sein de la banque, et non pas des agissements d’un seul employé véreux. En conséquence des méfaits et des omissions de la banque, y compris des activités commerciales illicites effectuées via des comptes subsidiaires non-autorisés, M. Malkin et Top Matrix Holdings Ltd. ont subi des dommages se chiffrant à quelques centaines de millions.

Il est tout à fait manifeste que M. Lescaudron n’a pas agi seul. Ses supérieurs hiérarchiques étaient censés contrôler ses activités en temps réel et empêcher des actes répréhensibles. Un scandale financier de cette ampleur ne peut se produire que si l’ensemble du système le permet. Il est bien commode pour le Credit Suisse de faire reposer toute la responsabilité sur les seules épaules de Lescaudron, mais en réalité, ce sont ses supérieurs au sein de la banque, le service juridique de la banque, le service d’audit de la banque – et surtout, la banque elle-même – qui en sont responsables.

M. Malkin s’attendait à ce que la banque règle cette affaire à l’amiable mais, au vu de l’attitude du Credit Suisse, il est probable que cette affaire soit portée devant les tribunaux.

M. Malkin estime être dans ses droits et a l’intention d’utiliser tous les recours légaux possibles à l’encontre du Crédit Suisse. »

Contacté par nos soins, Credit Suisse reste fidèle à ses précédentes déclarations et affirme que Vitaly Malkin n’a pas souffert des agissements de Patrice Lescaudron : « Toutes les autorités pénales qui se sont penchées sur cette affaire ont reconnu Credit Suisse comme une victime. Les procédures pénales contre l’ancien conseiller à la clientèle ont établi que notre ancien client n’a souffert d’aucun préjudice lié aux activités criminelles de cet employé. Credit Suisse rejette toutes les allégations de ce client. »