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Interview

« J’ai l’AS Monaco dans le cœur » : Sandra Petit, secrétaire générale du Club des Supporters de Monaco

Sandra Petit, au centre sur la photo, remet les trophées décernés par le Club des Supporters à Maghnes Akliouche et Mika Biereth © AS Monaco
Sandra Petit, au centre sur la photo, remet les trophées décernés par le Club des Supporters à Maghnes Akliouche et Mika Biereth © AS Monaco

Monaco Tribune donne la parole aux fidèles supporters de l’ASM, à travers la série « J’ai l’AS Monaco dans le cœur ». Cette fois, notre rendez-vous a été pris avec Sandra Petit, secrétaire générale du Club des Supporters de Monaco.

Fille de Jean Petit – légende de l’ASM avec laquelle il a notamment remporté deux titres de champion de France (1977-1978 ; 1981-1982) et une Coupe de France (1979-1980) – Sandra Petit œuvre aujourd’hui avec l’envie de « retransmettre tout l’amour » que son père a eu pour le club.

On imagine que votre père a eu un rôle majeur dans la naissance de votre amour pour l’AS Monaco ?

En effet, c’est familial. On va dire que je n’ai pas eu le choix (rires). Je suis née là-dedans, mon père n’a jamais changé de club, il n’en a eu qu’un seul dans sa vie et dans son cœur : l’AS Monaco. Avec mes deux frères, on y a baigné toute notre vie, on a suivi notre père. On s’est pris de passion pour les couleurs qu’il a défendues, et aujourd’hui on perpétue un peu l’héritage qu’il nous a laissé […] J’ai grandi à Monaco, j’ai fait ma vie ici, et je ne me vois pas aller ailleurs.

Quel est votre premier souvenir lié à l’AS Monaco ?

Quand j’étais enfant, on allait voir mon père jouer à l’ancien Stade Louis-II, il y avait une vraie proximité. À cette époque, les entraînements se déroulaient sur ce terrain à Èze. Il nous emmenait en voiture, on montait et on allait jouer de notre côté, avec les joueurs qui s’entraînaient pas loin. Ce sont des souvenirs assez forts.

Sandra Petit et son papa, Jean Petit © Sandra Petit

Vous êtes la secrétaire générale du Club des Supporters de Monaco, en quoi est-ce que cela consiste ?

Au sein du CSM, nous sommes tous bénévoles, il n’y aucun salarié. Pour ma part, j’ai de nombreuses missions. Je m’occupe des adhésions, du courrier, de l’administration des antennes aussi. On en a officiellement 18 dans le monde, dont une à New-York et une qui va se créer à Rome. Je gère aussi les mails, les places à domicile, et fais le lien avec le référent supporters du club (SLO) pour organiser les déplacements et les matchs à l’extérieur. L’année dernière on avait 1632 cartés, ce qui représente beaucoup de travail.

Qu’est-ce qui vous a poussée à rejoindre cette aventure ?

Au départ, c’est Emmanuel Brusa, un ami qui fait partie du club des supporters, qui m’avait demandé si ça pouvait m’intéresser de rejoindre le Bureau pour m’occuper du secrétariat. J’en ai parlé avec M. Norbert Siri, et depuis, j’ai attrapé le virus et je n’ai plus bougé.

Plus largement, quelle est aujourd’hui la mission du CSM et son rôle auprès des supporters et du club ? 

Faciliter la vie des supporters, pour qu’ils soient par exemple sûrs d’avoir une place à l’extérieur. On sait qu’il y a des stades comme ceux de Lens, Paris, Marseille, Nice, où les tribunes affichent rapidement complet. Quoi qu’il arrive, les supporters cartés auront leur place puisqu’ils ont accès à une prévente. L’objectif est ensuite d’être un relais entre eux et l’AS Monaco. Si les 1632 supporters cartés envoient des mails au club, ça devient compliqué.

© Club des Supporters de Monaco

Quel est votre plus beau souvenir vécu en tant que supportrice de l’ASM ? Et votre déplacement le plus marquant ?

Ce n’est pas facile de choisir il y en a tellement (rires). L’an passé, on a quand même fait une super saison en finissant deuxième, en jouant la Ligue des champions à côté. Même si on se dit parfois qu’on aurait pu aller plus loin et qu’on traverse des moments plus compliqués, on vit tellement de belles choses. Je choisirais peut-être notre dernier titre de champion de France (en 2016-2017). Nous avions une belle équipe et ça a été un immense moment de fête.

Les déplacements qui me marquent le plus, ce sont les plus près pour nous à Nice et Marseille. Il y a toujours de l’enjeu, parce qu’il faut absolument gagner, et ce sont des moments un peu atypiques avec beaucoup d’adrénaline. Dernièrement, je dirais Bologne et Milan (ndlr : lors de la campagne 2024-2025 de LDC). Milan a été incroyable, et ce stade (ndlr : le Giuseppe Meazza), il faut le voir. On avait quatre bus pour le CSM au départ de Monaco.

On a eu aussi l’année du déplacement à Dortmund. C’est un souvenir qui n’est pas très joyeux (ndlr : le 11 avril 2017, un attentat cible le bus des joueurs du Borussia Dortmund. Un policier et un joueur du BVB sont blessés, le match est reporté au lendemain). Ça a été compliqué et bizarre sur le plan émotionnel. Certains voulaient rester, d’autres préféraient repartir. Je n’avais jamais vécu un truc pareil.

Quel est votre joueur préféré de tous les temps ? Pourquoi ? 

J’ai beaucoup de joueurs préférés dans les anciens parce que j’ai des relations particulières avec eux. Je vais vous dire mon papa, forcément. Jean-Luc Ettori, Alfred Vitalis, Delio Onnis. Des hommes qui m’ont marqué parce que j’ai grandi avec eux et que je suis un peu comme leur fille. À l’heure actuelle, je découvre Paul Pogba. J’avais quelques appréhensions et au final, c’est un type qui a l’air chouette.

De gauche à droite sur la photo : Delio Onnis, Alfred Vitalis et Jean Petit © Sandra Petit

Malgré les histoires qu’il y a pu avoir, j’ai beaucoup aimé Wissam Ben Yedder. Ça reste quelqu’un d’important dans mon cœur, il a toujours été très respectueux et sympathique avec le Club de Supporters et moi-même.

Et dans l’effectif actuel, quel joueur retient particulièrement votre attention ? 

Notre capitaine, Denis Zakaria. On s’est battu avec notre communiqué, parce qu’on ne veut pas qu’il parte. C’est un bon joueur qui fait beaucoup de bien à l’équipe, au vestiaire. Il a vraiment sa place chez nous et on est très content de l’avoir.

Parmi les recrues estivales, laquelle vous enthousiasme le plus ? 

Je ressortirais peut-être plus Paul Pogba, de par son expérience et ce qu’il est. Mais Eric Dier, Ansu Fati et Lucas Hradecky méritent aussi qu’on les cite. On est très content de ces arrivées, et on verra ce qu’il se passera lors des derniers jours du mois d’août.

Qu’attendez-vous de cette saison ? Quels objectifs espérez-vous voir atteints par le club ? 

Un podium en championnat, il n’y a pas de raison pour qu’on n’y arrive pas. Pourquoi pas une coupe de France aussi ? Ça fait longtemps et ça ferait du bien. Pour ce qui est de la Ligue des champions, c’est toujours compliqué, mais aller le plus loin possible. Au-delà de ce que l’on a déjà fait l’année dernière (ndlr : l’ASM avait été éliminée en 16e de finale par le Benfica Lisbonne).

Quel est votre rêve ultime en tant que supportrice de l’ASM ? 

Pourquoi pas remporter la Ligue des champions ! Je suis quelqu’un de très optimiste qui croit en beaucoup de choses (rires). 

Le football a beaucoup évolué ces dernières années : comment voyez-vous la place des supporters dans ce ballon rond moderne ? 

C’est compliqué. Même si on espère avoir du poids, c’est difficile lorsqu’il y a de l’argent en jeu, il ne faut pas se leurrer non plus. Je pense qu’on est plus là pour aider les joueurs à se transcender. Il faut les encourager, aller les voir, chanter, être vraiment derrière eux. Notre place est plutôt à ce niveau-là selon moi. Les joueurs vont et viennent, les propriétaires aussi. Mais le supporter est toujours là.

Le CSM a un rôle de lien entre le club et ses fans : quels sont aujourd’hui les défis majeurs pour maintenir et développer cette passion en Principauté et au-delà ? 

À Monaco, on est bien loti. Le club s’occupe bien de ses supporters, il est très à l’écoute de ce qu’on peut lui demander et nous implique beaucoup. Nous avons des réunions régulières afin de discuter lorsqu’il y a une évolution, pour la campagne d’abonnement ou les travaux par exemple.

Le CSM dispose de plusieurs antennes à travers la France et le monde, dont celle des Allobroges © Club des Supporters de Monaco

Le club attire un public international, mais il garde une identité locale forte : comment concilier ces deux réalités ? 

On a beaucoup de gens qui prennent une carte et qui s’abonnent, parce que c’est important pour eux. Nous avons ce qu’on appelle des matchs d’antenne. On a tendance à dire que ce sont ceux qui se déroulent à l’extérieur, mais on propose aussi des choses à ceux qui sont sur Monaco. Tous les supporters ont leur importance, qu’ils soient ici ou très loin. Nous rencontrerons plus facilement les locaux, mais pour le Bureau, tout le monde est important.

Si vous deviez décrire l’AS Monaco en trois mots, lesquels choisiriez-vous ? 

Je dirais performant, à l’écoute et efficace.

Quelle transmission aimeriez-vous assurer aux plus jeunes générations de supporters monégasques ? 

On a la chance d’avoir les grands-parents et les parents. Même s’il y a du foot business, on reste quand même très familial au niveau des supporters. Je le vois : quand des personnes viennent prendre les cartes, ils me disent « Il y a ma petite-fille qui est née ! » ou « Il y a mon petit-fils qui est né !« , donc ils leur prennent une carte aussi et les amènent au fur et à mesure aux matchs. Le premier achat, c’est le petit maillot, l’assiette ou le petit ballon. Je ne me fais vraiment pas de souci au sujet de la transmission aux nouvelles générations. Les enfants baignent là-dedans, aiment le Rouge et Blanc et l’équipe de foot.