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Portrait

« C’est un sport inclusif, porteur de valeurs et synonyme d’avenir » : Tom Chiappe, la rage de vaincre pour l’E1

Tom Chiappe lors des phases de qualifications d'E1 à Monaco © François Asal
Tom Chiappe lors des phases de qualifications d'E1 à Monaco © François Asal

À 26 ans, Tom Chiappe incarne une nouvelle génération de sportifs. Entre frustration après son accident à Monaco et engagement pour les valeurs du championnat de bateaux électriques, portrait d’un compétiteur investi dans ce sport.

Le choc des bateaux, carbone contre carbone, résonne encore dans sa mémoire. Ce vendredi 18 juillet, sur les eaux de Monaco, Tom Chiappe voit ses espoirs de victoire s’envoler en une fraction de seconde. « J’allais doubler mes deux concurrents directs lorsque le bateau de la Team Brazil est venu me heurter », raconte le pilote français, qui avait réalisé le meilleur temps aux essais, encore marqué par cette collision qui a mis fin prématurément aux qualifications de l’E1. « L’accident était brutal. J’ai eu des douleurs au dos, à la nuque… mais heureusement, tout a été bien géré par les équipes de sécurité, personne n’a été blessé. Un bateau qui fait l’équerre à 90 degrés, ça n’était encore jamais arrivé dans notre discipline. »

© François Asal
© François Asal

Au-delà du côté spectaculaire du crash, cet incident rappelle la nature profonde de ce sport, encore méconnu : derrière l’esthétique épurée des RaceBirds et leur fonctionnement silencieux, l’E1 reste une discipline de haute intensité où chaque geste compte. « C’est un sport qui est dangereux, on ne peut pas le nier. À pleine vitesse sur l’eau, les risques sont importants en cas de collision », reconnaît Tom Chiappe avec la lucidité d’un pilote aguerri. « Nous sommes bien formés à La Belle Classe Academy, en partenariat avec le Yacht Club, où on nous prépare aux situations d’urgence. La sécurité est prise très au sérieux ».

Le 18 juillet, lors des qualifications, le bateau de la Rafa Team, piloté par Tom Chiappe, a subi une collision avec celui de la Team Brazil © photo Luis Angel Gomez / SCAEvents
Le 18 juillet, lors des qualifications, le bateau de la Rafa Team, piloté par Tom Chiappe, a subi une collision avec celui de la Team Brazil © Luis Angel Gomez / SCAEvents

L’héritage du sport automobile

Cette conscience du risque, Tom Chiappe l’a acquise au cours d’un parcours marqué par l’adrénaline. Avant de défendre les couleurs de la Team Rafa en E1, le jeune homme a d’abord construit sa réputation sur la terre ferme. « J’ai commencé le karting à l’âge de 5 ans », se souvient-il. Deux titres de champion du monde de karting et un sacre en F4 bateau thermique plus tard, il aborde l’E1 avec une expérience et une certaine assurance. « Il y a des similitudes entre ces sports avec les sensations, la gestion de la pression, la préparation physique ».

Cette polyvalence lui permet aujourd’hui de tenir un rythme effréné qui exige une préparation physique exemplaire : « Il fait très chaud, à l’intérieur des bateaux la température peut monter jusqu’à 74 degrés. Il faut être affuté physiquement parce qu’ils sont également durs à piloter. » Des conditions qui ne sont pas sans rappeler celle des pilotes de F1, que l’on connaît bien à Monaco.

L’effet Nadal

Mais au-delà de la performance pure, ce qui séduit Tom Chiappe dans l’E1, c’est l’environnement créé autour de son équipe. Porter les couleurs de Rafaël Nadal représente bien plus qu’un simple partenariat. « C’est une grande fierté puisque Rafaël Nadal, au-delà d’être un immense champion, est une personne extraordinaire, généreux et profondément humain : totalement fidèle à l’image qu’on s’en fait devant les caméras. C’est une grande source d’inspiration », confie-t-il.

Cette relation va bien au-delà du simple sponsoring. Lorsque l’accident survient à Monaco, c’est un Nadal inquiet qui quitte précipitamment les tribunes pour rejoindre son pilote. « Il était en train de regarder la course quand j’ai eu mon accident. Il a demandé à venir au plus vite pour prendre directement de mes nouvelles », raconte Tom, visiblement touché par cette attention.

L’équipe au cœur du projet

Cette dimension humaine se retrouve également dans sa collaboration avec sa coéquipière Cris Lazarraga. « On forme un vrai binôme. On partage tout, même des vacances. Cette complicité rejaillit sur la piste puisqu’on travaille dans la même direction, en toute transparence », explique le pilote d’origine normande. Une complicité qui transcende les différences de genre, pilier fondamental de l’E1 : « Il y a une dimension très individuelle dans les sports mécaniques. Ici, la mixité et l’esprit d’équipe priment. Femmes et hommes sont à égalité lorsqu’ils se retrouvent sur la ligne de départ. »

Cette philosophie collective s’inscrit parfaitement dans les valeurs que défend le championnat. « On court pour des valeurs écologiques et responsables avec des innovations propres, c’est ce qui m’anime », souligne Tom Chiappe. « C’est une discipline moderne et responsable. Les moteurs sont 100 % électriques, avec un minimum de pollution sonore, ce qui est aligné avec les objectifs de protection des fonds marins. Ça a beaucoup de sens en tant que pilote ».

La course au titre

Malgré la frustration monégasque, les ambitions restent intactes. Deuxième au championnat à seulement un point de la Team Brady, Tom Chiappe et son équipe abordent les deux dernières courses à Lagos et Miami avec une détermination décuplée. « Tout est jouable. Même la troisième équipe derrière n’est pas très loin. Personne ne sait dire qui va être champion du monde à la fin de l’année », analyse-t-il.

© François Asal

Cette incertitude ne fait qu’alimenter sa soif de victoire. « Je ne suis pas bon perdant », lâche-t-il avec un sourire en coin. « Ce que j’aimerais que les jeunes retiennent, c’est que tout est possible. L’E1 est un sport inclusif, porteur de valeurs positives et synonyme d’avenir. Il faut croire en ses rêves, et surtout, beaucoup travailler ».

Une mentalité qui résume parfaitement l’état d’esprit de cette nouvelle génération de pilotes, ambassadrice malgré elle de valeurs humaines et environnementales, et prête à porter l’E1 vers de nouveaux sommets.